La première gorgée de bière de Philippe Delerm : en quoi l’auteur offre une description poétique de la première gorgée de bière ?
Commentaire de texte : La première gorgée de bière de Philippe Delerm : en quoi l’auteur offre une description poétique de la première gorgée de bière ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Marie-Julie Brenner-Lesueur • 10 Juin 2023 • Commentaire de texte • 1 231 Mots (5 Pages) • 525 Vues
Lecture linéaire n°12
La première gorgée de bière de Philippe Delerm
Introduction
Philippe Delerm écrit ses premiers textes en 1976 mais son premier roman La cinquième saison est publié sept ans plus tard. La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules connait un immense succès en 1997. Son écriture se consacre à la restitution de petits plaisirs du quotidien. Il rend compte du bonheur procuré par des actions banales. Parce que ses textes sont courts, très poétiques, témoignent d’un travail sur les sonorités, nous pouvons les présenter comme des poèmes en prose. Dans le texte La première gorgée de bière, Philippe Delerm décrit la joie suscitée chez celui qui porte à ses lèvres la première gorgée de bière et l’amertume qui accompagne les autres gorgées.
Lecture du texte
Problématique : nous nous demanderons en quoi l’auteur offre une description poétique de la première gorgée de bière ?
Mouvements :
1er mouvement (l. 1 à 3) : les autres gorgées
2ème mouvement (l. 4 à 9) : la description poétique de la première gorgée de bière
3ème mouvement (l. 10 à 17) : la nostalgie de l’auteur
Explication linéaire
L. 1 : le texte débute par une phrase brève. L’auteur met en exergue l’importance de la première gorgée. Pour cela il va évoquer les gorgées qui lui succèdent. Nous pouvons noter qu’il utilise le singulier pour évoquer la première gorgée « la seule » alors qu’il désigne les autres gorgées par le pluriel « les autres ». Il désire montrer au lecteur la dimension singulière, unique de cette première gorgée. Le parallélisme de construction « de plus en plus longues, de plus en plus anodines » propose une image péjorative des autres gorgées.
L. 2-3 : l’adjectif « tiédasse » rend compte de cette sensation désagréable laquelle est accentuée par les sonorités en P, T et D. La longueur de cette deuxième phrase suggère la lassitude qui s’est emparée de celui qui boit une bière. L’auteur rapproche la première et la dernière gorgée de bière. Néanmoins, l’adverbe « peut-être » et le substantif « un semblant » expriment le doute de l’auteur. Il est vrai que tout parait être illusoire dans cette dernière gorgée. Les points de suspension rendent audible le silence de l’auteur.
L. 4 : l’auteur nous invite à suivre le voyage, le parcours de cette gorgée. L’adverbe « avant » nous pousse à reconsidérer le substantif « gorgée » car l’auteur le met en évidence. C’est sur les lèvres que le charme opère.
L. 5 : cette gorgée est décrite par le biais d’une écriture très poétique. Il est vrai que les deux métaphores « or mousseux » et « fraicheur amplifié par l’écume » donnent à la bière un caractère presque extraordinaire. Elle est comparée à un métal précieux. L’auteur sollicite les sens du lecteur : la vue et le gout. Il tente de faire revivre notre souvenir en mettant en éveil nos sensations. Nous arrêtons ensuite sur le « palais ». L’adverbe « lentement » exprime à la fois le fait que la première gorgée de bière glisse comme au ralenti sur notre palais mais nous encourage aussi à la savourer car elle est unique mais surtout éphémère. L’antiphrase « bonheur tamisé d’amertume » indique qu’il est destiné à disparaitre puisque le bonheur s’estompe peu à peu pour laisser place à un sentiment négatif.
L. 6 : la phrase exclamative traduit l’émerveillement de l’auteur. Il crée une forme de magie autour de cette première gorgée. Cependant le champ lexical de la rapidité « tout de suite » et « avidité » contraste avec cette lenteur. Le geste est vif mais le chemin parcouru par la bière est long.
L. 7-8 : c’est une gorgée qui brille par sa perfection comme l’indique la double négation faite par la conjonction de coordination « ni ». Les deux groupes nominaux « l’amorce idéale » et « le bien-être immédiat » mettent en exergue un équilibre parfait. Il faut aussi noter que le rythme ternaire « un soupir, un claquement de langue, ou un silence qui les vaut » fait l’esquisse des diverses habitudes des consommateurs après la première gorgée de bière. L’allitération en T qui rythme toute la phrase reproduit en écho le claquement de langue de l’auteur satisfait à la suite de la première gorgée.
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