Toute création est-elle accompagnée de destruction dans La peau de chagrin ?

Sujet de dissertation:Toute création est-elle accompagnée de destruction dans La pdc?

 Le réalisme est un mouvement littéraire du XIXème siècle qui cherche à représenter

la réalité telle qu’elle est, sans idéalisation ni embellissement excessif.Les écrivains réalistes tels que Flaubert, Zola, Stendhal et Balzac, se concentrent sur une observation minutieuse de la société, des comportements humains et des conditions sociales. Ils s’efforcent de capturer la vérité de la vie quotidienne et d’explorer les aspects parfois sombres de l’existence. 

Le réalisme et la “Comédie Humaine” de Balzac sont liés. “La comédie humaine” est souvent considérée comme une œuvre majeure du réalisme littéraire. Balzac, en créant une galerie de personnages variés et en explorant les différentes couches de la société, s'efforce de représenter la réalité avec une grande précision. Ainsi,”la comédie humaine” est emblématique du réalisme en offrant une vision détaillée et nuancée de la société de son temps.

 “La comédie humaine” partage avec la peau de chagrin de Balzac certaines préoccupations et thématiques récurrentes. Cette œuvre dès sa publication en 1881 a connu un grand succès. Bien que son genre soit fantastique, on y retrouve des éléments liés à la condition humaine et aux dilemmes sociaux, en effet dans cette œuvre le surnaturel interfère avec le réel. C'est en même temps, un roman réaliste, qui offre une peinture très précise de la société française de 1830 et qui a pour but d'examiner les causes des ravages de la société.

Dans ce contexte, la création fait référence à l'acte de donner naissance à quelque chose de nouveau, tandis que la destruction représente la fin de quelque chose existante déjà. Alors peut-on dire que toute création engendre une destruction ?

Dans un premier temps, nous allons étudier la création comme source de destruction, dans un second temps, nous allons étudier la destruction comme moteur de création.

Tout d’abord,dans la peau de chagrin, la création est vue comme source de destruction.

Au moment où Raphaël entre dans le magasin de curiosité, il était désespéré, prêt au 

suicide. Dès lors, la description de ce magasin d'antiquité est une transition vers un monde fantastique et nous fait médier sur les ruines des civilisations de l'Orient et d'Occident, “L'inconnu compara [...] ces trois salles gorgées de civilisation, de cultes, [...]  de chefs-d’œuvre [...]  à un miroir dont [chaque facette ] représentait un monde".

Raphaël apparaît fragilisé et influençable. Encombré d’objets associés au pouvoir, aux plaisirs des temps passés, à la vie éternelle, le magasin d'antiquités suscite en lui une énergie nouvelle et dangereuse, cela provoque en lui «une fièvre due à la faim qui rugissait dans ses entrailles». C'est là que l'antiquaire dont la description rappelle les figures dominatrices du vampire et du diable fait son entrée . Ici, le Pere Eternel s'oppose à Méphistophélès, le diable du Faust de Goethe, “il fait de cette figure une belle image du Père Éternel ou le masque ricaneur du Méphistophélès”.L'antiquaire est donc comparé à la fois à un sage et à un diable.

La peau de chagrin est donc représentée dans une atmosphère fantastique et mystérieuse.

Celle peau de bête mystérieuse réalise tous les souhaits de son propriétaire: "Si tu me possèdes, tu posséderas tout”. Mais à chaque vœux réalisé, la peau rétrécit et avec elle, la vie de son propriétaire: "A chaque vouloir je décroiterai comme tes jours".L'antiquaire informe Raphaël que le possesseur de cet objet étrange sera “plus riche, plus puissant et plus considéré que ne peut l'être un roi constitutionnel ".L'énumération et l'hyperbole affirment la toute puissance de la peau de chagrin.Raphaël a accepté le talisman comme le lui affirme le vieillard: «Vous avez signé le pacte, tout est dit.Maintenant vos volontés seront scrupuleusement satisfaites, mais aux dépens de vote vie ». Par la suite,il est pris dans une spirale inéluctable où il dilapide, sans s’en rendre compte, une réserve limitée d'énergie: à mesure que la peau rétrécit, il est précipité vers un dénouement fatal, contre lequel ni sa volonté, ni la science ne peuvent rien. Obnubilé par ce talisman dont il ne mesure que trop tard le danger,Raphaël détermine sa vie et ses désirs en fonction de cette peau: “La peau de chagrin était comme un tigre avec lequel il lui fallait vivre sans en réveiller la férocité”.

Mais avant de comprendre cela ,il vit sa vie à fond et se lance dans une quête de pouvoir et de réussite social.

C’est ainsi que avide de gloire, brûlant d'amour, Raphaël a “la prétention d'escalader le ciel

sans échelle” et se sent "né pour aimer". A vingt ans, il fréquente le grand monde et tombe facilement amoureux de "la plus belle femme de Paris, la plus gracieuse” mais il se montre incapable de séduire cette “Femme sans coeur”. De là, son ambition grandit:"Je voulus me venger de la société,je voulus posséder l’âme de toutes les femmes.» Il est sorti de chez Feodora «formant mille projets de vengeance combinant d’épouvantables viols ».

D’autant plus que ces expériences développent en lui un sentiment d'échec: “J’étais la proie d’une excessive ambition, je me croyais destiné à de grandes choses et je me sentais dans le néant", et une soif de revanche sur le destin,qui excitait son ambition. Comme il le dit lui-même "Je m'instituai grand homme”.

La peau de chagrin, qui rétrécit à chaque désir formulé par Raphaël, symbolise la contradiction entre les aspirations de la jeunesse et les perspectives que lui offre la société de la Restauration et de la monarchie de Juillet. A l'énergie créatrice de Raphael, la société oppose des obstacles infranchissables.

La jeunesse privée des moyens de réaliser ses ambitions est ainsi condamnée à réussir de façon immorale: ce sera le cas de Rastignac qui entraînera Raphaël avec lui à adopter les mœurs de cette société. On trouve le sentiment d'exclusion, d'inadéquation avec une société matérialiste, chez les 2 personnages masculins Raphaël et Rastignac. Le premier essaie d'échapper à cette impasse en produisant une œuvre mais, face à une société qui méprise les artistes et les penseurs, il finit par sombrer comme le second qui, en se faisant passer pour son ami,  l'entraîne dans une vie de plaisirs superficiels et de passions destructrices.

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