“Le théâtre est le premier sérum que l’homme ait inventé pour se protéger de la maladie de l’angoisse.”
Dissertation : “Le théâtre est le premier sérum que l’homme ait inventé pour se protéger de la maladie de l’angoisse.”. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ArtemisFold • 15 Avril 2023 • Dissertation • 848 Mots (4 Pages) • 1 065 Vues
L’art de la scène est depuis toujours un pourvoyeur d’émotions fortes qui soulage l’humanité grâce à sa méthode préventive. C’est en tout cas ce que semble penser Jean Louis Barrault, metteur en scène du 20e siècle, lorsqu’il déclare que “Le théâtre est le premier sérum que l’homme ait inventé pour se protéger de la maladie de l’angoisse.” En d’autres termes, la mise en scène d’événements dramatiques permet de surmonter l’anxiété, de libérer les passions du spectateur de manière inconsciente. Celui-ci n'a plus vu, mais, vécu une pièce, comme s’ils avaient incarné et appris avec les personnages tout au long du spectacle. Cette matérialisation des craintes dans le dessein d’amener une purification des sentiments inavoués se nomme la catharsis, une des principales fonctions de la tragédie dont les auteurs se sont servis tout au long de leur récit. Comment ce remède agit-il et sur qui? Le lecteur évidemment, mais qu’en-est-il alors de l’auteur? Et des personnages? Dans quels genres et pièces littéraires le retrouve-t-on? C'est ce que nous découvrirons dans la suite de ce travail en abordant d’abord l’historique de la catharsis, sa mise en pratique dans la pièce de Racine, avant de se pencher sur les effets désirés sur le long terme.
La philosophie aristotélicienne définit la catharsis comme une “purification, séparation du bon avec le mauvais”. Évoquée au 4e siècle avant Jésus Christ dans une description du théâtre tragique, la catharsis était alors utilisée par Aristote surtout d’un point de vue médical afin de désigner un changement physiologique. Ce n’est plus le cas de nos jours où elle peut également évoquer une épuration morale ou intellectuelle. Le principe de la catharsis est ainsi de faire vivre à travers la scène des personnages dont les passions et les péripéties sont proches de celles des spectateurs. Ces derniers peuvent en conséquence facilement s’identifier et n’éprouveront par la suite plus le besoin d’expérimenter par eux-mêmes l’exercice de leurs passions interdites, voyant directement l’effet qu’elles produisent dans la vie des figures fictives.
Ce principe est employé dans une grande partie des récits théâtraux classiques tels que la pièce Phèdre écrite par Jean Racine. Le tragédie se prêtant particulièrement à cette stratégie d’écriture, l’auteur s’en sert pour servir sa morale qui place la raison au-dessus de la passion. Les actes IV et V où les protagonistes doivent gérer les conséquences de la réapparition inattendue de leur roi Thésée, provoquant par la même occasion la fatale réaction en chaîne, sont les actes les plus habités par la catharsis. Cet effet de style met à ce moment là le spectateur en garde tout en le tenant en haleine. Nous retrouvons également une catharsis évidente dans la scène 7 de l’acte V lorsque le personnage éponyme finit par avouer la supercherie alors que ses heures sont comptées. Elle dit au vers 1644 “Rend au jour, qu’ils souillaient, toute sa pureté”, référence directe à la purification produite par la catharsis. C’est en effet ce que Phèdre provoque en mourant, le rétablissement de la vérité et de l’ordre autant pour l’intrigue que pour le spectateur.
La purification sert également de mise en garde à l’encontre des passions en montrant le destin tragique de toutes
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