Carnet de lecteur - Cahier de Douai, d'Arthur Rimbaud

Les Cahiers de Douai, Arthur Rimbaud

Biographie d'Arthur Rimbaud

Jean Nicolas Arthur Rimbaud est né le 20 octobre 1854 à Charleville, dans les Ardennes françaises, et mort le 10 novembre 1891 à Marseille. Il est considéré comme l'un des plus grands poètes français, notamment pour son œuvre marquante en prose et en vers, produite essentiellement durant son adolescence.

• Jeunesse et éducation :

Rimbaud grandit dans une famille modeste. Son père, capitaine dans l'armée, abandonne la famille lorsqu'Arthur n'a que six ans, laissant sa mère, Vitalie Cuif, élever seule ses cinq enfants dans une atmosphère rigide. Rimbaud est un élève brillant et montre très tôt des talents exceptionnels pour l'écriture. À l'âge de 15 ans, il écrit déjà des poèmes remarqués, notamment « Le Dormeur du val », où se perçoit son style novateur.

• Période de rébellion et d'errance

En 1871, Rimbaud fugue à Paris, à une époque marquée par l'instabilité politique de la Commune de Paris. Il se lie d'amitié avec Paul Verlaine, et leur relation devient orageuse et passionnelle. Ensemble, ils mènent une vie de bohème à Londres et à Bruxelles. Cependant, leur relation dégénère en violence, culminant en 1873 lorsque Verlaine tire sur Rimbaud et est emprisonné. C'est durant cette période que Rimbaud compose son œuvre maîtresse, Une saison en enfer, un texte en prose marqué par la souffrance et l'introspection.

• Fin de carrière littéraire

À seulement 20 ans, Rimbaud abandonne soudainement l'écriture. Après quelques publications importantes, comme Les Illuminations, il renonce à la poésie. Il part alors pour de longues errances à travers l'Europe, puis l'Afrique et l'Orient. Rimbaud mène une vie d'aventurier et de commerçant, notamment en Abyssinie (Éthiopie actuelle), où il devient négociant en café, armes et autres marchandises.

• Maladie et mort

En 1891, malade d'une infection à la jambe, Rimbaud revient en France pour se faire soigner. On lui ampute la jambe, mais sa santé continue de se détériorer. Il meurt le 10 novembre 1891 à l'âge de 37 ans. Bien que sa carrière littéraire ait été brève, elle a eu un impact immense sur la poésie moderne et le symbolisme. Rimbaud est souvent cité comme une figure révolutionnaire qui a redéfini les codes de la poésie et exploré les frontières du langage.

Bibliographie

1. Poésies (écrites entre 1869 et 1872)

Poèmes célèbres : « Le Dormeur du val », « Le Bateau ivre », « Ma Bohème ».

Ces poèmes sont caractéristiques de son imaginaire audacieux et de son rejet des conventions poétiques classiques.

1. Une saison en enfer (1873) :

Un long poème en prose, considéré comme un chef-d'œuvre de la littérature moderne. Il y explore ses tourments intérieurs, sa relation avec Verlaine, et son rejet de la société et de la poésie.

1. Les Illuminations (écrites entre 1872 et 1875, publiées en 1886) :

Une série de poèmes en prose et en vers libres, marqués par un symbolisme éclatant et des images visionnaires.

1. Lettres dites du « Voyant » (1871) :

Dans ces lettres adressées à Paul Demeny et Georges Izambard, Rimbaud expose sa théorie poétique révolutionnaire, où il se voit comme un « voyant » qui doit accéder à l’inconnu en dérèglant les sens.

Contexte historique

L’écriture des Cahiers de Douai par Arthur Rimbaud en 1870 s’inscrit dans une période tumultueuse de l’histoire de la France, marquée par des bouleversements politiques et sociaux.

La guerre franco-prussienne (1870-1871) :

En juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse sous le régime de Napoléon III. La guerre tourne rapidement en défaveur de la France, qui subit une série de défaites humiliantes, culminant avec la capitulation de Napoléon III lors de la bataille de Sedan en septembre 1870. L'empereur est fait prisonnier, et la Troisième République est proclamée à Paris. Cette guerre, suivie par l’occupation prussienne d’une partie du territoire français, constitue une toile de fond politique pesante pour Rimbaud et les poètes de l’époque.

La Commune de Paris (1871) :

Peu après l'écriture des Cahiers de Douai, la France connaît un autre événement majeur : la révolte de la Commune de Paris, en mars 1871. Cette insurrection socialiste révolutionnaire, qui se termine par une répression sanglante en mai 1871, secoue profondément les milieux intellectuels et littéraires. Bien que Rimbaud soit encore un adolescent, il est sensible aux idéaux de révolte et de rejet de l’autorité qui résonnent avec l’esprit de la Commune.

Ces événements influencent le climat d’incertitude et de rébellion dans lequel Rimbaud compose ses premiers poèmes. Sa jeunesse coïncide avec une période de remise en question des structures politiques, sociales et religieuses

Contexte littéraire

• Le Romantisme tardif :

Le romantisme, encore dominant en 1870 avec des figures comme Victor Hugo et Alfred de Musset, influence fortement Rimbaud. Ce mouvement valorise l’exaltation des sentiments, la nature et l’individualité. Les poèmes des Cahiers de Douai, tels que « Le Dormeur du val » et « Ma Bohème », s’inscrivent dans cette tradition romantique avec des formes classiques comme le sonnet, tout en intégrant déjà des touches de révolte et d’audace.

• Influences parnassiennes :

Le mouvement parnassien, avec Théophile Gautier et Leconte de Lisle, prône la poésie impersonnelle et formellement parfaite. Rimbaud explore brièvement cette esthétique, mais s’en détache rapidement, préférant une poésie plus vivante et provocante, s’opposant à l’approche trop distante des Parnassiens.

• L’émergence du symbolisme :

Rimbaud annonce déjà le symbolisme, qui se développera pleinement plus tard avec Stéphane Mallarmé et Paul Verlaine. Ce mouvement rejette le réalisme et explore l’inconscient et les symboles. Dans « Ophélie », Rimbaud utilise des images symboliques qui préfigurent son approche plus visionnaire et subjective.

• Révolte contre les conventions :

Rimbaud, dès ses débuts, cherche à bouleverser les codes poétiques établis. Dans ses Lettres du Voyant (1871), il théorise le besoin de dérégler les sens pour réinventer la poésie et accéder à de nouvelles visions du monde, idée qu’il développera dans ses œuvres ultérieures.

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