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Les Fourberies de Scapin (1671), acte III scène 2, de Molière

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Par   •  11 Novembre 2023  •  Analyse sectorielle  •  1 714 Mots (7 Pages)  •  163 Vues

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LES FOURBERIES DE SCAPIN (1671), acte III scène 2, de Molière

Introduction :

Molière, qui renouvelle le genre de la comédie, emprunte des éléments à des sous-genres tels que la farce du Moyen-Âge ou le genre apprécié de Louis XIV qu'est la Commedia Dell'Arte. Le spectateur distingue ces 2 inspirations dans les fourberies de Scapin créées en 1671. Le nom de scapin renvoie aux Vallées comiques Scarpino du théâtre italien et le mot de fourberie désigne le double jeu et les ruses du personnage, digne de celles de la farce et qu'il va imaginer contre son maître Géronte afin d'empêcher les projets de mariage. L'extrait à l'étude tirée de l'Acte 3 - scène 2 présente un bon exemple d'une des fourberies du Valet : Pour se venger de lui, il l'a précédemment averti qu'il était recherché. C'est pour mieux l'enfermer dans un sac et ensuite lui afficher une bastonnade par le biais d'un spadassin qu'il joue.

En quoi assiste-t-on dès lors à une scène farcesque dans lequel scapin montre des talents de metteur en scène et de comédien ? Le spectateur s'amuse en effet d'une inversion de rôle (jusqu’à la ligne 26) et ensuite d’une mise en abyme dans laquelle Scapin joue avec profit un double -jeu.

I – Scapin devient tout d’abord maître du jeu et met en place une fourberie dont son maître est la victime naïve

Les deux impératifs de la première réplique : « montre-toi » et « ne m’abandonne pas », accentué par la prière « je te prie », montrent déjà une inversion des rôles : scapin qui doit devenir « serviteur zélé » est le sauveteur d’un maître implorant. Le valet, quant à lui, prend immédiatement le masque de ce que Géronte veut qu’il soit.

« J’ai une tendresse pour vous qui ne saurait souffrir que je vous laisse sous secours » est une belle antiphrase ; le spectateur sourit d’une telle hypocrisie dont il se fait le complice. Il s’ensuit une promesse de récompense de Géronte accentué par la formule d’insistance : « Je t’assure » (ligne 5) et qui est comique quand on lit la proposition subordonnée temporelle « quand je l’aurai un peu usé » (ligne 6). Elle contredit la promesse d’une belle récompense et montre l’avarice d’un maître jamais pleinement généreux.

De plus en plus dans la scène, le valet prend de l’ascendant sur son maître. Scapin fait tout pour capter l’attention et l’obéissance d’un Géronte de plus en plus naïf. Le langage de Scapin est celui de l’ordre comme le montrent l’impératif : « Attendez » (ligne 7) et la tournure « il faut que … » (ligne 8).

Dans la tournure présentative »voici une affaire que je me suis trouvée fort à propos… », le pronom personnel « me » est comique. Il indique que « l’affaire », c’est -à-dire la ruse, à davantage d’intérêt pour le valetque pour son maître (sinon la 2eme personne du pluriel « vous » aurait été utilisée).

L’ordre de se mettre dans un sac provoque la crainte irraisonnée de Géronte. La didascalie « croyant voir quelqu’un » et l’interjonction « Ah ! » témoignent de ce comique de caractère. Le valet redouble alors d’autorité pour mettre Géronte dans le sac.

La répétition de la négation « Non, non, non, non, ce n’est personne » (ligne 11) et la tournure « il faut » accentuée par l’incise « dis-je » montrent son empressement à l’accomplissement d’une ruse qu’il expose avec le plus grand mépris à l’égard d’un maître rabaissé à l’état d’objet.

Le fait que Géronte ne doivent pas bouger, Les verbes au futur, « je vous chargerai », « je vous porterai » (ligne 13 et 15) qui s'applique aux choses, et enfin la coopération comique « comme un paquet de quelque chose » (Ligne 14) sont significatif. Le maître est entre les mains du valet.

La réplique suivante « L'invention est bonne » et d'autant plus drôle que Géronte, crédule et craintif, n'y trouve rien à redire.

Avant que la bastonnade n'ait lieu, scapin est plus ironique et impératif que jamais. Il s'agit de faire rentrer les maîtres dans le sac rapidement, tout en se moquant de lui. L'hyperbole « la meilleure du monde » (ligne 19) répondant à la réplique précédente est ironique. L'invertion le sera pour Scapin et non pour Géronte.

L’aparté « tu me paieras l'imposture », Menace à la 2e personne du singulier, dévoile le double-jeu du valet, faussement serviable à l'égard de son maître et qui cherche la complicité du public à qui il dit ses véritables intentions. L'interjection, interrogative « Eh ! » (Ligne 21) indique que Géronte ne comprend pas l'aparté. Il est décidément le naïf dindon de la farce !

 Les derniers impératifs dans la bouche de Scapin, « mettez-vous bien jusqu'au fond et surtout prenez garde » (Ligne 23) achève de persuader un maître réduit comiquement à un paquet et l'impératif prononcé par Géronte ligne 26 : « Laisse-moi faire » est d'autant plus risible qu'en réalité il ne peut rien faire, il se laisse faire par un scapin qui a pris le contrôle.

Dans ce carnaval qu'est la comédie, le spectateur ne peut que rire de voir rabaisser celui qui détient l'autorité et à l'inverse de voir mis sur le devant de la scène grâce à son jeu, celui qui devait obéir. Scapin devient ensuite le comédien capable d'endosser un rôle pour se jouer de son maître.

II – mise en abyme dans laquelle Scapin joue avec profit un double -jeu.

Scapin est un personnage de Commedia Dell'Arte par excellence, car il est le valet plein de vie, capable de jouer plusieurs rôles. Sa ruse constitue une mise en abyme (C'est-à-dire qu'il y a du théâtre dans le théâtre) dans lequel il assouvit sa vengeance tout en se faisant passer pour le « serviteur zélé » auprès de Géronte.

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