Joël Pommerat, Cendrillon

Pour lecture cursive j’ai choisi de vous parler de Cendrillon de Joël Pommerat. Ce qui m’a particulièrement intéressé dans cette œuvre est la façon dont JP s’est réapproprié le conte de Cendrillon en y introduisant des ressorts psychologiques.

 La pièce nous montre comment peut être perçu le deuil. Sandra n’a pas compris les derniers mots inaudibles de sa mère mourante : elle promet de penser sans cesse à elle pour la garder en vie. “Ma petite fille, quand je ne serai plus là, il ne faudra jamais que tu cesses de penser à moi. Tant que tu penseras à moi tout le temps sans jamais m’oublier… je resterai en vie quelque part.” Elle ne veut pas voir la réalité en face et préfère sombrer dans le déni, ce qui la plonge dans une profonde dépression. Ce n’est qu’à la fin du livre qu’on se rend compte que cela n’était en fait qu’un quiproquo, un malentendu qui a ainsi changé tout le cours de l’histoire. Sandra pourra donc se détourner du passé et retrouver le désir de vivre.

Si Cendrillon accepte les humiliations, de faire toutes les corvées même les pires comme par exemple enlever la graisse incrustée dans le four, racler la cuisinière, en répétant qu’elle les mérite “ça va me faire du bien de  faire ça ”, ce n’est pas parce qu’elle est gentille en soi. Personne ne peut accepter qu’on lui fasse endosser physiquement et moralement autant d’humiliations. Je pense qu’elle accepte à ce point la violence des autres parce qu’elle est en état de choc. Elle est dans une phase de traumatisme et de culpabilité. Elle se punit elle-même, elle préfère souffrir, elle ne se sent pas légitime d’être heureuse alors sa mère est morte.

J’ai éprouvé de la compassion pour le personnage éponyme. Ce deuil que Cendrillon n’arrive pas à accepter et le déni dans lequel elle restera (presque) jusqu’à la fin de la pièce montre à quel point le décès d’un proche peut affecter une personne plus que l’on pourrait le s’imaginer et qu’une personne qui reste dans le déni ne souhaite point voir la réalité en face de peur de trop souffrir. Cela fait aussi réfléchir sur le fait que la perte d’une figure parentale peut avoir de sérieuses conséquences sur l’avenir. En perdant sa mère, Cendrillon se retrouve en pleine quête d’identité, en quête d’elle-même.

Bien que l’auteur ait pris le parti pris de parler du côté sombre du conte, la pièce de théâtre met en scène des situations comique ou burlesque afin de divertir le lecteur et le spectateur, pour rendre le spectacle plus vivant.

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