Arthur Rimbaud, une saison en enfer, « Alchimie du verbe »
Commentaire de texte : Arthur Rimbaud, une saison en enfer, « Alchimie du verbe ». Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar alyssia.sle • 23 Octobre 2022 • Commentaire de texte • 1 664 Mots (7 Pages) • 1 136 Vues
« Délires II » : Analyse linéaire n°5
Arthur Rimbaud, une saison en enfer, « Alchimie du verbe » (début)
Introduction
- « Une saison en enfer » se présente comme le récit du combat qu'a livré Rimbaud pour trouver sa voie dans la vie et au fond son identité → seul texte que Rimbaud a lui-même publié.
- Comme Rimbaud lui-même l'écrit à la fin de son manuscrit, « Une saison en enfer » a été rédigé dans les moments les + sombres de sa vie → l'exil londonien et la dispute où Verlaine blessa Rimbaud d'un coup de feu.
- C'est à cette époque que le poète s'habitue à « l'hallucination simple », qu'il trouva « sacré le désordre de son esprit », bref qu'il exploita « tous les sophismes de la folie qu'on enferme ».
- Cette section d'« une saison en enfer » semble retracer l'expérience de la voyance, terme par lequel Rimbaud désigne la pratique poétique.
- La 2e partie de « Délires » porte un titre « Alchimie du verbe ». Elle raconte l'histoire poétique de Rimbaud.
- Nous sommes ici au début de cette section et Rimbaud décrit les caractéristiques de la poésie qu'il entend créer, la poésie, selon Rimbaud, fondée sur des expérimentations d'états proches de la folie mais pour ainsi maîtrisés, inspirée par des souvenirs d'enfance et des rêves, repose sur un langue nouvelle libératrice de sensations inédites.
- Nous étudierons le titre et la première phrase du poème, qui fixent le contexte du passage. Nous verrons ensuite les 2e, 3e et 4e paragraphes, qui exposent les différentes sources d'inspirations de Rimbaud. Nous étudierons après les 5e et 6e paragraphes, qui caractérisent les expériences poétiques vécues par le poète.
I - le titre et le 1er paragraphe : présentation lapidaire des enjeux de la section
- Le titre « Alchimie du verbe » ne contient pas de déterminant : Rimbaud ne se place ni dans la généralité ni dans le cas particulier.
- Ici, Rimbaud donne un langage, le verbe, qu'il faut entendre comme le langage poétique.
- Par les sortilèges de ce « verbe » que lui-seul est capable d'inventer, le poète pourra transformer la vie-même pour en extraire des expériences inédites.
- La phrase est typiquement rimbaldienne → phrase très courte, abrupte et polysémique ; avec la suivante, elle constitue une entrée en matière.
- Cet « A moi » marque la prise de parole impérieuse du poète → ces 2 mots peuvent aussi se comprendre en fonction de la phrase suivante : ils marqueraient le récit « d'une de ses folies ».
- On pourrait ainsi, en paraphrasant, traduire : elle est bien à moi, l'histoire d'une de mes folies, je la revendique.
- Dès le début, le texte est marqué par une forte présence de la Ière personne : tout le texte le confirmera ; nous avons affaire à une confession, essentiellement personnelle et subjective.
- La 2e phrase énonce le sujet de la section « Délires II » « l'histoire d'une de mes folies » annonce le récit d'une crise existentielle et poétique qu'a connu Rimbaud et dont il s'est sorti puisqu'il en raconte l'histoire
- Le mot « folie » désigne en premier lieu le délire, mais peut aussi, dans un sens atténué et + large, exprimer une expérience, une aventure extrême dans laquelle on s'est lancé (par ex l'expression « faire une folie »).
Il - Les différentes sources d'inspiration
A. le 2e paragraphe : richesse du poète : ses refus
- Ce paragraphe se compose d'une seule phrase faite de 2 propositions coordonnées par une virgule et par la conjonction « et ».
- Dans la première proposition, Rimbaud avoue, avec une pointe d'arrogance (« je me vantais »), avoir « possédé tous les paysages possibles » → cette affirmation est très exagérée.
- Par l'expérience de la folie, Rimbaud s'est rendu capable de créer en lui-même un monde d'images entièrement libérées.
- Le verbe « posséder » est particulièrement fort → en effet d'habitude, on ne possède pas des paysages, on ne peut que les voir ; il s'agit donc peut-être de paysages imaginaires.
- La 2e proposition expose à l'imparfait des refus, exprimés par l'adjectif péjoratif
« dérisoires »
- Ces refus portent sur 2 domaines de l'expression artistique : la « peinture » et la « poésie moderne » → R se détache donc des « célébrités » pour emprunter un chemin solitaire.
=> Poète s'est détaché des routines de la poésie de son temps pour inventer une poésie nouvelle.
B. le 3e paragraphe, les goûts de Rimbaud : ses sources d'inspiration
- Ces goûts sont annoncés dès les premiers mots du paragraphe avec « j'aimais », toujours à l'imparfait.
- Suit une énumération de 15 objets de prédilection, marqués par des souvenirs autobiographiques issus de l'enfance du poète.
- Mais, jusqu'au point-virgule, tous les éléments énumérés renvoient à la vue : « peintures/dessus de porte/décors/toiles/enseignes/enluminures » = tous ces termes renvoient au vocabulaire de la peinture, de la décoration théâtrale ou de l'illustration publicitaire.
- « enluminures » fait transition avec le 2e domaine envisagé : la lecture, la littérature énuméré après le point-virgule : « littérature/latin d'église/livres érotiques/romans de nos aleules/ contes de fées/petits livres de l'enfance » → nous remarquons que ces termes sont placés dans un ordre qui semble remonter la chronologie de la vie du poète jusqu'à son enfance.
- Tandis que les derniers termes de l'énumération font référence à l'ouïe puisqu'ils renvoient à la musique : « opéras/refrains/rythmes » → nous remarquons que là aussi il y a un ordre : nous passons de l'expression musicale la + élaborée à la + simple
- L'auteur exprime ici une prise de recul, il marque une distance avec ses goûts.
- Mais ce n'est qu'une posture et derrière ces termes sarcastiques se cache de la tendresse.
=> Tous les éléments cités ont le charme de la naïveté populaire (un caractère vieillot et mystérieux) et ils renvoient à des œuvres susceptibles de susciter le rêve et le dépaysement.
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