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La Bruyère, Les Caractères, « De la société et de la conversation », 7 : Portrait d’Acis

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Par   •  12 Novembre 2023  •  Commentaire de texte  •  1 233 Mots (5 Pages)  •  140 Vues

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La Bruyère, Les Caractères, « De la société et de la conversation », 7 : Portrait d’Acis

Intro :

  • Au début de l’œuvre, dans le livre V, « De la société et de la conversation ».
  • Tonalité comique, il fait rire et satirique, il critique et se moque
  • Associe critique et satire avec un conseil pour un langage plus simple
  • Utilise Acis comme figure négative pour montrer un modèle de langage plus simple en face

Comment la forme de la remarque permet-elle de mettre ne scène la comédie du langage ?

1re partie : Dialogue fictif qui exprime l’incompréhension entre Acis et le moraliste

  • « Que dites-vous ? […] comme tout le monde ? »
  • Dialogue avec une répartition de la parole inégale, dialogue a sens unique car Acis ne parle presque pas. Il commence par une série de questions pour accentuer l’incompréhension
  • Rythme ternaire dans les premières paroles : 3 questions donc un questionnement qui s’allonge => cadence majeure avec un nombre de syllabes qui s’allonge.
  • Sujets banals évoqués tel que la météo, l’apparence
  • Le moraliste utilise la double énonciation, en effet ses paroles s’adressent non seulement à Acis, mais aussi au lecteur pour l’inclure.
  • Le prénom de « Acis » fait référence à l’Antiquité. En effet LB soutenait les Anciens, et il veut sans doute garder une référence à Théophraste, de qui il s’inspire pour son œuvre. Cette antonomase, utilisé plusieurs fois dans le livre, permet aussi de généraliser le défaut, donc cela permet à LB de se protéger.
  • Encore un rythme ternaire par la suite avec reprise des termes pour montrer la simplicité, il utilise l’impératif de conseil. Cela créer un comique de mot, qui rend Acis ridicule. Le moraliste prône la simplicité des mots, ce qui rejoint le courant littéraire du classicisme
  • Acis répond avec « Mais », un adverbe adversatif pour montrer l’opposition. C’est un contre modèle car « uni » et « clair » sont négatifs pour lui.
  • Acis refuse la clarté du discours et recherche la distinction en parlant autrement.
  • Il y a une inversion ironique des valeurs dans sa première intervention.
  • La réponse du moraliste est une question, ce qui créer une sorte de dialogue de sourd
  • Le verbe « parler » est utilisé deux fois par le moraliste, pour montrer la simplicité du langage.

CONCLUSION 1re PARTIE : Cette première partie est un dialogue marqué par l’interrogation entre le moraliste et Acis, qui fait office de contre modèle. Cela permet d’enchainer sur une critique généralisée du langage savant.

2ème partie : Critique généralisée sous la forme d’un raisonnement inductif

  • « Une chose vous manque […] qui ne signifient rien »
  • Généralisation de la critique aux « Acis », il reproche l’utilisation d’un langage trop savant et la recherche de la distinction, le fait de parler pour ne rien dire.
  • Cette partie est séparée en 2 : ce qui manque aux Acis, et ce qu’ils ont en trop.
  • Il leur manque « l’esprit » et la clarté et cherchent trop la distinction. Le moraliste cherche donc à corriger les excès en se moquant (= « Castigat ridendo mores »)
  • Les « Phœbus » sont des apollons, ils rayonnent et resplendissent, alors que le nom « diseurs » est plutôt péjoratif, cela désigne ceux qui veulent faire des belles phrases, dire de belles choses, un peu comme les Précieuses au Baroque.
  • LB crée un effet de suspens avec la répétition de « une chose vous manque », cela crée aussi un rythme binaire.
  • Le moraliste explique ensuit que c’est l’esprit qui manque aux Acis, cela crée donc un renversement paradoxal car c’est justement ce qu’ils cherchent.
  • Ce que les Acis ont en trop est l’opinion, le sentiment de distinction, c’est à dire l’amour propre. Ils se sentent trop supérieur, sont vaniteux.
  • Le nom « chose utilisé par le moraliste sert à crée un effet d’annonce, avec le terme générique du défaut.
  • Il utilise ensuite le présentatif « voilà », qui permet de résumé et de donner la source du problème. Il suit donc une démarche inductive.
  • Il pointe trois fois la même chose avec un rythme ternaire : « pompeux galimatias », « phrases embrouillées » et « grands mots ». Cela crée un effet d’insistance
  • Le moraliste fini par le mot « rein », pour résumé l’ensemble des Acis.

CONCLUSION 2ème PARTIE : Cette partie est une explication du caractère ainsi qu’une critique généralisée des Acis avec un rythme binaire de ce qui leur manque puis ce qu’ils ont de trop. Le moraliste suit un raisonnement inductif pour le montrer en remontant à la source. Il relance ensuite pour monter un exemple et conseiller Acis, son but étant de le corriger en tant que moraliste.

3ème partie : Mise en situation, conseil du moraliste

  • « Vous abordez cet homme […] que vous en avez »
  • Dans cette mise en situation, le moraliste utilise le présent de narration pour la rendre plus concrète.
  • Le mot « chambre » désigne un salon, donc un milieu noble, à la cour. Ce lieu est aussi un lieu de sociabilité, où Acis et le moraliste sont tous les deux mis en scène.
  • Le moraliste est en miroir d’Acis, il l’observe mais il est aussi dans le monde en action : « Je vous tire par votre habit ». Cela a une dimension plutôt théâtrale, et fait penser aux saynètes, d’origines espagnole. Le moraliste utilise ici une didascalie interne et se place comme le conseiller intime d’Acis.
  • Dans ses paroles, il utilise l’impératif de conseil en commençant par le négatif puis le positif. Il pointe donc les défauts puis les corrige, c’est un condensé du bon moraliste.
  • Dans ce discours direct, les propositions sont juxtaposées, et on a un rythme ternaire avec la plus longue au milieu, l’acmé. La protase est à l’impératif négatif, puis l’acmé est à l’impératif positif, c’est la partie la plus importante dans la phrase. Enfin, le moraliste explique dans l’apodose que s’il se corrige en parlant plus simplement, alors il aura plus d’esprit.
  • Ce discours a une valeur satirique, le moraliste utilise les mots « peut-être » et « croire », l’idée qu’Acis ait de l’esprit reste donc une simple hypothèse.
  • La fin de cette remarque est assez bienveillante, mais c’est aussi un renversement.
  • « C’est votre rôle » : La notion de rôle a une dimension théâtrale, et on comprend ici que le rôle d’Acis dans la société, son image est de ne pas avoir d’esprit, d’être sot. Acis est donc la caricature de quelqu’un qui n’a pas d’esprit mais qui fait semblant d’en avoir un, c’est un bedant qui cherche à étaler son savoir. Pou LB, si on a de l’esprit, on le cache, c’est le principe de l’honnête homme.

Conclusion :

  • Critique et satire du langage pompeux et artificiel de ceux qui n’ont pas d’esprit et font croire qu’ils en ont.
  • Un modèle est opposé au contre modèle d’Acis. Ce modèle utilise un langage simple qui n’étale pas son esprit, c’est donc un honnête homme. Cela montre précisément qu’il en a.
  • La forme de cette remarque est théâtrale, grâce au dialogue, à la prise de parole du moraliste qui fait penser à une tirade, à la mise en situation et à la petite saynète et ses didascalies. Cette remarque illustre bien la comédie sociale mise en scène et joué pas le moraliste.

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