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Poème liminaire, Hélène Dorion

Commentaire d'oeuvre : Poème liminaire, Hélène Dorion. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  29 Octobre 2024  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 648 Mots (7 Pages)  •  26 Vues

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« Il fait un temps de bourrasques… », L’onde du Chaos, Hélène Dorion

Introduction :  Hélène Dorion, poétesse québécoise, inscrit son œuvre L’onde du chaos dans une réflexion sur la dégradation de la nature et les conséquences de l’action humaine sur l’environnement. Le poème "Il fait un temps de bourrasques et de cicatrices" illustre un tableau cataclysmique de la nature, marquée par des forces destructrices. À travers un style évocateur et imagé, Dorion met en parallèle les perturbations naturelles et les actions humaines, soulignant la responsabilité de l’homme dans cette dévastation. Le poème dénonce ainsi la dégradation des paysages et la perte des repères, tout en annonçant un avenir sombre si rien n’est fait pour inverser cette tendance.

Problématique : En quoi ce tableau d’une nature désolée révèle-t-il l’engagement de ka poétesse dans la cause écologique ?

Ce texte est divisible en 3 parties :

  • V1-9 : La Nature en proie au cataclysme
  •  V10-17 : L’homme, meurtrier
  •  V18-27 : Une mise en garde funeste

I/ Vers 1 à 9 : La nature en proie au cataclysme

  • Le poème s’ouvre sur un distique, introduit par l’expression « il fait un temps » réemployée de manière anaphorique aux vers 10 et 18. Ces deux vers sont unis par un zeugme syntaxique. Dans chacun de ces deux vers elle est associée d’abord à un phénomène météorologique appartenant au Cl des perturbations « bourrasques » « séisme » puis à un therme abstrait à connotation également négative fessant référence à une blessure physique « cicatrices » « chute ». Cela plonge le lecteur dans une atmosphère sombre marquée par la violence et montre l’existence d’un lien entre la Nature et l’Homme ;
  • L’allitération en « s » « c » et l’assonance en « i » semble ici apparaitre tels des harmonies imitatives du souffle du vent accentuant par le son, la perturbation de la nature et l’atmosphère inquiétante ;
  • La strophe suivante montre une disparition de la Nature.
  • La comparaison « les promesses tombent comme des vagues sur aucune rive » centré sur le verbe tomber rappelant la chute et sur le CCL « sur aucune rive » donnant une impression vertigineuse de chute sans fond qui symbolise la disparition de la Nature.
  • Le verbe d’action « demandent » est associé aux oiseaux, symbole de liberté, qu’ils personnifient. Le COD « refuge » ainsi que le COI « la terre ravagée » montre la désolation dont est en proie la faune comme la flore.
  • L’expression « nos jardins éteints » est formé du déterminant possessif à la 3ème personne « nos », qui invite le lecteur à se sentir concerné par cette destruction de la nature, ainsi que de l’expression oxymorique « jardins éteints » qui montre l’extinction d’un lieu naturel symbolique de l’animation afin d’accentuer la gravité de cette destruction.
  • Cela s’oppose à l’expression olfactive « odeur de rose et de lavande » qui donne une image calme, de douceur de la Nature dans une phrase qui n’a pas de fin syntaxique ce qui donne l’impression d’une disparition de la place logique du bonheur dans la Nature.

  • Phrase de clôture : Ainsi, la poétesse montre la destruction cataclysmique de la Nature plongeant le lecteur dans une atmosphère inquiétante.

II/ Vers 10 à 17 : L’homme en meurtrier de la Nature

  • Dans cette strophe, l’expression « il fait un temps » est assimilé au CDN « de verre éclaté ». Cette expression repose sur la synecdoque « verre », qui semble symboliser les grands immeubles de verres, et est dans le langage courant signe de mauvais présage. Elle sert d’introduction de l’état funeste de la Nature dans cette strophe.
  • Le vers suivant est constitué de deux autres CDN « d’écrans morts » « de nord perdu » juxtaposés par asyndète et se rapportant toujours à l’expression « il fait un temps ». La catachrèse « écrans morts », personnification passée dans le langage courant, met en valeur le caractère humains des écrans et prend donc ici un sens dénonciateur. Le CDN « de nord perdu » constitue ici un brouillage spatial et montre la disparition de l’orientation, du sens.
  • Cette énumération de CDN est continuée au vers suivant après la reprise de « un temps ». Les compléments du nom sont ici composés de pronoms interrogatifs « pourquoi » « comment ». Cependant, il n’y a pas de suites à ces pronoms interrogatifs ce qui universalise ces questions. De plus la ponctuation de l’interrogation et les réponses à ces interrogations sont absentes ce qui montrent la disparition de réponses à ces questions universelles.
  • Les blancs typographiques à l’intérieur des vers 11 et 12 montrent syntaxiquement l’éclatement de la nature et de la société.
  • De la même manière, les allitérations en « c » « t » « r » donnent phonétiquement une impression de violence et de chaos dans ce tableau de la nature.
  • Le vers 13 est isolée du reste du poème ce qui montre qu’il constitue une constatation, une réflexion de la poétesse qui va au-delà du poème. Il est constitué du verbe « défaire » décrivant l’action établit durant « tout un siècle » ce qui semble correspondre au siècle actuel englobant l’essor de l’industrialisation et les premières constatations de la dégradation de la Nature par l’homme.
  • La strophe suivante s’ouvre sur le déterminant possessif « mon » a la première personne du singulier montrant une inclusion personnelle de la poétesse.
  • Ce déterminant qualifie le mot « chant » faisant ici référence à un poème de la poétesse et sûrement celui-ci car il est constitué de la même manière qu’un chant avec l’anaphore « il fait un temps » répété en refrain.
  • Ce chant est personnifié par le verbe « soulève ». Le mot « poussière » fait partie du champ lexical de la mort de la même manière que les mots « muets » « trou » « noire » et montre ici l’inaction des hommes face à cette apocalypse.
  • L’oxymore spectacles muets donne l’impression d’un spectacle lugubre qui plonge le lecteur dans une atmosphère funeste
  • La comparaison « comme un trou béant » peut fait référence à une bouche qui crie mais aussi à une tombe. Elle accentue donc l’atmosphère funeste et le caractère lugubre de ce passage.
  • Le CCL « dans la maison noire des mots » fondé sur l’expression la maison noire des mots qui s’apparentent à une périphrase semblant faire référence à une disparition du langage.
  • L’association du CL de la mort à celui de la parole « chant », « spectacles », « mots » dessine une confrontation entre la parole qui tente de réanimer la nature mais qui se termine par un échec de la parole au dernier vers.

  • Phrase de clôture : Ainsi, la poétesse désigne l’humain en tant que responsable du cataclysme de la nature et le place en tant que destructeur de tout, jusqu’à la parole

III/ Vers 18 à 27 : Une mise en garde funeste

  • Le troisième mouvement de ce poème s’ouvre sur l’anaphore de l’expression « il fait un temps » ici complété par l’adverbe de temps « jamais » et celui de quantité « assez ». La reprise de cette expression est complétée d’une énumération des adverbes de quantité « encore » et « plus ». L’énumération de ces adverbes isolés semble vide de sens ainsi que la disparition des images poétiques donnent un effet grammatical de destruction du poème. De plus, elle est rythmée par des blancs typographiques et un decrescendo dans la taille des verbes, ce qui intensifie le rythme du poème et crée une impression de balbutiement, renforçant ainsi l’effet sonore et visuel de panique. Ces répétions donnent également un effet mécanique à la lecture qui montre que le mécanisme de l’apocalypse a été enclenché et qu’il est désormais inévitable.
  • Le vers suivant rejoint cette idée avec l’emploie du pronom personnel « on » semblant inclure le lecteur ainsi que la poétesse, et du verbe « pourra » employer au futur a valeur de certitude. Ce qui montre ici, l’urgence de la situation en exerçant une pression menaçante sur le lecteur.
  • La strophe suivant reprend l’idée du temps où elle est assimilé à deux expressions juxtaposé « bile » faisant référence au sentiment humain d’inquiétude et « éboulis » qui fait référence à l’écroulement de la nature. Ici encore la poétesse exprime une idée à travers la juxtaposition d’un caractère humain et d’un caractère naturel expriment un lien négatif entre l’homme et la Nature.
  • Il est de même dans le vers suivant avec la personnification « les forêts tremblent » fondés sur le verbe d’action trembler synonyme de peur, d’inquiétude.
  • Ce lien négatif se prolonge dans les deux vers suivants, notamment à travers le complément circonstanciel de lieu « sous nos pas », où le déterminant possessif « nos » englobe l’ensemble de l’humanité, tandis que « la nuit » symbolise un aspect sombre de la nature, associé ici à la fin.

  • Phrase de clôture : Ainsi, la poétesse rend le lecteur lui-même responsable de ce cataclysme et l’incite à réagir en lui révélant une destruction de la nature qui s’étend même jusqu’au poème.

Conclusion : En conclusion, "Il fait un temps de bourrasques et de cicatrices" d’Hélène Dorion dépeint un monde en pleine désintégration, où l’homme, en tant que destructeur, est présenté comme responsable du désastre écologique. À travers l’analogie entre les perturbations naturelles et les actes humains, la poétesse met en lumière l’urgence d’agir pour contrer les effets dévastateurs de l’industrialisation et du dérèglement climatique. Le poème, rythmé par des anaphores, des zeugmes et des images frappantes, aboutit à une mise en garde claire : l’humanité doit réagir face à l'effondrement qui menace, car la destruction semble inéluctable. Dorion fait ainsi de son poème un cri d’alarme pour sensibiliser à l’impact de nos actions sur la nature et à la nécessité d’un engagement écologique.

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