Comment le caractère théâtral de la poésie médiévale se manifeste-t-il dans le Charroi de Nîmes et en quoi peut-il être justifié par la conformité du texte aux trois préceptes des auteurs latins : placere, movere et docere ?
Chronologie : Comment le caractère théâtral de la poésie médiévale se manifeste-t-il dans le Charroi de Nîmes et en quoi peut-il être justifié par la conformité du texte aux trois préceptes des auteurs latins : placere, movere et docere ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar anna848 • 5 Juillet 2023 • Chronologie • 4 448 Mots (18 Pages) • 483 Vues
vPlan
Problématique : Comment le caractère théâtral de la poésie médiévale se manifeste-t-il dans le Charroi de Nîmes et en quoi peut-il être justifié par la conformité du texte aux trois préceptes des auteurs latins : placere, movere et docere ?
Développement :
- La théâtralité au service du public (placere, movere)
Introduction de la partie I
- Le Charroi de Nîmes est adressé à un public sous forme de performance :
- Captatio benevolentiæ
- Annonce du protagoniste
- Fin du prologue
Brève transition
- Caractère théâtral de la composition et de la stylistique de la chanson de geste :
- Composition (forme dialoguée, organisation du texte en laisses)
- Effets de rhétorique théâtrale (/accent sur le pathos)
- Comique
Brève transition
- Le jeu du jongleur / la performance :
- Importance du chant et de la musique
- Effets stylistiques sonores
Transition entre les deux grandes parties : bref bilan de la partie I, introduction du roi et de la propagande et donc de la fonction « éducative » de la théâtralité dans la chanson de geste -> docere
- La théâtralité au service d’une propagande politique (docere)
Introduction de la partie II
- Une relation ambiguë avec la réalité historique au profit de la propagande d’un idéal de société :
- la place du réel et de la vraisemblance dans la chanson de geste
- la chanson de geste, une création littéraire plus qu’un récit historique : dimension merveilleuse, mythe et fiction
Brève transition
- La théâtralité des personnages du Charroi de Nîmes au service de cette propagande :
- La figure modèle de Guillaume d’Orange : personnage mythique et théâtral
- La figure du roi
- Les personnages secondaires
Bref bilan de la partie II
Dissertation
Anna Bessalem
L2 Lettres Modernes SED
Paul Zumthor a souvent souligné la « théâtralité de la poésie médiévale » (La poésie et la voix dans la civilisation médiévale, Paris, PUF, 1984). En avançant des analyses précises, vous examinerez dans quelle mesure Le Charroi de Nîmes illustre cette appréciation (possibilité de parallèle avec l’autre œuvre au programme, Aucassin et Nicolette).
Apparu à la deuxième moitié du XIe siècle, en même temps que la poésie lyrique des troubadours, la chanson de geste constitue l’une des formes essentielles de manifestation de la poésie médiévale. Elle est aussi celle qui représente la matière de France quand le roman courtois représente la « matière de Bretagne » et celle « de Rome ».
Les chansons de gestes sont des poèmes épiques composés en laisses, récits narratifs destinés à être chantés, ils traitent de sujets essentiellement guerriers se situant systématiquement à l’époque carolingienne, le plus souvent du temps de Charlemagne ou de Louis Ier le Pieux.
Le cycle de Guillaume d’Orange est le plus ancien du cycle de Garin de Monglane qui lui-même rédigé entre 1150 et 1160 par un auteur inconnu, constitue le plus vaste de la littérature épique.
Le Charroi de Nîmes, datant de la première moitié du XIIe, raconte la conquête de Nîmes par Guillaume d’Orange qui triomphe des Sarrazins après que le roi Louis Ier dit le Débonnaire n’ait pas pensé à lui lors de la distribution de fiefs.
Paul Zumthor dans La poésie et la voix dans la civilisation médiévale publié en 1984, a souvent souligné la « théâtralité de la poésie médiévale ».
Le Charroi de Nîmes est un exemple typique de la chanson de geste traditionnelle, elle en présente toutes les caractéristiques. A travers ce texte, s’illustre la poésie médiévale et ainsi, s’y manifeste également le caractère théâtral de ce genre.
Aussi, on peut observer dans les intentions du jongleur, une correspondance avec l’ancien précepte des auteurs latins : placere, movere et docere.
Nous verrons effectivement que la théâtralité dans la poésie médiévale soulignée par Paul Zumthor est observable dans Le Charroi de Nîmes d’abord parce qu’elle est mise au service du public auquel le jongleur s’adresse et qu’il vise à satisfaire et émouvoir (placere, movere), ensuite parce qu’elle est mise au service du roi en ce qu’elle contribue à nourrir un idéal de société dont la chanson fait la propagande au public (docere).
On peut qualifier la théâtralité comme étant le caractère de ce qui se prête de façon adéquate à la représentation scénique. Jean Rychner souligne dans La chanson de geste, Essai sur l’art épique des jongleurs, que si « l’art dramatique est appliqué à la scène », « la chanson de geste est appliquée au chant public par un jongleur ». Elle n’existe d’ailleurs que sous forme de performance, la littérature médiévale étant essentiellement chantée ou récitée. La chanson de geste comme le reste de la littérature de son temps, relève donc de l’expression dramatique et de la mise en scène. C’est fort de ce constat que Michel Zink affirme dans Introduction à la littérature française du Moyen-Age, qu’au XIIe et XIIIe siècle « […] toute la littérature française est - peu ou prou – théâtre ».
...