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Arthur Rimbaud, “Vénus Anadyomène”, Les Cahiers de Douai (1870)

Commentaire de texte : Arthur Rimbaud, “Vénus Anadyomène”, Les Cahiers de Douai (1870). Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  4 Février 2023  •  Commentaire de texte  •  1 061 Mots (5 Pages)  •  554 Vues

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Texte 6 - Arthur Rimbaud, “Vénus Anadyomène”, Les Cahiers de Douai (1870)

Vénus Anadyomène1

Comme d'un cercueil vert en fer blanc, une tête

De femme à cheveux bruns fortement pommadés

D'une vieille baignoire émerge, lente et bête,

Avec des déficits assez mal ravaudés ;

Puis le col gras et gris, les larges omoplates

Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort ;

Puis les rondeurs des reins semblent prendre l'essor ;

La graisse sous la peau paraît en feuilles plates ;

L'échine est un peu rouge, et le tout sent un goût

Horrible étrangement ; on remarque surtout

Des singularités qu'il faut voir à la loupe…

Les reins portent deux mots gravés : Clara2 Venus ;

- Et tout ce corps remue et tend sa large croupe

Belle hideusement d'un ulcère à l'anus.

1 Sortant des eaux

2 Illustre (en latin)

Introduction

Dans quelle mesure peut-on parler d’alchimie poétique dans ce poème ?

Il fait de l’alchimie inverse

Comment Arthur Rimbaud désacralise-t-il la déesse Vénus?

En quoi ce poème offre t’il une mise en scène subversive de la déesse Vénus?

Tout d’abord, selon la mythologie romaine, Vénus est la déesse de l’amour, de la séduction et de la beauté féminine. De nombreux artistes l’ont représenté durant de nombreux siècles dont Arthur Rimbaud, un poète français du XIXème siècle. Rimbaud est un poète qui fait partie du mouvement du symbolisme, et il est connu pour remettre en question les normes de l'esthétique dans ses poèmes. Le poème “Vénus Anadyomène” est publié en 1870 dans le recueil de Rimbaud Les cahiers de Douai. Ce poème décrit Vénus sortant de son coquillage et émergeant de l’eau. Arthur Rimbaud décrit avec de nombreux détails son corps et ses défauts ce qui est contraire à l'idéologie de la société sachant que Vénus représente la beauté féminine. On peut se demander comment Rimbaud détourne-t-il les standards de la beauté à travers la description de Vénus ? Nous allons nous intéresser à deux mouvements en particulier, premièrement la naissance de Vénus et deuxièmement la description de son corps.

Mouvement 1: Naissance de Vénus

  • “comme d'un cercueil vert en fer blanc” Tout d’abord on demarre avec un anti-portrait avec une alliteration en “r”. En effet Rimbaud compare le coquillage de Vénus avec un cercueil. Cette comparaison est péjorative, en effet on comprend donc que Rimbaud chercher à renouveler les standars de la beauté de cette femme. Cette antithèse montre que Vénus est assimilé à la mort, en effet elle renvoie à la vieillesse.
  • Arthur Rimbaud commence par décrire petit à petit Vénus, en effet seulement sa tête est visible. Arthur fait un contre blason, les parties de corps mentionnés sont justes là pour dégrader Vénus.
  • Rimbaud fait une autre comparaison avec le coquillage en la comparant à “une vieille baignoire”. On retrouve dans ce vers l’adjectif “veille” qui est très péjoratif et qui ne représente pas Vénus selon la société. Car en effet, Vénus symbolise aussi la jeunesse à travers sa beauté éternelle. En comparant le coquillage a une vieille baignoire, Rimbaud désacralise la naissance de Vénus et renouvelle donc la définition de la beauté.
  • Le poète décrit Vénus à travers les mots comme “lente et bête" On retrouve donc une animalisation, en effet elle est comparée à un animal qui a pour effet d'être lourd et lent, cela est donc contraire à ce que nous avons l'habitude de penser.
  • “Avec des déficits assez mal ravaudés”, dans ce dernier vers de cette strophe, Rimbaud décrits son corps, en faisant comprendre au lecteur que Vénus apparait comme une femme tres peu propre a travers ces “deficits asssez mal ravauder”.

Mouvement 2: Description du corps de Vénus

  • “Puis le col gras et gris, les larges omoplates”. Dès la deuxième strophe, Rimbaud commence la description du corps de Vénus. Sa description est très négative, en effet on peut voir l’utilisation d’un champ lexical de l'embonpoint avec des mots comme “gras”, “rondeurs”, “graisse” ou encore “large”. Ce CL est donc très péjoratif et il est accompagné d’une allitération en “r” qui est très désagréable. Contraire de Vénus, il redéfinit la beauté.
  • Rimbaud décrit Vénus de haute en bas avec de nombreux détails comme par exemple dans le vers 6 “le dos court qui rentre et qui ressort”. Rimbaud décrit son dos comme s' il était mal formé, il nous donne l'impression d’une vague avec l'antithèse “qui rentre et qui ressort”.
  • “Puis les rondeurs des reins semblent prendre l'essor”. Le poète fait un euphémisme en utilisant le mot rondeur pour signifier le fait qu’il trouve Vénus plutôt grasse. Mais il va tout de même amplifier cet euphémisme en disant qu’elles peuvent “prendre l’essor”. Cela crée un contraste sachant qu’un euphémisme atténue les circonstances, or Arthur Rimbaud l’utilise pour ensuite créer un effet encore plus puissant sur le lecteur à propos de la rondeur de Vénus.
  • “La graisse sous la peau paraît en feuilles plates” le poète fait la comparaison de la graisse de Vénus avec des feuilles plates. Le poète essaye donc de désacraliser la beauté de Vénus à travers cette comparaison.
  • “L’échine est un peu rouge, et le tout sent un goût horrible étrangement" Au début de ce vers on remarque une animalisation de Vénus avec le mot “Échine”. Puis, Vénus est complètement déshumanisée avec le groupe de mot : “et le tout”, en effet elle ne devient que matière. De plus, Rimbaud va aussi utiliser le sens de l’odorat pour la décrire négativement.
  • “Les reins portent deux mots gravés : Clara Venus” on retrouve ici de l’ironie, en effet elle est tout sauf Vénus, on repère donc le goût de provocation de Rimbaud.
  • Finalement, rimbaud fait un oxymore dans son dernier vers “belle hideusement” qui met en valeur l'éloge paradoxal que le poète nous a écrit dans tout ce poème et qui permet de finaliser sa volonté de nous transmettre sa redéfinition de la beauté selon lui.

Conclusion:

Dans ce sonnet, Rimbaud brise la tradition en proposant un représentation de Vénus, non plus comme une déesse fine, élégante à la beauté idéalisée mais comme une vieille prostituée sortant difficilement de son bain. La description de son corps ne provoque pas l’admiration du lecteur mais plutôt le dégoût, elle ne représente plus la beauté éternelle mais plutôt l’approche de la mort. Cette évocation de Vénus s’oppose en tout point au tableaux de Botticelli « la naissance de Vénus » qui sort majestueusement de l’écume de la mer.

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