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Poétique de la poésie

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Par   •  12 Mai 2023  •  Cours  •  4 915 Mots (20 Pages)  •  166 Vues

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Poétique de la poésie

Le fait poétique

Rappel : le genre induit des questions, c’est-à-dire que les questions que l’on pose à un texte poétique sont fonction de ce qu’on entend par « poésie ». Mais qu’est-ce que la poésie ? ou plutôt, qu’est-ce que le « fait poétique » ?

(N.B. : Les quatre points traités ci-dessous constituent une adaptation libre et synthétique du chapitre 16 de l’ouvrage de Jean Milly, Poétique des textes)

1. Une fonction du langage

Dans l’usage courant, poésie s’oppose à prose. Prose vient de prorsa oratio qui signifie « discours qui va tout droit » ; cela suppose donc que la poésie se définisse par « ce qui tourne », c’est-à-dire par le vers (<vertere).

Même si les vers ont aujourd’hui souvent perdu l’isométrie (= nombre égal de syllabes ou d’accents), on peut considérer que la poésie se caractérise toujours par une forme de retour, qui peut relever de traitements formels très variés.

Mais les contenus, bien sûr, ne sont pas négligeables (lieux-communs, variations autour du désir, du regret, impressions…). On peut alors penser qu’il y a des objets poétiques qui se développent dans le langage ; celui-ci devient alors objet de contemplation et de jouissance, et non plus simple moyen de communication – donc « tourné sur soi », et non plus transitif : on retrouve la fonction poétique définie par R. Jakobson, fonction attachée au message et centrée sur la forme particulière de celui-ci.

2. Contenus

Une des caractéristiques sémantiques de la poésie est sa charge émotionnelle, à son comble dans le lyrisme. Mais les contenus sont très variables : la poésie peut être lyrique, épique, dramatique, didactique, satirique, érotique, descriptive, pastorale, élégiaque… On rencontre presque tous les domaines, mais ce qui distingue la façon dont ils sont traités, c’est leur gratuité, leur réflexivité. Le référent, le but, les idées n’épuisent jamais le sens du poème.

« Je dis : une fleur ! et, hors de l’oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d’autre que les calices sus, musicalement se lève, idée même et suave, l’absente de tous les bouquets. »

Stéphane Mallarmé, Divagations (1897)

3. Poésie et oralité

Dans l’Antiquité, la poésie était chantée et récitée, d’où un besoin de cohérence, de repères pour faciliter la mémorisation.

D’abord prévaut la régularité des longueurs, avec la récurrence réglée de pieds (= unité rythmique composée de plusieurs syllabes de valeur déterminée – longues ou brèves)

Ensuite, au Moyen Âge, se mettent en place progressivement

- la régularité du nombre de syllabes

- les assonances en fin de vers

- enfin, les rimes, très tardivement

Ce besoin de retour explique les formes fixes, depuis les regroupements de vers : distique, tercet, strophe (= nombre de vers suffisant pour établir un schéma de rimes), jusqu’aux poèmes à forme fixe : sonnet, …

Mais les retours peuvent aussi se jouer dans le vers libre (= vers qui n’est pas déterminé par une mesure fixe, mais qui possède néanmoins son rythme propre).

4. Images, symboles, mythes

Le langage poétique, dans sa réflexivité, fait surgir des visions, des images inédites. On se souvient de l’étymologie : POIESIS, « création », « fabrication ».

Les images peuvent renvoyer à des référents plus larges et abstraits : on a alors affaire à des symboles, ou, si l’abstraction prend une figure animée, à des allégories.

La poésie, et son réseau d’images, peuvent aussi être une façon de dire le mythe.

La versification

1. La métrique (= les règles relatives au vers français)

Dans le vers français, la mesure est exprimée en nombre de syllabes.

De 1 à 8 syllabes, on parle de mètre simple.

Au-delà, on parle de mètre complexe.

Dans la poésie française, les vers les plus fréquents sont des vers parisyllabiques : l'alexandrin (douze syllabes), le décasyllabe (dix syllabes) et l'octosyllabe (huit syllabes). Parmi les vers imparisyllabiques, le plus fréquent est l'heptasyllabe (sept syllabes).

Dans un mètre complexe, les segments simples ou hémistiches sont articulés entre eux par une césure. La césure ne se trouve pas à l’intérieur d’un mot.

La place de la césure détermine le schéma métrique : par exemple, pour l’alexandrin, on peut trouver les schémas métriques suivants : 6 // 6 ou 4 // 4 //4.

Quand le schéma est le même pour tous les vers comportant le même nombre de syllabes, on parle de formule métrique.

(Pour les rapports entre césure et accent métrique, voir plus bas)

Comment compter ?

Le e « caduc » ne se prononce pas Le e « caduc » se prononce

À la fin du vers : il est apocopé.

(mais il a pu être prononcé pendant la période médiévale, comme il l’est systématiquement d’ailleurs dans la chanson : J’ai du bon tabac dans ma tabatière.)

À l’intérieur du vers, quand il se trouve devant une voyelle ou devant un h non aspiré : il est élidé.

« Une femm(e) une rose mort(e) », Apollinaire, « Les sept sept épées » À l’intérieur du vers, quand il se trouve devant une consonne ou devant un h aspiré.

« Une femm(e) une rose mort(e) », Apollinaire, « Les sept épées »

À l’intérieur du vers, quand il se trouve après une voyelle.

Je l’avou(e)rais…

On parle donc d’apocope quand on ne prononce pas un e non élidable à la fin d’un mot :

« Devant son tribunal l’évêqu(e) la fit citer / D’avanc(e) il l’absolvit à caus(e) de sa beauté

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