Les Cahiers de Douai d'Arthur Rimbaud
Dissertation : Les Cahiers de Douai d'Arthur Rimbaud. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar Marinette06 • 15 Avril 2025 • Dissertation • 1 604 Mots (7 Pages) • 17 Vues
Sujet : Dans le poème « Sensation », Arthur Rimbaud écrit : « j’irai loin, bien loin ». Selon vous, le Cahier de Douai répond-il à ce projet ?
Arthur Rimbaud n’a tout juste qu’entre seize et dix-sept ans lorsqu’il compose les premiers poèmes des Cahier de Douai. Il est un adolescent doté d’une plume habile pour la littérature, et en récolte la reconnaissance, voire l’ admiration de certains de ses professeurs. Pourtant, au cœur, d’un siècle bouleversant et agité pour la littérature, et tendu aux dernières heures du second empire de Napoléon III, Rimbaud n’a qu’un seul souhait : « Son désir, c’est celui de tout adolescent : partir ! Sauf que lui sait le dire ». Il se lance aux côtés des parnassiens, prônant « l’art pour l’art » et l’esthétisme premier de la poésie, et des premiers symbolistes, à la recherche du sens caché du monde, sur la route de la poésie pour atteindre un rêve, la liberté. Dans son poème « Sensation » des Cahiers de Douai, il écrit alors : « j’irai loin, bien loin ». Or Rimbaud n’a jamais véritablement souhaité publier ce recueil, pourtant la trace de son chemin vers la liberté. On se demande donc : en quoi les Cahiers de Douai proposent-ils la volonté absolue d’émancipation d’Arthur Rimbaud, bien qu’il ne l’atteigne pas ?
Pour étudier cela, nous aborderons d’abord l’éloignement réalisé par l’émancipation chez Arthur Rimbaud (I), puis le rattachement au passé et à la réalité(II), pour enfin déboucher sur la recherche de l’inconnu par la liberté absolue (III).
Chez Arthur Rimbaud donc, sa volonté d’éloignement passe avant tout par celle de l’émancipation.
Les Cahiers de Douai répondent donc d’abord à l’émancipation créatrice de Rimbaud. Elle se retrouve dans une émancipation politique, car l’esprit rebelle et adolescent de Rimbaud se manifeste à l’égard de l’autorité et du régime de Napoléon III. Dans « l’éclatante victoire de Sarrebruck », il s’en moque et parodie sa propagande. Dans « le Mal », il critique la guerre qu’il engendre. Paul Valéry a dit : « la guerre est un massacre de gens qui ne se connaissent pas pour des gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas ». A sa manière, le poème prouve son antimilitarisme, évoquant le « crachat », la « mitraille » et un massacre. Il y dénonce même l’hypocrisie religieuse et sa vénalité, comme dans « le châtiment de Tartuffe » où elle est encore plus explorée par la satire qui y est faite.
L’émancipation sociale est exprimée dans « A la musique » où on satirise toute la petite bourgeoisie de Charleville, ou dans « les effarés », poème dans lequel Rimbaud dénonce la misère et évoque ses sentiments, il opère un chiasme de la grotte de Platon, les orphelins dans la nuit froide regardant à travers le soupirail le boulanger faire le pain blond et chaud.
Aussi, dans une émancipation à la fois familiale et sociale, Rimbaud évoque ses fugues et son rejet de la vie moderne et conformiste de la société, comme dans « les réparties de Nina », au titre ironique puisque ses rêves sont balayés par une unique réplique.
Il s’est enfui de chez sa mère et a refusé une éducation stricte et religieuse.
Ensuite, c’est l’émancipation poétique qui doit être évoquée. Les poèmes jouent beaucoup avec la forme et avec les règles de la poésie. Les formes des rimes sont innovées voire échangées, les césures à l’hémistiche ne sont pas respectées et Rimbaud découpe le poème parfois comme il l’entend. Il forme une rythmique innovante, déstructurant les poèmes à l’aide d’enjambements et de contre-rejets. De plus, il met en œuvre un style innovateur, dans lequel il fabrique des néologismes et offre une fraîcheur du vocabulaire, un vocabulaire moins sérieux, moins ennuyeux, un nouveau lyrisme moins grandiloquent qu’il reproche un peu aux parnassiens et dont il s’émancipe.
Dès lors, Rimbaud s’émancipe dans son recueil, par ses idées et sa vision des choses. Il reproche et critique beaucoup, en tant qu’adolescent rebelle. Il s’émancipe beaucoup par la provocation avec un goût prononcé pour la satire, l’ironie. Il se moque de tout, beaucoup et part « bien loin » dans ses parodies. C’est d’ailleurs aussi dans les thèmes de l’œuvre qu’il s’émancipe. Des thèmes rénovés et innovateurs, il en fait plein d’usages, il traite de l’amour de ses premiers sentiments, de ses passions et de leur caractère éphémère. Il traite de la jeunesse et de ses fantasmes, de l’insouciance qu’elle transporte, notamment dans la révolte adolescente où il critique, dénonce, se marginalise par ses fugues et s’engage contre l’autorité.
Enfin, c’est le goût très présent pour la nature qui démarque chez Rimbaud et dans les Cahiers de Douai. Il évoque une nature d’inspiration, un monde éloigné de la ville comme dans « Roman » et nature de beauté, de bonheur universel comme dans « Sensation ». La nature est accueillante chez Rimbaud, elle est son locus amoenus, un lieu protecteur comme dans « le dormeur du Val », dans lequel il apostrophe la nature, « Nature, berce-le ».
Le recueil regorge de ses évocations émancipatrices
Pourtant, malgré ce travail d’émancipation, l’œuvre reste attachée à une tradition littéraire passée.
...