Les Fourberies de Scapin, III, 2, Molière, 1671

ANALYSE XIV

Les Fourberies de Scapin, III, 2, Molière, 1671

La comédie classique a recours à des types de personnages, vecteurs du comique. Nous pouvons ainsi remarquer celui du père de famille, souvent déraisonnable, qui s’oppose à la poursuite amoureuse de son enfant. Au contraire, le valet se met au service de son jeune maître pour l’aider à conquérir et épouser la jeune femme qu’il a choisie. Nous retrouvons cela dans Les Fourberies de Scapin, puisque Géronte s’oppose au mariage de son fils, Léandre avec Zerbinette. En outre, le barbon a porté préjudice à la réputation de Scapin auprès de son jeune maître. L’ingénieux valet veut donc se venger, et c’est ce à quoi nous assistons dans la scène 2 de l’acte III que nous étudions. Il lui fait croire que les frères d’une jeune femme dont il a voulu annuler le mariage lui en veulent et désirent le battre et le tuer. Il lui suggère alors de se cacher dans un sac afin de le soustraire à ses ennemis. Géronte n’est pas sitôt caché que Scapin joue l’arrivée d’un spadassin gascon, souhaitant rouer le vieux bourgeois de coups. Notre extrait s'achève sur les coups de bâton donné sur le sac par Scapin, qui prétend les recevoir. [Lecture] Nous pouvons nous demander en quoi Molière allie dans cette scène quiproquo et renversement maître-valet pour susciter le rire du spectateur. Nous pouvons observer dans ce passage la mise en place du stratagème dans la première moitié, puis, à partir de la ligne 11, l’application du plan de Scapin.

1er mouvement : Mise en place du stratagème (l.1 à l.10)

l.1 : répétition « non » > posture rassurante de Scapin

l.2 : comparaison « paquet de chose » avec indéfini > objet inanimé > annonce que Géronte ne va pas être vu et ne va pas voir pendant un certain temps > comparaison très dévalorisante

l.1 et 2 : verbe d’obligation « il faut » > renversement de situation maître/valet + futur certain > Scapin prend les décisions > posture didactique

l.3 et 4 : champ lexical du combat « main-forte », « au travers de vos ennemis », « barricader », « violence » > récit épique

Scapin est mis en valeur représenté comme héros, un valet capable de risquer sa vie pour sauver son maître

l.5 : montre que Géronte est crédule

l.6 : 2 plans superposés avec plan annoncé pas Scapin

 - Sauver Géronte

 - Rouer de coups Géronte

> ironie avec « tu me payeras l’imposture »

« vous allez voir » alors qu’il va être dans un sac

« (à part) » > Géronte n’est pas censé l’entendre la mention de l’extrait du plan de Scapin + occurrence « tu » montre qu’il le respecte seulement en apparence > duplicité de Scapin

l.7 : « Hé ? » > interjection familière > montre que Géronte semble avoir entendu le vrai plan de Scapin

l.8 : impératif > mouvement de hiérarchie valet qui ordonne au maître > posture didactique de Scapin envers Géronte

l.9 : Scapin invite Géronte à l’inaction, à la passivité > afin que son plan s’effectue sans accroc

2nd mouvement : Réalisation du plan de Scapin (l.11 à l.25)

l.11 : toujours impératif, montre que Scapin continue de donner des ordres > il est maître de la situation

début de la stratégie de Scapin

spadassin > champ lexical du combat retrouvé > ce qui était au futur dans les premières lignes est maintenant au présent

début du comique de langage / de mot

didascalie « en contrefaisant sa voix » > danger imaginaire avec Scapin imitant le spadassin

l.12 : champ lexical du combat avec « tué »

toujours utilisation de l’impératif par Scapin envers Géronte

« cé » > forme dévalorisante de géronte

« par charité » > décalage entre cet acte et la conséquence de celui-ci donc la mort de Géronte car il emploierait cette charité pour tuer Géronte

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