Prologue Une Saison En Enfre Arthur Rimbaud
Mémoires Gratuits : Prologue Une Saison En Enfre Arthur Rimbaud. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar sexy_sarah • 11 Juin 2013 • 1 918 Mots (8 Pages) • 5 354 Vues
Prologue
"Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.
Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. - Et je l'ai trouvée amère. - Et je l'ai injuriée.
Je me suis armé contre la justice.
Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c'est à vous que mon trésor a été confié !
Je parvins à faire s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine. Sur toute joie pour l'étrangler j'ai fait le bond sourd de la bête féroce.
J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appelé les fléaux, pour m'étouffer avec le sable, avec le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie.
Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot.
Or, tout dernièrement, m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac ! j'ai songé à rechercher le clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.
La charité est cette clef. - Cette inspiration prouve que j'ai rêvé !
"Tu resteras hyène, etc...," se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. "Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux."
Ah ! j'en ai trop pris : - Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée ! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l'écrivain l'absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache des quelques hideux feuillets de mon carnet de damné.
Arthur Rimbaud, Une Saison en enfer, 1873.
Une saison en enfer :
• écrite en 1873
• lors d’une période troublée de la vie de Rimbaud. Période qui s’achèvera sur le plan personnel par l’emprisonnement de Verlaine qui l’a blessé légèrement en lui tirant dessus le 10 juillet 1873 et sur le plan littéraire par la rédaction et la publication de ce recueil, le seul publié par Rimbaud. Si ce recueil semble être l’expression d’une révolte personnelle et identitaire, il est surtout remis en question de l’idéal poétique qu’il avait exprimé à travers ses poèmes.
• Une Saison en enfer se compose de neuf textes : le premier sans titre « Jadis si je me souviens bien », puis « Mauvais Sang », « Nuit de l’enfer », « Délire I », « Délire II », viennent ensuite « L’Impossible », « L’Eclair », « Matin », « Adieu ».
• Le titre « Prologue », est un problème car il y a des prologues dans des pièces de théâtre et non pas dans des poésies.
• Nous verrons que le prologue d’Une Saison en enfer est l’occasion de renier le paradis pour réclamer la damnation, damnation qui se fera par le recueil.
Analyse :
1) Les différents genres littéraires présents et leurs portées :
a. Une prose en quête d'effets poétiques :
• Disposition étrange : 11 versets très courts qui contiennent rarement plus d'une phrase : Texte en prose mais fréquents alinéas rappelle la composition des vers libres en poésie
• Syntaxes rythmiques et phonétiquement mélodieuses : 'où s'ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient' : chiasme, 6 syllabes dans chaque proposition et assonance en "ou"
• Alexandrin 'un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux'
• Figures style : métaphores ('bond sourd de la bête féroce'), parallélismes, anaphores ('Je me suis...')
• Plusieurs allégories comme 'trésor' représente âme, spiritualité, conscience que Rimbaud confia à deux 'sorcières' qui sont en fait misère et haine
• Apostrophes, interjections, phrases !
b. Le dramatique issu du théâtre :
• Présence d'un dialogue théâtral car il y a des tirets : discours entre je et son démon qui tend à être tragique
• Apostrophes, interjection, phrases exclamatives aussi trait des pièces
• Expressions familières ('dernier couac, j'ai joué de bon tours'), propositions sans verbe conjugués ('Mais, cher Satan..., une prunelle – irritée !) : le style oral renforce la volonté de dramatiser le texte en le théâtralisant afin de toucher le lecteur par la spontanéité et la simplicité des répliques.
c. Un préambule de récit autobiographique :
• Il y a une dédicace (à Satan)
• 'ces quelque feuillets de mon carnet de damné' annonce le genre d'un récit parlant de soi
• Fragment de vie de Rimbaud : la présence du je, une chronologie sélective des souvenirs, des écarts temporelles ('Jadis, un soir')
•Histoire de sa personnalité où il va tenter d'éclairer par un retour au passé, des événements récents de sa vie
• Indications ressortent vraisemblablement d'expériences personnelles ('me suis armé contre justice, joué bons tours à folie, étant trouvé sur point faire dernier couac') doivent faire allusion à des faits, des accidents, ou des états que Rimbaud à du connaître
• Phrases brèves, simples et ponctuation expressive (points d'exclamations, tirets fréquents) font penser à un tâtonnement de la pensée faisant le bilan introspectif de périodes vécues
==> En clair, pour bien comprendre tout ce que Rimbaud relate, il est nécessaire de se référer à sa biographie dans différents genres littéraires poésie, théâtre, autobiographie.
2) Un panorama de la vie de l'auteur :
Le
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