Manon Lescaut, Abbé Prévost
Cours : Manon Lescaut, Abbé Prévost. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Deixheures Dieuxeur • 26 Juin 2023 • Cours • 15 088 Mots (61 Pages) • 246 Vues
Manon Lescaut
Repères Biographiques
L’abbé Prévost
La vie de Prévost reste encore baignée dans l’ombre, car ses papiers furent brulés en 1844 par un héritier mal avisé. Les renseignements suivants sont pour la plupart empruntés à l’ouvrage d’Henri Roddier : L’abbé Prévost, l’homme et l’œuvre.
Antoine François Prévost est né dans le nord de la France en 1667 dans une famille de la grande bourgeoisie. Son père est procureur du roi. Sa mère meurt en 1711 ainsi que deux de ses sœurs. Prévost a 14 ans et il est placé dans le collège Jésuite d’Hesdin, où il fait de brillantes études pendant 2 ans. A la suite d’une intrigue amoureuse, il s’enfuit du collège et s’enrôle dans l’armée royale. A la fin de la guerre de Succession d’Espagne, en 1713 il reprend ses études ecclésiastiques. S’ensuit alors jusqu’en 1719 une période obscure de sa vie, pleine d’instabilité et lié à un amour malheureux. En effet Prévost disparait une nouvelle fois, vit à Paris quelques temps et s’engage dans l’armée, revient chez les Jésuites, qui finissent par le rejeter. Il est accueilli chez les Bénédictins, et continue ses études jusqu’en 1721 où il fait sa profession de foi avant d’être ordonné prêtre à Rouen en 1726. Il commence la rédaction des Mémoires et aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde. Les tomes I à IV sont imprimés en 1728. A la suite d’un conflit avec ses supérieurs Bénédictins, l’abbé s’enfuit de son abbaye et va en Angleterre en passant par la Hollande. Il y découvre la société Londonienne avant qu’une liaison avec Mary Eyles, la sœur de son élève l’oblige à retourner Hollande en 1729. Prévost y publie en exil en 1731 ses ouvrages Cleveland, la suite des Mémoires d’un homme de qualité (tomes V à VII) dont l’Histoire du chevalier Des Grieux. Il tombe amoureux de Lenki Eckhardt, une femme fatale pour laquelle il s’endette et commet quelques délits qui l’obligent à fuir à nouveau en Angleterre en 1733. Son œuvre Manon Lescaut, publiée pour la première fois dans une édition séparée, pénètre de façon illégale en France. Elle est interdite en novembre, saisie et condamnée au feu. L’abbé fonde un périodique, Le Pour et Contre, qui paraitra jusqu’en 1740. Prévost est arrêté à Londres après avoir tenté d’escroquer son ancien élève Francis Eyles. Libéré, il semble s’assagir, obtient son pardon du pape Clément XII et rentre en France pour un second noviciat chez les Bénédictins. Il mène une vie rangée d’aumônier à Paris mais doit écrire pour subsister. Il termine Cleveland et écrit en 1739 Le Doyen de Killerine. Ruiné et menacé d’emprisonnement en 1740 il est forcé de s’exiler à nouveau, et rompt avec Lenki à son retour en France en 1741. S’ensuit alors vingt années de fécondité et de stabilité, pendant lesquelles il signe ses œuvres du nom d’abbé Prévost. Prévost s’installe en 1746 à Chaillot et fréquent les salons philosophiques où il rencontre Voltaire, puis Rousseau. Il fait publier en 1753 une édition corrigée de Manon Lescaut, celle qui fait autorité aujourd’hui. Il s’installe près de Chantilly où il finit son existence, isolé du monde. Il retrouve la foi mais il est foudroyé par une attaque d’apoplexie en 1763 et enterré chez les Bénédictins. L’abbé Prévost fut romancier, il écrivit une douzaine de romans, bien que le succès de Manon Lescaut étouffe le juste hommage dû à l’ensemble de ses œuvres. Mais aussi éditeur, historien, traducteur et journaliste. Par sa curiosité intellectuelle, par l’exaltation des passions dans ses œuvres, par son regard acerbe sur la société, l’abbé Prévost est donc un des premiers écrivains des lumières.
Manon Lescaut et l’autobiographie
On a pensé très tôt, du vivant même de Prévost, que Manon Lescaut était une transposition des propres aventures de l’auteur. Cette hypothèse tenace a même gagné en ampleur au XIXe siècle, à la suite des études de Sainte-Beuve, qui voyait dans cette œuvre une application parfait de sa théorie du « tel arbre, tel fruit », c’est-à-dire l’entière détermination de la création par le vécu de l’auteur.
Tout laisse à croire aujourd’hui que cette impression de confidence autobiographique n’est que le résultat d’une technique narrative qui met en évidence le point de vue personnel d’un narrateur-héros et des éléments d’un réalisme nouveau.
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