Rire et savoir : Gargantua de Rabelais, chapitre 6 : la naissance de Gargantua
Commentaire de texte : Rire et savoir : Gargantua de Rabelais, chapitre 6 : la naissance de Gargantua. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar eloise.grandi • 8 Janvier 2024 • Commentaire de texte • 1 665 Mots (7 Pages) • 522 Vues
Parcours : Rire et savoir
Gargantua Rabelais
Texte 1 : chapitre 6 : La naissance de Gargantua
De “Peu de temps après...” à “...par l’oreille.”
Introduction :
Gargantua est une œuvre originale et inclassable écrite par Rabelais auteur humaniste en 1534 (version définitive 1542). C’est à la fois un roman, une biographie, un conte merveilleux, une œuvre comique et philosophique, un modèle d’un rire sain, d’un esprit satirique, de la gaité et de la richesse de la langue française. Gargantua est un géant appelé à la suite de son père Grandgousier a régné sur le val de Loire (pays d’Utopie). Dans ce texte étudié, chapitre 6, alors que Grandgousier et sa femme Gargamelle enceinte de Gargantua offrent un pique-nique géant à leurs amis et festoient avec eux de “grands plantée de trips”, Gargamelle a des douleurs au ventre : la naissance de Gargantua est l’occasion d’une scène de farce à la fois comique et satirique. Comment Rabelais renouvèle-t-il le thème de la naissance du héros ?
Les mouvements du texte pourraient être les suivants :
- Paragraphes 1 et 2 : un diagnostic erroné
- Paragraphes 3 et 4 : la naissance carnavalesque de Gargantua
- Paragraphes 5 et 6 : le commentaire ironique de Rabelais
Explication linéaire :
- Un diagnostic erroné
Paragraphe 1 : Dans cette partie, R va présenter d’abord la méprise sur les douleurs éprouvées par Gargamelle dans une scène assez grossière. La situation est la suivante : Gargamelle a mangé trop de trips lors du pique-nique organisé par son mari et comme R nous présente une gradation de verbes “elle commença à soupirer, à se lamenter et à crier” les sages femmes vont commencer par confondre les douleurs de la colique par les douleurs de l’enfantement. R va traiter cette douleur de manière comique et scatologique (pour faire rire du corps). Tout d’abord, il va exagérer, joué sur l’hyperbole avec l’arrivée des sages femmes qui “vinrent de tous côtés” de manière inopinée (imprévue), comme un essaim (groupe) sorti de nulle part et R insiste sur leurs gestes, les gestes de l’analyse médicale et de la déduction “la tâtant vers le bas, elles trouvèrent...elles pensaient”. Donc elles font un mauvais diagnostic, elles pensaient que c’était l’enfant mais ensuite R fait une antithèse avec le “mais” pour montrer leur erreur qu’il traite de manière burlesque. “Le fondement qui lui échappait”, “relâchement de l’intestin”, “peau d’assez mauvais goût”, on est dans l’obscénité mais R nous montre de manière beaucoup plus sérieuse une certaine critique de la médecine de son époque puisque les sages femmes ne sont pas capables de faire un bon diagnostic, cela se voit avec le vocabulaire de l’hésitation “quelques”, “assez”, alors que lui R emploie un vocabulaire technique, médical, précis dans sa parenthèse “suite au relâchement de l’intestin que vous appelez le boyau culier”. R a été médecin et il en profite donc pour citer un vocabulaire anatomique qui met en valeur de manière nouvelle le corps vu de l’intérieur. Finalement, derrière le langage populaire, scatologique il y a une manière toute-à-fait sérieuse de réhabiliter le corps et de critiquer la médecine de l’époque, en donnant une mauvaise image des sages femmes comme on le voit dans le paragraphe 2 ce qui s’oppose au Moyen-âge car à l’époque c’était un sujet tabou.
Paragraphe 2 : La sage-femme principale est décrite comme une “affreuse vieille de la compagnie” dont R doute de la réputation puisqu’il se moque d’elle et de ses origines : “venue de Brize-Paille près de Saint-Genoux" deux noms de villages inventés faisant allusion à un proverbe ancien jouant sur un jeu de mots “se mettre à genoux sur la paille” qui indique que les personnes de ses villages sont des débauchés. De plus, R montre les mauvais remèdes utilisés avec un vocabulaire péjoratif et hyperbolique : “un astringent si extraordinaire”, “ses sphincters en furent oppressés et resserrés” pour montrer la souffrance et l’écart entre la colique et l’effet du remède. Enfin, après avoir parlé du corps en tant que savant, R fait une allusion, une comparaison grossière en s’adressant directement à son lecteur “vous” qu’il prend en témoin : “au point que vous les auriez élargis à grand peine avec les dents”. On est dans du comique de situation très imagé et donc il compare cette situation grotesque avec une légende racontée dans le mystère de la vie de Saint-Martin où il fait allusion au diable. R crée une petite complicité avec le lecteur et dans ce paragraphe on est à la fois dans l’humour grossier mais aussi dans la culture du Moyen-Age. On a donc un aspect réaliste, médical mais aussi un aspect merveilleux où l’on mélange la mère géante les gens normaux (les sages femmes) dans une scène invraisemblable, d’encrage de personnages farfelus dans la réalité.
- La naissance carnavalesque de Gargantua
Paragraphe 3 : C’est une naissance par l’oreille gauche, c’est une naissance à l’envers, dans un monde à l’envers, principe du carnaval : univers de l’échange des rôles, avec la même fonction : recréer le chaos originel pour permettre à une vie nouvelle de repartir, c’est une célébration de la vie, signe de libération la plus grossière c’est la naissance du monde de l’humanisme. Gargantua étant empêché de passer par le bas, les sphincters sont bouchés, il doit prendre un autre chemin anatomique, labyrinthique, que Rabelais souligne là encore de manière savante et technique : “les cotylédons de la matrice”, “ la veine cave”, “diaphragme”. Il choisit des verbes qui montrent que le chemin n’est pas facile, c’est une épreuve pour l’enfant : “ jaillit”, “ entra”, “ gravissant”, “prit son chemin”, “sortit”. Le petit G est le sujet de tous ces verbes, ce sont des verbes de volonté, on a l’impression que F fait tout par lui-même et il décide son sort. Avec cette naissance extraordinaire, R provoque le lecteur et l’oblige à réfléchir à d’autres naissances célèbres (cf : naissance du Christ, d’Athéna : du front de son père) cela crée une confusion dans l’esprit du lecteur. R élimine les naissances traditionnelles, à l’ancienne et cela débouche sur G, symbole d’un nouveau monde.
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