Cendrillon, Scène 10, extrait de Joël Pommerat (2011)
Commentaire de texte : Cendrillon, Scène 10, extrait de Joël Pommerat (2011). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Pernille Dessert • 3 Décembre 2023 • Commentaire de texte • 1 946 Mots (8 Pages) • 801 Vues
Cendrillon, Scène 10 extrait Joël Pommerat 2011
Parcours : crise personnelle, crise familiale
Explication linéaire
Introduction
L’auteur : dramaturge et metteur en scène contemporain, Joël Pommerat, né en 1963, pratique l’écriture de plateau,
c’est-à-dire qu’il écrit ses pièces à partir des improvisations avec sa troupe, la Compagnie Louis Brouillard. Il a réécrit
plusieurs contes traditionnels en pièce de théâtre, Le Petit Chaperon rouge et Cendrillon, par exemple, en donnant
une version moderne de ceux-ci en lien avec des problématiques actuelles.
Le texte : dans cet extrait, nous voyons Sandra et son père qui essaient de s’intégrer dans la nouvelle famille,
recomposée suite au décès de sa mère et au remariage de son père avec le personnage dénommée « La Belle-Mère ».
La recréation d’une famille s’avère compliquée et dans cette scène 10, nous assistons à la répartition des tâches
ménagères entre les enfants, Sandra et ses deux demi-sœurs, orchestrée par la Belle-Mère. Le traitement de la fratrie
est très inégal et le Père assiste sans s’affirmer à cette scène de maltraitance.
Contexte : Sandra et son père sont marqués par le décès précoce de la maman des suites d’une maladie. Tous deux
essaient de se reconstruire après cet évènement bouleversant.
Mouvements :
1- Une répartition inégale des tâches ménagères l1 à 22
2- L’intervention vaine du père l23 à 38
3- Un père en difficulté l39 à 45
Problématiques : En quoi cette réécriture de Cendrillon met-elle en évidence la tyrannie de la Belle-Mère au sein de
cette famille recomposée ? En quoi cette scène montre-t-elle le poids du deuil tragique qui pèse sur cette famille ?
1/ Une répartition inégale des tâches ménagères l1 à 22
Sandra se trouve dans une situation de maltraitance dès le début de l’extrait : l’énumération de verbes à l’infinitif, l1-2
composée de propositions injonctives liste les tâches que doit accomplir la Très jeune fille. Les tâches demandées à Sandra ne
sont pas à la portée d’une jeune enfant, on observe une situation de domination inhumaine de la part de la Belle-Mère qui ne
fait rien pour accueillir sa belle-fille au sein de sa famille.
Sandra acquiesce à tous ces ordres sans broncher : elle répète « Merci » l3 et 5, comme si elle était inconsciente de la situation
d’oppression que la Mère instaure. En fait, depuis la mort de sa mère, Sandra pense que, sur son lit de mort, celle-ci lui aurait
demandé de ne pas cesser de penser à elle. Elle a d’ailleurs constamment un réveil avec elle, pour l’aider à penser à sa mère à
intervalles réguliers. Lorsqu’elle oublie, elle se sent coupable. Elle trouve juste d’être punie : les tâches ménagères difficiles sont
perçues par elle comme des punitions justifiées.
L4 et 9 : on observe un contraste entre les deux expressions au sujet de la femme de ménage, l4 « à la place » s’oppose à l9
« avec » : la Belle-Mère ne traite pas Sandra comme ses propres filles, qui n’ont qu’un service facile à rendre « trier les magazines »
et qui plus est avec l’aide de quelqu’un. L’injustice est fortement soulignée.
Face à la lourdeur de la situation, Sandra se met à penser à sa mère, en établissant une comparaison avec son passé : l11 Ma
mère… »,on observe que sa mère ne demandait rien et jetait les publicités. La didascalie « assez bas, mais audible » montre que
Sandra ne veut pas vraiment être entendue, elle semble se parler à elle-même comme si elle était ailleurs, son esprit est peutêtre en dehors de cette scène de maltraitance.
Le père, qui assiste à la scène, n’a pas du tout réagi à l’annonce des tâches ingrates infligées à sa fille : l12 et 18, il demande même
à sa fille de se taire. A chaque allusion à sa femme décédée, le père ne défend pas sa fille, il lui demande de se soumettre en
silence. Le père préfère donc confier l’autorité parentale à sa nouvelle femme plutôt que de remplir son rôle paternel, qui
consisterait à protéger sa fille. Sandra se retrouve en position tragique de victime : elle subit le destin qui s’abat sur elle avec le
décès de sa mère et les conséquences gravissimes qui s’ensuivent avec le remariage de son père. Pommerat reprend la structure
du conte de Grimm et Perrault : Cendrillon se retrouve également accablée de tâches domestiques et subit la maltraitance de
sa belle-mère et de ses deux belles-sœurs.
La Belle-Mère semble prise dans un engrenage : elle ne cesse d’ajouter des tâches pour Sandra, de plus en plus horribles. L13 :
« tu ramasseras les oiseaux morts (…) contre les vitres. ». La maison de la Belle-Mère est vitrée, de ce fait, les oiseaux ne pouvant
voir les murs viennent heurter les vitres et meurent. Symboliquement, cette maison n’est pas accueillante, car même les animaux
n’y sont pas bienvenus, rien n’est fait pour que les habitants et la nature vivent en paix et en harmonie.
L15 : la Très jeune fille continue de se soumettre sans manifester la moindre opposition. 2è allusion à sa mère : « Ma mère, elle
aimait
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