Pensez-vous que les ruses et les stratagèmes soient indispensables à une comédie ? ou La comédie existe-t-elle sans ruse et stratagème ?

Lucas JOLIBERT, 1ère 4

Dissertation Français

Sujet : « Pensez-vous que les ruses et les stratagèmes soient indispensables à une comédie ? ou La comédie existe-t-elle sans ruse et stratagème ?». Vous répondrez à cette question dans un développement argumenté en vous appuyant sur votre lecture des Fausses Confidences et sur tous les textes que vous aurez lus dans le cadre du parcours « Théâtre et stratagème », ainsi que sur votre culture personnelle. (Sujet de l’édition Hatier « Classiques et compagnie ») 

      « Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles. » a dit William Shakespeare dans son œuvre Comme il vous plaira pour exprimer sa vision du théâtre qu’il compare à la vie quotidienne.

Par ailleurs, cette vision rejoint celle d’Aristote ; en effet, il analyse les rapports qui existent entre une pièce de théâtre et le réel.

Le terme « théâtre » vient du grec et désigne « le lieu où l’on regarde ». A l’origine, ce terme correspond à un bâtiment, un édifice d’où le public regarde un spectacle mais au XVIème siècle, ce terme prend un nouveau sens et signifie de façon plus spécifique l’art dramatique, le spectacle en lui-même. A partir du XVIIème siècle apparait le sens d’aujourd’hui du théâtre : le théâtre relève de la littérature écrite, une pièce de théâtre est une œuvre de littérature.

La comédie est un genre du théâtre qui date de l’Antiquité grecque, où elle était associée aux fêtes religieuses. Les pièces de théâtre étaient jouées lors de compétitions appelées les Dionysies, où les citoyens d'Athènes se rassemblaient pour assister aux performances.

La comédie évolue au fil des époques et au XVIIIème siècle, les dramaturges se confrontent à la difficulté de renouveler le genre théâtral, et en particulier la comédie, à partir de l’héritage de Molière, maître de la comédie classique. Marivaux s’illustre comme un des principaux acteurs de ce renouvellement avec ces pièces qui reprennent les thèmes de l’amour, de l’argent et du mariage ainsi que l’ambiguïté des sentiments que l’on appelle « le marivaudage ».

L’objectif de la comédie est de faire rire et divertir son public. Pour atteindre cet objectif, les auteurs de comédies et notamment Marivaux ont souvent recours à des ruses et à des stratagèmes qui permettent de créer des situations cocasses et des quiproquos, mais aussi de dénoncer les travers de la société. En effet, nous pouvons le constater dans Les Fausses Confidences de Marivaux publiée en 1737 qui met en scène une intrigue amoureuse complexe, dans laquelle un valet, Dubois, aide son maître, Dorante, à conquérir la belle Araminte, une veuve riche et indépendante.

Ainsi, nous sommes à même de nous demander, en s’appuyant sur Les Fausses Confidences de Marivaux, si les ruses et les stratagèmes sont indispensables à la comédie.

Dans un premier temps, nous expliquerons en quoi les ruses et stratagèmes sont indispensables à une comédie, puis nous verrons qu’il existe des limites aux stratagèmes dans la comédie. Enfin, nous verrons le dépassement de ces limites avec une approche plus honnête et directe.  

        Les ruses et les stratagèmes sont très importants voire indispensables dans une comédie.

En effet, la pièce Les Fausses Confidences de Marivaux met en scène une série de ruses et de stratagèmes utilisés par les personnages pour parvenir à leurs fins. L'intrigue de la pièce tourne autour du personnage d'Araminte, une veuve riche et indépendante, et de son intendant Dubois. Ce dernier utilise sa position pour monter un stratagème visant à unir Araminte et son protégé Dorante, qui est secrètement amoureux d'elle. Pour y parvenir, il met en scène des fausses confidences, des lettres mystérieuses et des quiproquos.

En effet, Dubois va pousser Dorante à se faire engager comme intendant d’Araminte pour séduire la jeune femme.

A la fin de l’acte 1, Dubois se livre à la première fausse confidence essentielle de la pièce et révèle à Araminte que Dorante est épris d’elle : « Hélas ! Madame, ce fut un jour que vous sortîtes de l’Opéra, qu’il perdit la raison ; […] il avait demandé votre nom, et je le trouvais qui était comme extasié, il ne remuait plus. ». En effet, Dubois est ici un vrai stratège et lui avoue que Dorante devient complètement ébranlé de l’amour qu’il a pour elle. Cette confidence n’est en soi pas fausse mais elle l’est par son intention car elle a pour but de tromper la jeune femme. De plus, dans cette scène, il essaye de rendre jalouse Araminte en lui expliquant que Dorante est convoité par d’autres femmes : « il y en a une qui n’en saurait revenir, et qui le poursuit encore tous les jours ».

Enfin, dans l’acte 3, Dubois s’arrange pour faire intercepter une lettre dans laquelle Dorante révèle sa passion pour Araminte. Dorante confesse alors son amour et dévoile le stratagème mis en place pour séduire la jeune femme. Araminte lui pardonne et accepte de l’épouser.

Dubois qui a tiré toutes les ficelles de cette machination triomphe et donc s’est montré en véritable stratège dans la pièce.

De plus, Araminte met en place également un stratagème afin que Dorante lui avoue son amour. En effet, elle va elle-aussi énoncer une fausse confidence lorsqu’elle explique à Dorante qu’elle va épouser le comte Dorimont. En outre, la jeune femme ne s’arrête pas là et va jusqu’à faire écrire la lettre à Dorante pour le comte : « Pour le Comte, qui est sorti d’ici extrêmement inquiet, et que je vais surprendre bien agréablement par le petit mot que vous allez lui écrire en mon nom. » En effet, à la suite de cette annonce Dorante devient complètement ébranlé et rêveur ce qui va mener à son aveu amoureux dans l’acte 3.

Ces stratagèmes ont plusieurs effets et intérêts pour le développement de la pièce.

Tout d’abord, ils créent un atmosphère comique ; en effet, les stratagèmes utilisés sont souvent loufoques et absurdes ce qui contribue à la création d’une ambiance comique qui amuse le public. De plus, ils permettent de mettre en évidence les faux-semblants et les hypocrisies de la société de l'époque. Effectivement, en utilisant la ruse et la manipulation pour atteindre leurs objectifs, les personnages mettent en évidence les limites et les contradictions de la société.

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