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« La compétition des rameurs. », Pierre et Jean, Maupassant

Commentaire de texte : « La compétition des rameurs. », Pierre et Jean, Maupassant. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  28 Janvier 2024  •  Commentaire de texte  •  1 782 Mots (8 Pages)  •  162 Vues

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Correction du commentaire littéraire : Les axes I. II et III.

« La compétition des rameurs. », Pierre et Jean, Maupassant. Chap. I., 1888.

     D’entrée de jeu, Pierre et Jean sont envisagés comme un tout et semblent ne faire qu’un. Tout d’abord, le Duo fraternel forme une unité harmonieuse. Le premier mot du texte, l’adverbe « ensemble », mis en valeur et détaché par la virgule, renforcé par le groupe nominal « d’un même effort » met en évidence l’union des deux frères. De même, le pronom personnel « ils » semble signifier que l’on ne peut les dissocier sans nuire à l’harmonie et à l’efficacité du geste. « leurs forces » en effet s’additionnent et se confondent pour faire avancer l’embarcation qui prend alors un sens symbolique. La barque représente la cellule familiale. Le nom même du bateau « La Perle » évoque une bille sphérique, précieuse et insécable, à l’image de la famille. Mais quand on sait que les mollusques produisent des perles pour se défendre et isoler un corps étranger, on peut aussi penser que ce nom ne présage rien de bon et annonce l’exil auquel Pierre, se croyant rejeté comme un étranger par sa mère, sera contraint.

     Ensuite le deuxième paragraphe, à l’imparfait duratif, marque un retour en arrière et reprend le thème de l’accord parfait, de l’harmonie d’autrefois. L’harmonie de ce duo est mise en avant par le parallélisme syntaxique de certaines phrases « Allons le un, allons le deux » ou encore « celui qui rêvassait tirait plus fort, celui qui s’emballait devenait moins ardent ». Les termes soulignés s’opposent deux à deux pour mettre en valeur la complémentarité des deux frères. Elle est aussi due à la parfaite égalité qui règne entre eux. La subordonnée concessive « sans que personne gouvernât » souligne le fait qu’aucun ne prend le pas sur l’autre. Les ordres du père, qui interpelle tantôt le « tantôt le « deux » favorisent cette entente. Le père Roland apparaît alors comme un facteur d’harmonie important. Par les ordres qu’il répartit équitablement entre ses deux fils, il représente une autorité parfois ridicule comme en témoigne l’expression familière « un peu d’huile de bras » ou le verbe « s’époumoner » qui signifie qu’il n’est guère efficace dans son rôle de commandant de bord. Il est une sorte d’instance qui veille sur le bon fonctionnement de la barque comme l’induit la proposition causale « car Roland préparait les lignes tout en surveillant la marche de l’embarcation ». Elle semble avoir toujours bien fonctionné, tant que les deux frères étaient « seuls avec le père ». Il semble donc qu’il y ait une condition à la bonne entente des frères. L’adjectif « seuls » est mis en évidence comme la condition sine qua non de la bonne entente dans la proposition temporelle « quand ils allaient pêcher seuls avec le père ». A cette proposition temporelle qui renvoie à autrefois, s’oppose l’adverbe « aujourd’hui » qui induit que quelque chose a changé.

     Enfin cette harmonie cède la place à l’antagonisme. Le vocabulaire de la rivalité forme un véritable champ lexical « une lutte, se mesurer, l’un contre l’autre, redoublait de rage, l’avantage, s’animait, s’échauffait, faiblissait, haletait, humilié et rageur ». La lutte est aussi rendue par la comparaison des bras. Les deux propositions juxtaposées « les bras de Pierre (…) ; ceux de Jean » sont symétriques et font ressortir l’opposition morphologiques des deux frères. Ils ont des forces de nature différente : Pierre a une force nerveuse, Jean une force musculaire. L’un est tout nerf, l’autre est tout muscle. Leurs bras sont ainsi à l’image de leur tempérament. L’antagonisme est également souligné par la présence du numéral « deux » qui signale une séparation. Cet antagonisme soudain est dû à la présence de Mme Rosémilly qui crée une rivalité de « mâles ». Même si la veuve n’intervient pas dans la scène, sa présence est rappelée par le complément de but « afin de laisser tout le banc d’arrière aux deux femmes ». C’est bien elle qui est à l’origine de cette joute

     De plus, la lutte est décrite comme un spectacle. Les deux frères cherchent effectivement à se montrer pour se faire remarquer de la veuve. Le verbe « montrer » apparaît deux fois pour « montrer leur vigueur » et « ils allaient montrer leurs biceps ». Elle commence comme un jeu, un peu trivial comme l’indique l’expression « l’orgueil de mâle des deux frères » qui souligne l’aspect animal de ce comportement. Les deux frères se livrent à une sorte de parade. L’expression familière « huile de bras » qu’emploie le père Roland pour désigner la sueur n’a rien de poétique. Elle insiste sur la trivialité de l’effort. Il ne s’agit au départ que de « se mesurer l’un contre l’autre » mais rapidement des termes tels que « rage, nage désordonnée, humiliée et rageur » montrent que le jeu se transforme en un véritable combat d’où se dégage une certaine violence. De même, la description de l’effort met en évidence le caractère spectaculaire et sans merci de cette lutte. On apprend que Pierre a « les dents serrées, le front plissé, les jambes tendues, les mains crispées » qui trahissent sa volonté de vaincre à tout prix. Quant à Jean, il « s’animait, s’échauffait ». La réflexion de Mme Roland « à quoi cela rime-t-il de se mettre dans un état pareil » montre qu’elle a conscience que le jeu a changé de nature. « Le spasme au cœur » dont se plaint Pierre résulte d’un véritable acharnement.

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