Jean de la Bruyère, Caractères, le « Portrait de Giton »
Commentaire de texte : Jean de la Bruyère, Caractères, le « Portrait de Giton ». Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar yasmieriahi06 • 12 Juin 2023 • Commentaire de texte • 1 035 Mots (5 Pages) • 257 Vues
Introduction :
Le « Portrait de Giton » est un extrait des Caractères de Jean de la Bruyère, publiés à la fin du 17e siècle, entre 1688 et 1696, appartenant au mouvement du classicisme qui vise à plaire tout en instruisant. La Bruyère tend à la haute société un miroir satirique dépeignant ses vices : amour-propre, hypocrisie, fausseté, ambition personnelle. Il y aspire à corriger les mœurs par ses maximes et ses portraits plaisants et mondains.
Ce portrait satirique est issu du Livre 6 intitulé « Des biens de fortune ». Dans celui-ci, le moraliste dénonce le l’influence de l’argent sur le physique, la personnalité et les relations sociales.
Le portrait à l’étude est celui de Giton, c’est en quelques sortes une allégorie des fortunés se donnant tous les droits sur les autres.
Comment le portrait satirique de Giton dénonce-t-il la supériorité de l’argent sur la vertu dans la société ?
Le portrait physique :
Les différents textes des Caractères s’ouvrent sur un portrait physique, souvent bref. C’est le cas dans le portrait de Giton. Une phrase, composée d’une longue énumération, suffit à La Bruyère pour dessiner l’apparence physique de son personnage. Cette évocation débute par le visage, puis progresse vers le bas le long du corps pour évoquer la marche, et donc les jambes. Plutôt que de construire un portrait minutieux, La Bruyère préfère mettre en évidence des détails caractéristiques.
Certains sont typiquement d’ordre physique, comme la mention du « teint frais » ou « des joues pendantes ». Le lecteur comprend que Giton doit à sa richesse l’air d’être en bonne santé. Tout évoque l’abondance, voire l’embonpoint, ce que viennent confirmer « le visage plein », les « épaules larges » et « l’estomac haut ». La structure du passage s’appuie sur un nom, puis un adjectif. Elle se répète pour suggérer une accumulation et donner son unité à l’énumération.
Giton apparaît donc comme un personnage physiquement imposant et La Bruyère associe ce physique avec le premier portrait moral, lorsqu’il évoque « l’œil assuré » et « la démarche ferme et délibérée ». C’est donc non seulement la richesse, mais surtout le fait d’être bien nourri qui explique, selon La Bruyère, l’assurance du personnage.
L’attitude de Giton en société :
Le portrait physique glisse ensuite au sociologique quand La Bruyère dépeint les relations de Giton avec les autres : « il parle avec confiance ; il fait répéter celui qui l’entretient, et il ne goûte que médiocrement tout ce qu’il lui dit. »
Le dédain de giton à l'égard de ses interlocuteurs est la première remarque dépréciative du portrait. La répétition du pronom personnel il témoigne de l'égocentrisme de Giton, incapable d'un réel échange avec autrui.
Son excès de confiance le mène à une impolitesse choquante : « Il déploie un ample mouchoir et se mouche avec grand bruit il crache fort loin et il éternue fort haut ». La répétition de l'adverbe intensif « fort » insiste sur la grossièreté de cet homme qui répand aussi largement ses paroles que sa salive. Giton domine donc l'espace social sans respecter la bienséance si importante au 17ème siècle.
De plus, la richesse de Giton ne semble pas le fruit d'un travail abondant comme le souligne le parallélisme avec la répétition du verbe dormir : « Il dort le jour il dort la nuit et profondément ». L’antithèse « jour » et « nuit » a en effet comique et animalise Giton dont la durée du sommeil se rapproche de celle d'un animal.
Le long adverbe « profondément » par ses 4 syllabes s'oppose à la brièveté des monosyllabes qui le précèdent et restitue la paresse de Giton. Le présent de l'indicatif a ici une valeur de vérité générale, il dépeint un homme à la paresse exemplaire.
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