Analyse du poème de Victor Hugo "Je prendrai par la main les deux petits enfants"
Commentaire d'oeuvre : Analyse du poème de Victor Hugo "Je prendrai par la main les deux petits enfants". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar FAIMYG41 • 26 Juin 2023 • Commentaire d'oeuvre • 2 643 Mots (11 Pages) • 636 Vues
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Titre : « Je prendrai par la main les deux petits enfants »
Victor Hugo (1802-1885)
Recueil : L'art d'être grand-père (1877).
- Je prendrai par la main/ les deux petits enfants ; (*)[pic 1]
- J'aime les bois où sont/ les chevreuils et les faons,[pic 2]
- Où les cerfs tachetés /suivent les biches blanches
- Et se dressent dans l'ombre/ effrayés par les branches ;
- Car les fauves sont pleins/ d'une telle vapeur
- Que le frais tremblement/ des feuilles leur fait peur.
- Les arbres ont cela/ de profond qu'ils vous montrent
- Que l'éden1 seul est vrai, / que les cœurs s'y rencontrent,
- Et que, hors les amours/ et les nids, tout est vain ;
- Théocrite2 souvent/ dans le hallier3 divin[pic 3]
- Crut entendre marcher/ doucement la ménade4.
- C'est là que je ferai/ ma lente promenade[pic 4]
- Avec les deux marmots. / J'entendrai tour à tour
- Ce que Georges conseille/ à Jeanne, doux amour,
- Et ce que Jeanne enseigne/ à George. En patriarche
- Que mènent les enfants, / je réglerai ma marche
- Sur le temps que prendront/ leurs jeux et leurs repas,
- Et sur la petitesse/ aimable de leurs pas.
- Ils cueilleront des fleurs, / ils mangeront des mûres.
- Ô vaste apaisement des forêts ! / ô murmures ![pic 5]
- Avril vient calmer tout, / venant tout embaumer.
- Je n'ai point d'autre affaire/ ici-bas que d'aimer.[pic 6]
Victor Hugo.
(*) / : respiration au milieu de l’alexandrin composé de : 6+6 = 12 syllabes
1 : l’éden : mot hébreu qui signifie « délices », à ne pas confondre avec l’Eden = paradis...
bien qu’il y ait une très forte ambiguïté...
2 : Théocrite : poète grec, créateur de la poésie bucolique
3 : hallier : gros buisson touffu, où se réfugie le gibier
4 : ménade : à l’origine : prêtresse de Bacchus, ici : poésie qui célèbre les plaisirs de la vie
Victor HUGO « Je prendrai par la main les deux petits enfants » 11
ANALYSE
1 – Le contexte du poème
« L’art d’être grand-père » est un recueil poétique publié en 1877, dans lequel nous retrouvons le poème qui vient d’être lu « Je prendrai par la main les deux petits enfants ».
L’auteur puise largement dans les évènements et les drames qui ponctuent sa vie personnelle. Marié très jeune à Adèle FOUCHER, il aura cinq enfants dont un seul lui survivra.
La mort accidentelle de sa fille Léopoldine, la mort de son épouse, celle de ses fils (dont un seul lui survivra), l’internement de sa fille Adèle, et enfin la mort de Charles, le père de Georges et Jeanne (ses petits-enfants), le laisse dans une situation très particulière de solitude.
Ainsi il va recueillir chez lui à Guernesey, ses deux petits-enfants, et leur mère Alice.
Les enfants ont dix mois et deux ans lorsqu’il les recueille, il s’occupera d’eux jusqu’à leur adolescence, et il leur dédie 27 poèmes, pour sa postérité.
Chef de file de l’école romantique, dans ce dernier recueil de vers, Victor Hugo convoque ses deux petits enfants pour louer le monde de l’enfance. Les poèmes du recueil sont à la fois intimes et universels.
C’est ce que nous allons comprendre dans le poème « Je prendrai par la main les deux petits enfants » qui appartient à ce recueil.
2 – Le poème
Ce poème peut être considéré comme un véritable testament poétique.
- C’est un poème de 22 vers, écrits en alexandrin, avec une respiration à la sixième syllabe marquée par un / en rouge dans le poème.
- Enfin vous remarquerez que les rimes du poème s’articulent deux par deux, et sont d’une rigueur remarquable (elles sont surlignées dans le poème).
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Victor HUGO « Je prendrai par la main les deux petits enfants »
Il est structuré en plusieurs parties dont chacune porte un thème particulier (voir les flèches et les accolades marquées dans le poème) :
- Un vers d’introduction (ligne 1), qui ouvre le poème séparé de la première partie par un point-virgule :
« Je prendrai par la main les deux petits enfants ; »
- Une première partie (ligne 2 à ligne 9) consacrée à la nature (bois, animaux...) avec trois vers de transition (lignes 7, 8 et 9) ayant pour thème le paradis, et séparée de la deuxième partie par un point-virgule comme précédemment :
« Les arbres ont cela de profond qu’ils vous montrent
Que l’éden seul est vrai, que les cœurs s’y rencontrent
Et que, hors les amours et les nids, tout est vain ; »
- Une deuxième partie (lignes 10 et 11) marquée par le divin et le lyrisme du poète, et séparée de la troisième partie par un point.
- Une troisième partie (lignes 12 à 19) consacrée à l’enfance. C’est le grand-père, patriarche, qui observe, écoute, s’adapte, à ses petits-enfants et parle d’eux avec tendresse. Cette partie se termine également par un point.
- Une quatrième partie (lignes 20 et 21), où le poète revient sur la contemplation de la nature qui devient consolatrice.
- Enfin un vers de conclusion (ligne 22) très fort qui touche à la fois au plus intime du poète, au temps et à l’universalité de l’amour :
« Je n’ai point d’autre affaire ici-bas que d’aimer. »
Ce sont ces différentes parties qui vont déterminer les thématiques du poème.
3 - Les thématiques du poème :
Ce sont des thématiques que l’on va retrouver constamment dans le poème, elles se rencontrent, et souvent se superposent :
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