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Jacques Reda, extrait du recueil L’incorrigible (1995)

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Par   •  6 Juin 2023  •  Commentaire de texte  •  1 530 Mots (7 Pages)  •  420 Vues

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ET “Le charpentier”

Jacques Reda, extrait du recueil L’incorrigible (1995)

Le charpentier est un sonnet de Jacques Reda, écrivain français contemporain né en 1929. Poète, écrivain de récits en prose et chroniqueur de jazz, il a été récompensé en 1999 par le Goncourt de la poésie.

Son recueil L' INCORRIGIBLE a été publié chez Gallimard en 1995, il a pour sous titre Poésies itinérantes et familières. C’est de ce recueil qu’est extrait Le charpentier,

que je vais vous lire

LECTURE

Ce poème est un sonnet en alexandrins, un sonnet irrégulier, puisque le poète a ajouté un 15eme vers, un monostiche, à la fin. C’est ce que l’on appelle un sonnet a queue ou sonnet caudé. Le sonnet trouve son origine en Italie, en particulier avec Pétrarque et a été introduit en France par Clément Marot. Sa forme a évolué, passant des décasyllabes aux alexandrins dès le 16e siecle, et continue d'évoluer aujourd’hui. Il a particulièrement inspiré les poètes de la Renaissance, pendant le Grand Siècle et malgré certaines périodes pendant lesquelles il a été un peu boudé (18e), il a inspiré depuis tous les grands poètes en France - des Romantiques aux poètes contemporains - et c’est une des formes fixes les plus utilisées. Forme qui subit régulièrement des modifications, et avec laquelle les poètes aiment jouer. C’est aussi une forme que les poètes ont beaucoup utilisée pour évoquer la figure du poète et sa mission parmi les hommes.

Cela a inspiré notre projet de lecture qui est :

COMMENT REDA RENOUVELLE T IL LA FORME FIXE DU LE SONNET POUR ÉVOQUER LA FIGURE DU POÈTE ET SA MISSION ?

J’ai identifié 2 mouvements à la lecture de ce sonnet.

Le 1er rassemble les 2 quatrains évoque le travail artisanal du charpentier, qui est mis en opposition au travail intellectuel et humble du poète.

Le 2e mouvement rassemble les 2 tercets et le monostiche final / et illustre la thèse du poète, qui met en parallèle les 2 activités et est un plaidoyer pour la liberté poétique.

1er quatrain

Le 1er quatrain débute par le syntagme “ce poème” -> métapoésie

Le déterminant démonstratif ici n’est pas un déictique qui fait référence à un objet, à un poème déjà évoqué, mais bien au poème du présent d’énonciation. Le poème parle donc de lui-même.

Verbe réfléchi s’écrit, avec poème en sujet et en COD du verbe

Poème acteur, qui prend vie à l’instant où le lecteur le lit, cela est renforcé par le présent de narration “s’écrit” -> simultanéité lecture écriture

 Le 1er quatrain évoque à la fois le poème en cours d’écriture, mis en valeur par l'allitération en S CE poème S’écrit Sous v1 puis S’active au Sommet v2 - son fricatif qui évoque le frottement de la plume sur la feuille

ET l’activité du charpentier, présentée comme une activité physique grâce au verbe d’action “s’active” v2 et bruyante grâce au CL des outils v3 CLOUS BROSSES MORTIERS et au terme BRUIT v3, dont le sème est souligné par l’harmonie imitative que l’on entend dans les sons durs, explosifs des consonnes CL, BR, RT.

Cette opposition entre l’allitération en S imitant l’écriture du poète et les sonorités brutales des mots faisant référence au travail du charpentier est accentuée par l’alternance entre les rimes féminines “voisine” et “ usine” qui évoquent le poète, et les rimes masculines charpentier et mortier qui évoquent le charpentier.

Un sonnet régulier aurait un schéma rimique abba dans les quatrains et ici les rimes croisées servent le parallélisme entre le charpentier et le poète.

Le poète invite donc son lecteur à appréhender 2 activités présentées comme différentes, voire opposées dans ce 1er quatrain.

Nous y sommes invités via le sens de l’ouïe, le sens de la vue est évoqué aussi avec l'œil du charpentier v2 et le verbe voir v4.

Le dernier vers du 1er quatrain voit l’apparition de la 1ere personne du SG avec ME, qui fait référence au poète, et qui annonce le 2e quatrain, dans lequel on glisse par un enjambement strophique. La 1ere personne du singulier nous indique donc que le poème évoque le poème en construction, comme déjà dit, et que c’est une expérience personnelle, comme un témoignage ou une confidence, un partage de la part du poète.

Cet enjambement (strophique) crée un lien entre le charpentier et le poète.

Les parenthèses participent à l’impression de simultanéité entre l’écriture du poème par le poète et sa lecture. Comme si le poète ajoutait des détails et que l’on assistait donc au processus d’écriture, au processus d’élaboration du poème.

Processus que l’on retrouvera d’ailleurs dans le 2eme document du corpus et que l’on évoquera pendant la leçon.

Le poète s’interroge sur l’image qu’a de lui le charpentier qui le surplombe.

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