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La Bruyère, Les Caractères, Livre VIII, Fragment 74 (1688) : La cour Introduction

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Par   •  22 Janvier 2024  •  Analyse sectorielle  •  1 085 Mots (5 Pages)  •  217 Vues

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Explication linéaire n°2 pour l’Oral du Bac

La Bruyère, Les Caractères, Livre VIII, Fragment 74 (1688) : La cour Introduction 

Livre VIII : « De la Cour » = vaste réflexion sur la société de cour (fréquents séjoursde La Bruyère à Versailles)

La Bruyère reproche aux courtisans leur orgueil, leur hypocrisie, leur manquedemoralité.

Rompant avec les portraits de types sociaux et les courtes maximes, La Bruyèreoptedans le Fragment 74 pour une forme argumentative originale, décrivant la cour commeune contrée lointaine, à la fois curieuse et dépaysante.

Dispositif du « regard étranger » : met en lumière les incohérences d’un petit mondereplié sur lui-même qui ne se rend même plus compte de ses dérives.

- Projet de lecture : En quoi La Bruyère se sert-il d’un regard étrangerapparemment naïf pour faire la satire très informée des courtisans ?

Lignes 1 à 8 : Un « regard étranger » faussement naïf 

- D’abord usage du pronom indéfini « on » à la ligne 1 : apparences de généralitédupropos, qui s’appuie également sur l’usage du présent de vérité générale («parle», « sont »…)

- Adoption d’un regard étranger car la cour devient une « région » (1), donc unpaysà part, inconnu et éloigné, ce qui est assez drôle (La Fontaine parle d’un «pays»dans sa fable « Les Obsèques de la Lionne »)

- Opposition entre les « vieillards » et les « jeunes gens », renforcéeparleconnecteur adversatif « au contraire » (2). Rythme ternaire avec tripleadjectivation « galants, polis et civils » contre « durs, féroces, sans mœursni politesse » en gradation ascendante. La jeunesse est donc décrite à traversdesadjectifs péjoratifs.

- On remarque l’usage abondant de verbes d’état dans le texte : « sont », «setrouvent », « est » : démarche descriptive.

- Les mœurs de ce « pays » sont décrites par opposition à « ailleurs »(3) : apparent dégoût des femmes chez les jeunes hommes et analogie entre l’amouretla nourriture (« des repas, des viandes et des amours ridicules » à la ligne4).

- Critique du fait que les courtisans sont très jeunes blasés par les plaisirsexcessifs : adverbe intensif « trop » (5), adjectif privatif « insipide » (6) (=sansgoût), antithèse « réveiller »/ »éteint » (6-7), superlatif « les plus violentes»(7).

- La dernière phrase du passage montre que La Bruyère, même s’il secachederrière un regard étranger, sort de son apparente naïveté en critiquantlescourtisans : il utilise le mot « débauche » (8) extrêmement accusateur au17e

siècle… Tout le contraire de l’honnête homme, qui est, lui, mesuré. La négationrestrictive met en valeur le substantif « eau-forte », qui n’est autre qu’unacidedestiné à la gravure, c’est dire si certains courtisans sont franchementalcooliques.

Lignes 8 à 17 : La dénonciation du culte de l’apparence 

- Le deuxième passage commence par la périphrase « les femmes du pays »aulieude « les courtisanes » (8). L’effet de distance est de nouveau marqué. Maislechoix des mots est encore satirique : l’expression « précipitent le déclin deleurbeauté » (9) est largement péjorative. Le verbe de jugement « croient »soulignel’aveuglement de ces femmes, qui sans dans l’erreur. Les « artifices » désignentici leur maquillage excessif : cet excès est marqué par l’accumulation des partiesdu corps maquillées (« leurs lèvres, leurs joues, leurs sourcils et leurs épaules»et le verbe « étalent », en plus d’être péjoratif, poursuit cette accumulationavecla gorge, les bras et les oreilles (11).

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