La Bruyère, Les Caractères (V-X)
Commentaire d'arrêt : La Bruyère, Les Caractères (V-X). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar hyba.faryssy0106 • 4 Février 2024 • Commentaire d'arrêt • 6 820 Mots (28 Pages) • 146 Vues
TEXTES DE FRANÇAIS, ANNÉE 2023-2024
Lycée Aubrac, 1°G3 et 1°G4 (S. Simon)
Séquence 1 : La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle
Œuvre intégrale : La Bruyère, Les Caractères (V-X)
Parcours associé : « La comédie sociale »
Lecture cursive : Diderot, Le Neveu de Rameau
Texte n°1 : Molière, Dom Juan, V,2, tirade de l’hypocrisie.
Texte n°2 : La Bruyère, Les Caractères, V, 39-40-41
Texte n°3 : La Bruyère, Les Caractères, VI, 83 (portraits de Giton et Phédon)
Texte n°4 : La Bruyère, Les Caractères, VIII, 56-57
Séquence 2 : Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle
Œuvre intégrale : Marivaux, Les Fausses confidences
Parcours associé : « Théâtre et stratagème »
Lecture cursive : Musset, On ne badine pas avec l’amour
Texte n°5 : Labiche, Les Circonstances atténuantes, scène 3, depuis « Chabriac, en costume de voyage » jusqu’à « et le flambeau ».
Texte n°6 : Marivaux, Les Fausses confidences, I, 14, depuis « Lui, votre intendant ! » jusqu’à « Moi, dis-tu ! ».
Texte n°7 : Marivaux, Les Fausses confidences, II, 13, depuis « Déterminée, Madame ! » jusqu’à « Dubois ne m’a averti de rien ».
Texte n°8 : Marivaux, Les Fausses confidences, III, 12, depuis « Ah, Madame ! Je vais être éloigné de vous » jusqu’à « laissez-moi parler ».
Séquence 3 : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Œuvre intégrale : Balzac, La Peau de chagrin
Parcours associé : « Les romans de l’énergie : création et destruction »
Lecture cursive : Laclos, Les Liaisons dangereuses
Texte n°9 : Zola, extrait de La Curée, chap. II, depuis « Oui, la grande croisée » jusqu’à « soûlé et assommé ! ».
Texte n°10 : Balzac, La Peau de chagrin, incipit, jusqu’à « costume de joueur ».
Texte n°11 : Balzac, La Peau de chagrin, extrait de la 2e partie, depuis « Cette excessive mobilité d’imagination » jusqu’à « avoir un jour ».
Texte n°12 : Balzac, La Peau de chagrin, excipit, à partir de « En la voyant belle ».
Séquence 4 : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle
Œuvre intégrale : Rimbaud, Cahiers de Douai
Parcours associé : « Émancipations créatrices »
Lecture cursive : René Char, Fureur et mystère
Texte n°13 : Hugo, « Réponse à un acte d’accusation », vers 61 à 109 (soit de « Alors brigand je vins… » jusqu’à « … nous fîmes des lions ».)
Texte n°14 : Rimbaud, « Vénus anadyomène»
Texte n°15 : Rimbaud, « Roman »
Texte n°16 : Rimbaud, « Le dormeur du val »
Molière, Dom Juan (1665), acte V scène 2
Don Juan, « grand seigneur méchant homme », est un homme qui vit sans foi ni loi, passant son temps à séduire des femmes pour son plaisir. Cependant, les nombreux ennemis qu’il s’est faits (femmes délaissées, maris ou frères, créanciers, son propre père, etc) le pressent de plus en plus. Dans le cinquième acte, il décide de changer de stratégie pour leur échapper : désormais, il va hypocritement jouer les dévots (exactement comme Tartuffe, autre personnage de Molière). Il s’en justifie devant son valet Sganarelle, choqué par cette métamorphose dont il était dupe :
[…]
Don Juan : — Il n’y a plus de honte maintenant à cela ; l’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. Le personnage d’homme de bien est le meilleur de tous les personnages qu’on puisse jouer aujourd’hui, et la profession d’hypocrite a de merveilleux avantages. C’est un art de qui l’imposture est toujours respectée ; et, quoiqu’on la découvre, on n’ose rien dire contre elle. Tous les autres vices des hommes sont exposés à la censure, et chacun a la liberté de les attaquer hautement ; mais l’hypocrisie est un vice privilégié qui, de sa main, ferme la bouche à tout le monde, et jouit en repos d’une impunité souveraine. On lie, à force de grimaces, une société étroite avec tous les gens du parti. Qui en choque un, se les attire tous sur les bras ; et ceux que l’on sait même agir de bonne foi là-dessus, et que chacun connaît pour être véritablement touchés, ceux-là, dis-je, sont toujours les dupes des autres ; ils donnent bonnement dans le panneau des grimaciers, et appuient aveuglément les singes de leurs actions. Combien crois-tu que j’en connaisse qui, par ce stratagème, ont rhabillé adroitement les désordres de leur jeunesse, qui se sont fait un bouclier du manteau de la religion, et, sous cet habit respecté, ont la permission d’être les plus méchants hommes du monde ? On a beau savoir leurs intrigues et les connaître pour ce qu’ils sont, ils ne laissent pas pour cela d’être en crédit parmi les gens ; et quelque baissement de tête, un soupir mortifié, et deux roulements d’yeux rajustent dans le monde tout ce qu’ils peuvent faire. C’est sous cet abri favorable que je veux me sauver, et mettre en sûreté mes affaires. Je ne quitterai point mes douces habitudes ; mais j’aurai soin de me cacher, et me divertirai à petit bruit. Que si je viens à être découvert, je verrai, sans me remuer, prendre mes intérêts à toute la cabale, et je serai défendu par elle envers et contre tous. Enfin c’est là le vrai moyen de faire impunément tout ce que je voudrai. Je m’érigerai en censeur des actions d’autrui, jugerai mal de tout le monde, et n’aurai bonne opinion que de moi. Dès qu’une fois on m’aura choqué tant soit peu, je ne pardonnerai jamais, et garderai tout doucement une haine irréconciliable. Je ferai le vengeur des intérêts du Ciel, et, sous ce prétexte commode, je pousserai mes ennemis, je les accuserai d’impiété, et saurai déchaîner contre eux des zélés indiscrets, qui, sans connaissance de cause, crieront en public contre eux, qui les accableront d’injures, et les damneront hautement de leur autorité privée. C’est ainsi qu’il faut profiter des faiblesses des hommes, et qu’un sage esprit s’accommode aux vices de son siècle.
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