Pierre et Jean, Maupassant
Cours : Pierre et Jean, Maupassant. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar louise muller • 19 Juin 2019 • Cours • 4 447 Mots (18 Pages) • 578 Vues
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Eléments biographiques sur Guy de Maupassant (1850-1893) :
- Né le 5 août 1850 en Normandie
- Séparation de ses parents en 1863, Guy reste avec sa mère : Laure La Poittevin, amie de Flaubert
- Baccalauréat obtenu en 1869. Installation à Paris puis études de droit
- Guerre franco-allemande de 1870 (qui le marquera profondément). Maupassant est mobilisé dans l’intendance à Rouen.
- Stupeur et déception face à la défaite française de 1871.
- 1872 : Maupassant devient employé au ministère de la Marine. Loisirs : sport (canotage), fréquentation es guinguettes et des « maisons closes ».
- Débuts en littérature : Flaubert lui donne des conseils et l’oblige à retravailler ses écrits.
- 1875 : 1ère nouvelle publiée : « La main d’écorché ».
- 1877 : Maupassant rejoint le « Naturalisme », école littéraire dont le chef de file est Emile Zola., qui vient de publier « L’Assommoir »
- 1880 : publication du recueil collectif « Les Soirées de Médan », qui comprend 6 nouvelles écrites par 6 auteurs différents. Parmi eux Maupassant. De l’avis général, sa nouvelle est la plus réussie : « Boule-de-Suif » qui assurera la célébrité de son auteur (et sera republié dans un recueil entièrement de Maupassant).
- 1880-90 : Maupassant publie 6 romans et plus de 300 contes et nouvelles. Il vit de sa plume et accumule les succès mais une maladie progresse doucement et sa santé va finir par se détériorer.
- 1892 : à la suite de troubles nerveux et des douleurs, Maupassant est interné à la Clinique parisienne du Docteur Blanche. Il sent la folie le gagner et tente de se suicider. Resté paralysé, il semble avoir rejoint les personnages de certains de ces contes fantastiques (notamment dans le Horla).
- 1893 : décès (il n’a pas encore 43 ans).
Son œuvre :
- Plusieurs recueils de nouvelles réalistes (ex : Boule-de-Suif ; Les Contes de la bécasse ; Les Contes du jour et de la nuit ; Mlle Fifi) ou fantastiques (ex : Le Horla).
- 6 romans
- Une Vie (1883)
- Bel-Ami (1885)
- Mont-Oriol (1887)
- Pierre et Jean (1888)
- Fort comme la mort (1889)
- Notre cœur (1890)
Introduction générale sur Pierre et Jean :
Guy de Maupassant a fait paraître Pierre et Jean dans la Nouvelle Revue (fin 1887-début 1888) puis en volume (1889). Considéré par certains critiques comme le chef-d’œuvre de l’auteur, ce court roman obéit aux thèses du réalisme (caractéristique de Maupassant). Mais c’est aussi un roman d’analyse psychologique. A la demande de son éditeur, qui considérait que l’œuvre était trop courte. Maupassant a rajouté une préface intitulé « Le Roman » dans laquelle il expose ses idées sur ce genre littéraire. A ce stade de sa carrière, Maupassant n’est plus un simple disciple de Zola. Il a largement pris son autonomie comme on peut le voir dans la manière très psychologique dont il traite le sujet de Pierre et Jean.
TEXTE N°12
EXTRAIT N°1 : début du chapitre 1 (= incipit du roman) de « Zut ! » (p.21) à « …un air satisfait de propriétaire » (p.22)
- Un début de roman
Après une présentation, des caractéristiques de cet incipit, du point de vue de la narratologie, nous examinerons la manière qu’à Maupassant de cerner très rapidement les personnages et leurs relations.
- Narratologie
Dans cet extrait, le narrateur est extérieur et son point de vue est omniscient (il connaît les personnages comme sil il était avec eux sur le bateau). Ce ne sera pas le cas dans les chapitres suivants, où le point de vue sera souvent interne. Le temps du récit est le passé simple sauf pour quelques descriptions qui concerne le produit de la pêche et le physique des deux fils. L’emplacement des personnages, est connu : les fils sont à bâbord (=gauche) et tribord (= droite), les femmes sont à côté l’une de l’autre à l’arrière. Le dialogue est très réduit (pêche oblige) et les répliques sont brèves et familières, concernant uniquement la pêche.
- L’aspect réaliste du passage
- La mer joue un rôle important dans le roman. Le fait que l’histoire commence en mer, sur un bateau n’est pas anodin. Il s’agit d’un lieu clos où les personnages souffrent un peu promiscuité (serrer, se gêner les uns des autres = proximité), ce qui semble déjà annoncer qu’ils ne pourront pas rester tous ensemble. Le bateau est un peu le symbole de la famille.
- La réalité est vue par les personnages, les interventions de l’auteur sont rares. Le mot « Zut ! », permet d’entrer dans le récit « in medias res » (= au milieu de l’action) et donne par sa familiarité un élément de vraisemblance. Le début de Pierre et Jean (sera parodié par Alfred Jarry dans sa pièce Ubu roi où le personnage principal entre en scène en criant « Merdre ! »). Le poisson pêché est décrit de façon très précise en faisant appel à tous les sens : « bruit doux des écailles gluantes », « nageoires soulevées », « odeur forte de leur corps ». On remarque aussi un champ lexical de la tranquillité de l’apaisement avec des mots comme « immobile », « assoupie », « mouvements très légers », « air attendri ».
- Les personnages
- Monsieur Roland
La moitié du texte de cet extrait est consacré au père de famille. C’est lui qui est l’initiateur de la sortie en mer, la pêche étant son passetemps favori (il joue au « vieux loup de mer » alors qu’il n’est qu’un bijoutier parisien retraité). Il reproche aux femmes de s’être levées trop tard (misogynie), à cause de quoi il n’est plus possible de faire une bonne pêche. Son amour de la pêche est souligné par un vocabulaire mélioratif au sujet des poissons, ils sont décrits comme « le flot d’argent des bêtes » ; « une saine puanteur » ; « un bruit doux d’écailles… », ; « un coup d’œil bienveillant sur le panier… ». L’allusion à l’argent montre aussi son côté « bourgeois », le poussant à regarder la mer avec un « air satisfait de propriétaire » (derniers mots de l’extrait).
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