Une saison en enfer, Rimbaud
Dissertation : Une saison en enfer, Rimbaud. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar y.goldwaser • 27 Juin 2023 • Dissertation • 1 971 Mots (8 Pages) • 268 Vues
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- Une saison en enfer est un recueil qui mêle prose et vers écrit par Arthur Rimbaud en 1873. Le livre regroupe et raconte les expériences et les réflexions de l’auteur lors d’une époque de crise personnelle et créative. Il aborde les thèmes suivants : le désespoir, la folie et la quête de sens. L’auteur développe ces concepts en les associant avec des idées plus concrètes comme la religion et l’Eglise, les relations familiales et amoureuses, l’Histoire…On peut sentir à la lecture du recueil une dimension relative au principe de catharsis. Il libère ses pensées profondes, parfois macabres ou illusoires. On peut penser que les réflexions de Rimbaud sont nées de ses multiples voyages, de sa relation amoureuse avec Verlaine mais aussi de ses nombreux désaccords avec les codes de la société du XIX siècle.
- Arthur Rimbaud est un pilier et une figure incontournable de la littérature française. Il propose une écriture pleine d’images frappantes et une densité thématique inégalée. Une saison en enfer va de pair avec des lettres appelées « lettres du voyant ». Il y explique son projet qui est de dérégler tous ses sens, d’aller explorer les imites morales et physiques de l’humain pour atteindre une nouvelle forme de poésie.
- Son génie poétique précoce ainsi que sa brève mais fulgurante carrière sont indéniablement des facteurs de son succès. C’est pourquoi, il est intéressant d’étudier son œuvre.
- « Dressez une liste de thèmes évoqués par l’œuvre. Comment ces thèmes apparaissent-ils évidents aux yeux du lecteur »
- On remarque, sans même une lecture poussée, la forte présence du thème de la religion. Les multiples références à D.ieu et autres symboles de la chrétienté s’enchaînent dans tous les poèmes. Et on observe un positionnement de la part de l’auteur face à ce monde religieux, qui change constamment. Cela trahit une profonde crise identitaire de la part de ce dernier. Dans certains poèmes, il implore toute divinité religieuse. Il invoquera la « Sainte Vierge » et suppliera « D.ieu », à plusieurs reprises de lui accorder sa « pitié ». Il se décrit, notamment dans la fin de « Mauvais sang », comme un chrétien très croyant. Le passage suivant en est la preuve : « D.ieu fait ma force, et je loue D.ieu ».
- Cependant, son rapport à la religion se révèle plus alambiqué qu’il n’y paraît. En effet, dans certains passages il s’identifie comme un adorateur du diable et un barbare. Rimbaud déclare « attendre D.ieu avec gourmandise ». Il associe la présence divine avec l’un des péchés capitaux, quintessence de l’interdit, des vices et du mal pour les chrétiens. Il va même jusqu’à qualifier son catholicisme d’esclavage avec la formulation « je suis esclave de mon baptême ». Cela suggère une haine et un dégout de toute croyance, ce qui est contradictoire avec son propre discours. De plus, Rimbaud se considère comme étant un damné, terme qu’il utilise de façon récurrente dans ses poèmes pour s’autoqualifier.
- De toute évidence, le poète a un rapport complexe et paradoxal avec la religion. Nous pouvons penser que son écriture lui sert à questionner les principes de la morale chrétienne.
- Rimbaud évoque également le concept de la liberté. Il nous pousse à nous poser des questions. Ou se trouve-t-elle ? Existe-t-elle réellement ? Il propose encore une fois des discours assez contradictoires sur ces questions. « Esclaves, ne maudissons pas la vie. » Il suggère donc que lui-même serait un esclave. Son expérience du voyant a constitué une forme d’espoir pour lui de trouver une nouvelle forme de liberté.
- Mais comme il l’explique dans le prologue d’Une saison en enfer, il réalise que la situation était plus enviable avant son expérience. Il ne maudit pas la vie, mais regrette son passé. La liberté est communément associée à des valeurs positives comme la vie. Et son expérience en tant que poète l’a presque tué. C’est une référence à ce qu’on appelle « l’épisode de Bruxelles », où l’amant de Rimbaud, Paul Verlaine, lui a tiré deux fois dessus. On comprend donc que Rimbaud se pose des profondes questions telles que « qui est l’esclave ? » dans sa vie mais aussi dans la société.
- « Avez-vous mis en lien votre œuvre avec d’autres œuvres dont vous avez connaissance ? Lesquelles ? »
- Le parallèle entre Une saison en enfer et Les fleurs du mal de Baudelaire parait évident. De nombreuses références sont présentes dans l’ouvrage. Le principe de « transformer la boue en or » qui est central chez Baudelaire est également présent dans l’écriture de Rimbaud. « Je l’écoute en faisant de l’infamie une gloire, de la cruauté un charme. » Le rejet des valeurs classiques est prégnant dans ce recueil. Il s’ouvre d’ailleurs sur le dégout de « la Beauté », ce qui marque une envie d’aller vers cette boue. Rimbaud écrit sur des thèmes sombres, parfois funestes, souvent liés à la douleur. Lui, comme Baudelaire auparavant puise son inspiration dans ce qu’il y a de mauvais et d’amer afin d’y extraire le beau.
- Cette quête d’une poésie nouvelle au-delà des limites de l’homme fut initiée par Baudelaire lui-même plus d’une dizaine d’année avant la parution d’Une saison en enfer. Il parait donc évident que Rimbaud a trouvé sa source d’inspiration en son contemporain. Il décrira même Charles Baudelaire comme « roi des poètes ».
- En outre, il est intéressant de relever une similarité frappante. Dans Les Fleurs du mal, Baudelaire a, à de nombreuses reprises, recours au thème de la mer pour développer des métaphores. Rimbaud, toujours dans une logique similaire fait de même : « soyons avare comme la mer ». Les interprétations de cette phrase sont multiples mais il est essentiel de relever les analogies entre les deux œuvres.
- La soif de renouveau associé à la désobéissance des codes moraux et sociaux est la raison pour laquelle les deux œuvres nous semblent si proches en termes d’impact et de fil directeur.
- « En quoi la narration de cette œuvre peut paraitre originale ? »
- La forme et la narration d’Une saison en enfer peuvent être qualifiées d’atypiques. Tout d’abord, afin de casser les codes de la poésie classique, Rimbaud écrit majoritairement en prose. Si cela peut nous paraitre anodin aujourd’hui, c’est un acte remarquable au XIXème siècle. Il convient de rappeler que c’est Baudelaire qui amène ce concept au sein de la littérature française. Au milieu de ces poèmes en prose, on retrouve toutefois des poèmes en vers.
- Le recueil est constitué de 9 poèmes, ce qui parait très court pour un recueil entier. Ce recueil, qui se veut dans une démarche de révolte, est sans doute le fruit de l’âme du poète. Sa vie, ses fractures personnelles, ses expériences se ressentent à travers son ouvrage.
- « Votre œuvre obéit-elle à un ordre chronologique ? »
- Si à première vue, l’harmonie peut paraitre discontinue dans ce recueil, on peut y observer une certaine logique. Puisque Rimbaud est au milieu de nombreuses dualités, on retrouve ce paradoxe dans la chronologie du récit et de sa réflexion.
- Lors de la lecture d’Une saison en enfer, le rythme heurté ajoute une difficulté pour le lecteur. En effet, on remarque de nombreux tirets, phrases exclamatives, interrogatives, injonctives. Assez rare en poésie, l’alternance entre ces dispositifs brise tout équilibre et crée une dissonance marquante.
- Le lecteur a alors l’impression que le poète réfléchit et comprend ce qu’il écrit en même temps que d’écrire. Le recueil connait un ordre instauré par Rimbaud lui-même : c’est lui qui a décidé de l’enchaînement des poèmes de façon précise. Pourtant, ce tempo trépident est un signe que l’ouvrage n’obéit pas réellement à un ordre chronologique mais plus à une succession de sentiments de l’auteur. C’est une nouvelle fois le résultat d’une âme tiraillée qui s’exprime de manière brute.
- Néanmoins, en analysant le récit poétique de façon plus approfondie on peut y découvrir une dimension chronologique subtile. En effet, il suffit pour commencer d’examiner le titre du recueil « Une saison en enfer ». Le terme saison nous renvoie directement vers une idée de cycle lié au temps. Une saison obéit à une chronologie : chacune s’enchaine toujours dans le même ordre, elles commencent à la même date tous les ans….
- De ce fait, le recueil suit cette même logique. Il s’ouvre, dans le prologue, sur la description de l’hiver : une saison froide, souvent associée au malheur. Le poète décrit toutes les émotions qu’il traverse au rythme des différents climats. Puis dans le dernier poème, il parle de l’année qui vient de s’écouler et manifeste son étonnement du fait que l’automne soit déjà là. Le temps d’une année entière qui s’est écoulé s’est fait ressentir comme si une seule saison était passée. Et l’auteur retombe dans le cycle qui se reproduit sans qu’on puisse lutter. Il annonce l’arrivée de « l’hiver, qu’il redoute ». On peut penser par analogie, que l’année représente, en réalité, la vie de Rimbaud. L’hiver correspondrait donc à l’abandon dans tous les péchés, le printemps à un espoir de renouveau, l’été à un effort pour sortir de ce désespoir. Enfin l’automne représente la retombée, la prise de conscience de l’échec.
- « Donnez une ou deux émotions que vous avez éprouvées à la lecture de cette œuvre. »
- Plusieurs émotions nous parcourent à travers de la lecture du texte de Rimbaud. Tout d’abord, on ressent une certaine incompréhension face au texte. N’étant pas habitué à une telle sorte d’écriture, il est difficile de s’imprégner du texte et de le comprendre. La poésie en prose, les thèmes abordés comme le dégout et le rejet du bien chez l’humain est presque contre nature pour le lecteur. Mais après, une lecture poussée et de nombreuses recherches il est possible de trouver une issue pour comprendre et interpréter ces écrits. La quête de Rimbaud est fascinante, et si on ne souhaite pas forcément suivre la même trace, il est intéressant d’étudier et de respecter l’auteur. Le contexte littéraire et social dans lequel il évolue sont également des facteurs à prendre en compte lors de la lecture.
- Et une fois en connaissance de ces éléments, il est possible de développer une forme d’admiration pour ce travail littéraire. La force des images, la qualité et la justesse des propos développés sont stupéfiantes. Elles le sont encore plus étant donné l’âge de l’auteur. En effet, Arthur Rimbaud a seulement 19 ans lors de la parution de son recueil. Le génie littéraire qu’il exploite si jeune est fascinant.
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