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Prologue de Gargantua de Rabelais

Commentaire de texte : Prologue de Gargantua de Rabelais. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  21 Mars 2024  •  Commentaire de texte  •  2 197 Mots (9 Pages)  •  115 Vues

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RABELAIS -1483-1553

Prologue Gargantua

Le prologue de Gargantua, ouvrage écrit en 1534, est destiné, comme tout prologue, à inciter à la lecture. Mais il va plus loin : il donne les clés de lecture de l'œuvre et pose les bases de l'humanisme tant sur le plan philosophique que littéraire.

  1. Un prologue comique
  1. Un prologue burlesque

A1-1er mouvement : le narrateur (Alcofribas Nasier) interpelle le lecteur

  • Le texte s'ouvre sur une surprenante apostrophe aux lecteurs. Celle-ci a pour but de créer un contact avec le lecteur. Les antithèses « buveurs très illustres » et « vérolés très précieux » créent un contraste qui amuse le lecteur qui a ainsi envie de poursuivre sa lecture. Ainsi, Rabelais place son œuvre sous le signe du rire « parce que le rire est le propre de l’homme ». Le champ lexical du rire souligne le programme de l’œuvre : « joyeuses », le rire » » « à rire » « ridicule » « toujours riant » « se réjouissant »,«joyeux », « fantaisies pour rire » « toujours riant » «  se moquant ».il s’agit bien de provoquer le rire du lecteur.
  • On remarque la figure de répétition : « pour inciter le monde à rire. »
  • Le prologue relève même du burlesque. Le propre du burlesque sert pour rabaisser ce qui est noble ou respectable. La description de Socrate est tout aussi burlesque. Ce grand philosophe est animalisé : « nez pointu » « regard de taureau ». Les références qui lui sont associées sont marquées par la négation (« n’en auriez donné une pelure d’oignon », « infortuné » « inapte ») tout à fait discordante avec le personnage de Socrate reconnu comme un modèle de sagesse et de vertu.
  • Puis, le narrateur fait des références à la culture antique : Socrate et Platon ainsi que l'œuvre « Le Banquet ». C'est une évocation érudite, digne d'un humaniste, qui contraste avec le rire des propos précédents.
  • En outre, dans le prologue, l’auteur cherche à captiver son lecteur, à susciter sa bienveillance. Or ici, les lecteurs sont désignés comme « buveurs » et « vérolés » mettant l'accent sur l'opposition entre leur apparence et leur contenu.
  • Rabelais dévoile une esthétique dionysiaque, celle de la démesure, de l’ivresse, et de l’enthousiasme. L’apostrophe aux lecteurs « buveurs très illustres » place d’emblée le lecteur dans cet univers dionysiaque. Rabelais invite à lire son œuvre comme on boirait du vin.
  • Il fait aussi référence dans son texte à Silène qui est dans la mythologie grecque, le père adoptif du dieu Dionysos, dieu de l’ivresse ;
  • Ce thème de l’ivresse transparait au travers de nombreuses énumérations :« comme les harpies, les satyres …cerfs harnachés » « pour inciter le monde à rire. » Cette énumération est longue et semble ne jamais finir comme si l’auteur était emporté par l’ivresse littéraire.

A 2 -2ème mouvement : l'aspect extérieur risible de Socrate

Le narrateur décrit Socrate, qu'il a évoqué précédemment comme le « prince des philosophes » de manière surprenante. Il fait le parallèle entre Socrate et les silènes et souligne sa laideur physique.

Dans ce passage de Rabelais, l'auteur utilise une comparaison entre Socrate et les Silènes pour décrire le philosophe grec.

Rabelais compare Socrate aux Silènes, ces petites boîtes décoratives de l'Antiquité, peintes avec des figures joyeuses et frivoles à l'extérieur, mais contenant des substances précieuses à l'intérieur. Cette comparaison sert à souligner la dissonance entre l'apparence extérieure de Socrate et sa richesse intérieure en termes de sagesse et de connaissances philosophiques.

La description des Silènes : Ces descriptions créent une image vivante et fantaisiste, soulignant la diversité des éléments contenus dans la boîte, à la fois ludiques et précieux.

L'auteur transpose ensuite ces caractéristiques des Silènes à Socrate, déclarant que, de la même manière, Socrate est extérieurement dépourvu d'attrait physique. La description de Socrate comme laid de corps, ridicule d'allure avec un nez pointu et un visage d'un fou, contraste avec la perception traditionnelle de la beauté ou de la prestance.

Contraste entre l'apparence extérieure et la richesse intérieure : cette comparaison entre Socrate et les Silènes souligne le contraste entre l'apparence extérieure de Socrate, apparemment dénuée de valeur, et sa richesse intérieure, symbolisée par sa sagesse et son savoir divin. Cette dissonance entre l'apparence et la substance renforce l'idée que la véritable valeur réside dans la connaissance plutôt que dans l'aspect physique.

Le narrateur fait un véritable éloge du philosophe de l'Antiquité en employant, notamment, de très nombreuses métaphores. Bien qu'il soit laid et repoussant et un peu rustre, son esprit est beau, fin et aiguisé. Il montre ensuite combien Socrate est supérieur aux autres hommes.

Rabelais décrit Socrate comme simple de mœurs, rustique en vêtements, pauvre sans fortune, malheureux en amour, inapte à tout office de la république, toujours riant, toujours buvant, toujours se moquant et toujours dissimulant son divin savoir. Ces traits de caractère illustrent la singularité de Socrate, qui, malgré sa vie simple et décalée, cache une profonde sagesse et compréhension : « un entendement plus qu’humain, une vertu merveilleuse, un courage invincible »

Cette description de Socrate doit être lue à deux niveaux : La double lecture de gargantua qui montre que derrière ce comique et burlesque se cache le tragique ou le sérieux. C’est un prologue à visée philosophique.

A 3 -3ème mouvement : le narrateur explique ce que sont les silènes. Avec un ton très didactique et pédagogique, le narrateur définit ce que sont les silènes en les comparant avec ce que le lecteur connaît. Il en fait ensuite une description précise et contrastée.

Ces représentations visuelles étaient destinées à divertir et à stimuler l'humour du public.

En décrivant Silène comme le maître du bon Bacchus, Rabelais fait référence à la mythologie grecque, où Silène était souvent représenté comme un compagnon et précepteur du dieu du vin, Bacchus. Cette association suggère que les Silènes étaient utilisés pour contenir des substances liées à la fête, à la joie et peut-être même à l'ivresse.

Cependant, l'auteur souligne également l'aspect fonctionnel de ces boîtes en indiquant qu'à l'intérieur, on conservait des substances précieuses telles que le baume, l'ambre gris, l'amome, le musc, la civette, les pierreries, et d'autres drogues fines. Ainsi, derrière l'apparence ludique, les Silènes étaient des contenants utiles et précieux.

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