Premier portrait de Raphaël, La Peau de chagrin de Balzac
Commentaire de texte : Premier portrait de Raphaël, La Peau de chagrin de Balzac. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Loutre_lunette • 27 Juin 2023 • Commentaire de texte • 1 872 Mots (8 Pages) • 816 Vues
Etude linéaire 15 : 1er portrait de Raphaël, La Peau de chagrin de Balzac
Il s’agit d’un extrait représentatif de la narration type balzacienne, flux qui rend la lecture difficile. Ici, il s’agit du début d’un paragraphe. Mais la fin de l’extrait n’est pas la fin du paragraphe. On est dans l’incipit : une des fonctions de l’incipit d’un roman est d’en présenter le ou les personnages principaux. Ce portrait est une description ordonnée. En général, le portrait d’un individu va se concentrer sur quelques points précis qui sont le regard, les yeux, la bouche et les mains. Ce sont les éléments qui expriment le mieux une personnalité.
Le portrait n’est pas encore nommé. L’auteur entretient une espèce de mystère, il suscite une interrogation du lecteur. Il s’agit d’un incipit in medias res (au milieu des choses, dans le vif de l’action).
Avant, Balzac parle des maisons de jeux. Le propos du narrateur se concentre sur l’univers du jeu, une microsociété dans la société. Se révèle un goût pour l'analyse, la description sociale qui relève de l’esthétique réaliste : il rend compte d’un univers d’une réalité assez sordide. Révèle un univers à la marge de la société. On est dans les limbes de la société, pas tout à fait dans la légalité et pas tout à faire dans l’illégalité.
Ce jeune homme manifeste une certaine détermination dans son vœu de jouer. Les regards de la société de la maison de jeu se portent sur Raphaël et servent d’intermédiaire à nous lecteurs. Balzac se sert du point de vue des personnages secondaires pour décrire l’apparence physique, sentimentale, morale et psychologique de Raphaël.
Ce qui intéresse le narrateur dans l’extrait, c’est le regard des autres sur Raphaël : il se monte sous une certaine forme d'omniscience. Le point de vue externe a quelques subtilités comme si le narrateur omniscient se trahissait par certaines remarques. Dans cet extrait, le narrateur fait pour la première fois un portrait du personnage en adoptant sur le lui le regard des autres personnages : il adopte donc un regard externe. Néanmoins, ce narrateur indique indirectement une certaine forme d’omniscience puisqu’il transmet ce que pense les spectateurs et dit ce qu’il sait de Raphaël.
En tant que lecteur, on prend plaisir à ce biais de narrateur, celui du spectateur qui ne le connait pas. Il offre aux lecteurs la perception que ces spectateurs ont de Raphaël. Le choix de ce point de vue narratif ménage certaines perceptions chez le lecteur. Au fond, c’est un choix qui permet de faire un portrait au vif, saisi dans l’instant.
La première phrase est écrite au point de vue externe des spectateurs. Il s’agit d’une amorce sur le point de vue complexe.
“Au premier coup” : expression qui ouvre la phrase et place le portrait qui arrive dans une forme d’immédiateté, d’instantanéité, de verticalité. Portrait dans l’immédiateté de la scène, du face à face entre un individu seul face à la collectivité.
Groupe nominal “les joueurs” : Balzac présente le personnage de Raphaël à travers le regard de cette société, socialement indistincte, trouble et moralement troublée.
Mais quelle est la nature morale de cet être ? Est-il implicitement tombé dans le vice ou reste-t-il dans l’innocence ?
“novice” est un terme du champ lexical de la religion. Il est représenté comme un novice qui s’apprête à entrer dans une religion, mais une religion satanique. Ce terme à connotation de pureté
-> exprime cette pureté paradoxale chez un homme entrant dans un endroit vicieux. Cela l’exclue du commun des joueurs.
Le nom de “mystère” peut également révéler le champ lexical de la religion. Le lecteur averti est censé percevoir que le narrateur place dans l’esprit des joueurs une institution pour créer une forme d’intrigue.
“quelque horrible mystère” annonce également le résultat de la fin.
Le point d’exclamation traduit une forme d’indignation des joueurs or l’expression n’est pas exclamative : on sent qu’ici l’auteur fait pratiquement entendre la voix intérieure des joueurs. Il s’agit d’une façon de dire qu'effectivement, Raphaël a vécu "des efforts trahis, des espérances trompées". La société intérieure, les joueurs sont présentés comme des puissances quasi-divines, presque infernales. Car en effet, la scène sur laquelle Raphaël est présentée est une scène quasi-infernale, où le protagoniste est présenté comme observé par des presciences qui cherchent à savoir ce qui les a emmenés là et l’écarter de son destin tragique.
Le texte est assez fluctuant et est mis en rupture avec la conjonction de coordination “mais”. Le socle de son discours est à l’indirect libre. Opposition entre l’individu seul contre le groupe.
Le visage est décrit en première phrase mais ce n’est pas un portrait détaillé. Les spécificités du visage ne sont pas exprimées. Les spectateurs perçoivent quelque chose de moral, un parcours intérieur, relevant davantage de la narration et moins du réalisme.
Mouvement du haut vers le bas puis rassemblement en généralité
-> esquisse, détails, mais qui ne sont pas très décrits, caractérisés
=> donne une idée d’un univers intérieur qui correspond davantage à un type plutôt qu'à un caractère : un jeune homme qui semble avoir vécu une expérience de vie alors qu’il est jeune. Trait psychique, fait de dessiner un état d’âme d'ordre psychologique et moral.
Il n’utilise pas d’adjectifs possessifs, mettant l’individu à distance. Le groupe nominal “une résignation qui faisait mal à voir” est du registre pathétique.
Génie : don exceptionnel. Se révèle dans cette première apparition de Raphaël quelque chose de l'énergie fondamentale qui caractérise le personnage -> il a encore, mais dans un état très abimé quelque chose de vivant. Cette énergie qui l’avait abimé persistait malgré tout comme les braises d’un feu.
Aucune expression n’est formulée avec le personnage comme sujet -> il est donné à voir par le narrateur comme une allégorie du génie abimé et corrompu avant son éclosion.
Le verbe “scintillait” s’oppose au participe passé “voilés,
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