Les effarés de Rimbaud
Commentaire de texte : Les effarés de Rimbaud. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar larapasselebac • 19 Juin 2023 • Commentaire de texte • 1 386 Mots (6 Pages) • 453 Vues
analyse linéaire du poème « Les Effarés » issu des Cahiers de Douai d’Arthur
Introduction
Écrits quand Arthur Rimbaud était âgé de seulement 16 ans, les Cahiers de Douai regroupent vingt-deux poèmes, répartis en deux liasses.
Alors en fugue à Douai chez son professeur de rhétorique Georges Izambard puis chez le poète Paul Démeny, Arthur Rimbaud est, en 1870, en pleine révolte.
Le poème intitulé « Les Effarés » appartient au premier cahier de Douai. Il se compose de 12 strophes composées de deux octosyllabes en rimes suivies et d’un tétrasyllabe qui rime avec le suivant.
Par le choix de cette versification, Rimbaud se dresse incontestablement contre un ordre classique en poésie.
Problématique
En quoi ce poème, en jouant sur des contrastes, est-il un cri de révolte et de défense des enfants ?
Annonce de plan linéaire
Dans un premier temps, correspondant aux 5 premières strophes, nous analyserons le contraste saisissant entre les enfants affamés et transis de froid et le boulanger.
Dans un second temps, correspond aux 7 dernières strophes, nous étudierons l’expression du pathétique dans ce poème engagé.
I – Le contraste saisissant entre les enfants et le boulanger
Les 5 premières strophes
Le titre du poème, « Les effarés », sous forme d’adjectif substantivé, ne trouve son explication qu’au vers 5, dans l’expression « cinq petits ».
L’effet de surprise est donc orchestré par la première strophe qui n’identifie pas d’emblée ce groupe au pluriel. Le lecteur est intrigué par ces « effarés » dont il ignore l’identité.
Le poème s’ouvre sur un jeu de lumières et de contrastes frappant : la couleur noire sur la neige, l’obscurité du « soupirail » et l’action qui s’y passe (« s’allume »).
En raison de la couleur noire, le lecteur peut imaginer une meute d’animaux, ce d’autant plus que ce groupe est caractérisé par un vocabulaire familier « leurs culs en rond ».
Le sujet est ainsi retardé jusqu’au vers 4 : « cinq petits ».
Mais ce groupe nominal appartient autant au règne humain qu’au règne animal : l’ambiguïté prévaut toujours.
Ce quatrième vers, composé de mots d’une ou deux syllabes, est marqué par un rythme haché, comme pour marquer l’horreur de la situation : « À genoux, cinq petits, – misère ! – »
Le cri du poète est exprimé grâce à l’exclamative : «- misère ! – ». L’utilisation de l’incise entre deux tirets accentue la force de ce jugement qui semble jaillir du plus profond du Poète.
L’attitude des enfants est passive, presque soumise, comme en témoignent l’expression « à genoux » et les verbes de perception : « regardent », « voient », « écoutent ».
La scène repose sur un contraste entre un boulanger en action (il est sujet des verbes d’action « tourne« , « enfourne« , « chante« ) et cinq enfants qui l’observent.
La production du boulanger est mise en valeur par l’enjambement entre les vers 5 et 6 qui fait ressortir le verbe « faire » à l’infinitif en fin de vers : « Regardent le boulanger faire / Le lourd pain blond…« .
Le fruit de cette action, le pain, est valorisé car enrichi de deux adjectifs épithètes : « Le lourd pain blond ».
Cette construction est reprise comme en écho au vers suivant dans la métonymie « le fort bras blanc ».
La fascination des enfants se lit à travers cet effet d’écho et l’omniprésence des couleurs : du pain blond, à la peau blanche du boulanger, en passant par « La pâte grise » et le four « clair ».
L’allitération en [b] restitue également la rondeur et la gourmandise du pain : « Regardent le Boulanger faire / le lourd pain blond / Ils voient le fort bras blanc qui tourne »
Discrets, les enfants « écoutent le bon pain cuire ». De cette scène, se dégage un contraste saisissant : les enfants sont tapis dans le froid, à l’extérieur, pendant que le boulanger est à l’intérieur, au chaud.
De plus, les sonorités en gutturales s’entrechoquent, associant presque le boulanger à un ogre : « Le Boulanger au gras sourire/Grogne ».
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