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Toute connaissance est-elle scientifique ?

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Par   •  19 Décembre 2024  •  Analyse sectorielle  •  2 566 Mots (11 Pages)  •  29 Vues

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Toute connaissance est-elle scientifique ?

Intro :

 Selon le sens commun, toute information et donnée cohérentes assimilées par le biais de l’expérience sensible et apprises de manière rationnelle constitueraient une connaissance, théorique ou pratique. Ainsi, notre capacité à connaître s’apparente au fait de de savoir les propriétés et l’essence d’un objet. Cela relèverait de la mémorisation d’informations, mais aussi de l’expérience sensible, et plus précisément de notre perception au travers de nos sens et de l’interprétation de ces perceptions par notre entendement, soit notre capacité de réflexion. Tout ce qui est su, appris et assimilé par le biais de l’expérience sensible et de l’intellect tomberait alors sous cette définition de la connaissance.

Cependant, il existe différentes formes de connaissances dans le monde; connaître le prénom de quelqu’un est différent de connaître la loi de la gravité. Ces deux informations prétendent au titre de connaissance, mais ne semblent pas de même nature : l’une provient en effet de notre expérience quotidienne, tandis que l’autre constitue une loi issue d’un raisonnement scientifique. Or, il est important de préciser que nous accordons aujourd’hui grand crédit à la science, d’où le slogan « prouvé/testé scientifiquement » présent dans de nombreux articles, ou sur de nombreux produits destinés à la vente. Il vise à légitimer le bien-fondé de l’information donnée, à la garantir comme « vraie ». L’action même de connaître semble en effet signifier le fait d’accéder à la vérité, puisqu’il ne semble n’y avoir aucun avantage à penser une chose vraie alors qu’elle ne l’est pas, et qu’il semblerait absurde de souhaiter que nos connaissances soient fausses. Or, le champ disciplinaire qui semble le plus viser la vérité, le réel, par sa recherche constante de l’objectivité (« réalité qui s'impose à l'esprit indépendamment de toute interprétation », Larousse), n’est autre que la science elle-même, qui regroupe les sciences formelles (mathématiques), les sciences de la matière et des techniques (physique/informatique), les sciences du vivant (médecine), les sciences sociales (sociologie, anthropologie)... Ces sciences suivent donc des méthodes précises de vérification des théories, notamment par la recherche de preuves dans l’expérience pour comprendre ce qui est et mieux rendre compte de cette réalité artificielle ou naturelle. Nous tendons à justifier le bien fondé de nos connaissances, à les démontrer comme vraies et indubitables, en les fondant sur une discipline qui prétend à la certitude, à la vérité, à l’objectivité. Aussi la science serait le modèle de la connaissance en ce qu’elle poserait des vérités incontestées, incontestables, vérifiées, validées. Elle permettrait de placer de l’ordre dans le désordre créé par la Nature, ce serait une façon de maîtriser le réel.

Néanmoins, si le champ de la connaissance constitue « l’ensemble des domaines où s’exerce l’activité d’apprendre » (Larousse), alors la science ne peut constituer la source unique de la connaissance, puisque tout ce que nous apprenons n’appartient pas nécessairement aux différentes disciplines scientifiques telles que les mathématiques, la biologie ou encore la psychologie.

Nous pouvons alors nous interroger : Est-il légitime de se représenter la science comme un discours qui produit une connaissance close sur elle-même, produisant sur le réel un discours définitif? Et est-il réellement légitime de réduire le champ de la connaissance à la sphère et aux objets scientifiques? 

Nous répondrons à cette problématique en 3 parties. Nous verrons d’abord que la science est le modèle de la connaissance par excellence. Ensuite, nous nous demanderons si une physique sans métaphysique est vraiment envisageable car on pourrait croire que cette prétendue connaissance totalisante de la science n’est en fait que la traduction d’une connaissance lacunaire. Finalement, nous évoquerons la noblesse et la fragilité de la connaissance scientifique car on peut à la fois en faire l’éloge de par ses qualités et la critique à cause de ses faiblesses.

  1. La science est le modèle de la connaissance par excellence
  • Peut-être serait-il judicieux de commencer par établir une distinction entre connaissance et savoir. La frontière sémantique est en réalité très légère, mais la connaissance enferme une idée d’appropriation du réel via des opérations rationnelles là où le savoir a une dimension plus large et pratique. Le savoir, du latin sapere est une affirmation, quelque chose que l’on a acquis et qui relève de la prudence. La connaissance, du latin cognescere est une démarche, et un apprentissage permanent  Selon Aristote, la connaissance scientifique n’existe que s’il y a un objet d’étude. La science doit construire son objet, elle ne peut pas parler du réel en général de manière totalisante. La science délimite toujours un objet, du latin objectum= « ce qui est devant » (histoire délimite le passé), qu’elle peut examiner sous toutes les coutures. C’est ici que s’établit la distinction entre la connaissance scientifique et la connaissance ordinaire.
  • Le champ de la connaissance constitue « l’ensemble des domaines où s’exerce l’activité d’apprendre » (Larousse). Ainsi définie, la science n’aurait pas le monopole de la connaissance. Ce faisant, elle ne  constitue pas la source unique de la connaissance, puisque tout ce que nous apprenons n’appartient pas nécessairement aux différentes disciplines scientifiques telles que les mathématiques, la biologie ou encore la psychologie. Néanmoins dans sa prétention à élaborer une connaissance universelle, on peut considérer que toutes les connaissances sont scientifiques étant donné que la science ne se contente pas, en théorie, d’une connaissance approximative comme celle qu’évoque Spinoza avec la connaissance du premier genre. En effet, selon lui, les connaissances se répartissent en trois catégories. Celles du premier genre correspondent à la perception sensible (ce que je vois, j’entends, je ressens), aux opinions courantes (reçues par ouï-dire) et à l’expérience. Ces connaissances là sont partielles et douteuses car elles nous trompent parfois, les opinions étant contradictoires et les expériences relatives à chacun. Descartes appuie aussi cette théorie dans la seconde méditation des Méditations métaphysiques avec l’épisode du morceau de cire.  A travers lui, Descartes montre qu'une même matière peut faire l'objet de différentes sensations lorsqu'elle subit une modification. La cire d'abeilles change radicalement d'aspect lorsqu'on la chauffe. Quand on la tire de la ruche, elle conserve son odeur de miel, prend une certaine couleur et une certaine forme. Elle est dure au toucher et elle rend un son quand on la frappe. Tous les sens, goût, odorat, vue, toucher, ouïe permettent de distinguer qu'elle est de la cire. Mais l'expérience qui consiste à l'approcher du feu conduit à modifier notre perception du morceau du cire: son odeur disparait, sa couleur change, il fond complètement. Comme il chauffe, il n'est plus possible de le toucher et à l'état liquide, il ne renvoie plus aucun son. Toutes les informations que nous transmettaient les sens sur les qualités du morceau de cire ont changé. Pourtant, le morceau de cire chaud reste le même morceau que celui qui était froid. D'où la question que se pose Descartes : "qu'est-ce donc que l'on connaissait en ce morceau de cire avec tant de distinction ?" Il faut rejeter l'idée que ce seraient les sens qui nous permettraient d’identifier du morceau de cire : en effet, le goût, l'odorat, la vue, le toucher et l'ouïe ont tous changé. Si l'on examine ensuite le morceau de cire en faisant abstraction de toutes ses qualités contradictoires, que reste-t-il ? "Quelque chose d'étendu, de flexible et de muable" répond Descartes. On en déduit donc qu’on ne peut pas faire confiance à nos sens car ils ne nous garantissent rien.
  • De plus, on semble toujours chercher une certaine forme de rationalité derrière les apparences . Dans la quête de la connaissance, on s’intéresse à l’unité dans la multiplicité. Afin d’éclairer ce propos, nous pouvons nous référer à Platon qui évoque la question de la beauté idéale dans la République. Il parle de 4 types de beauté différents. De là, chaque tentative platonicienne de définir le beau comme l’harmonie, l’outil, le bien ou le plaisir est en mouvement vers la beauté absolue, vers l’intelligible. Or on peut se demander ce qui constitue le point commun de ces différents types de beauté. On essaie de trouver une identité dans la disparité. Apparait ainsi la beauté conceptuelle : l’idée du beau est construite dans la pensée et n’existe pas forcément dans la matière. Qui plus est, selon Platon, les sens servent à éveiller en nous la mémoire des idées, c'est-à-dire de ces formes universelles avec lesquelles le monde a été façonné et qui nous permettent de le connaître. Connaître signifie donc se souvenir : la connaissance est un processus de réminiscence d'une connaissance qui réside déjà dans notre âme, et est donc "inné". L’idée de co-naissance, bien qu’elle soit plus proche du jeu de mot que d’une source étymologique, pourrait aussi suggérer le fait de naître avec l’objet que l’on pense, ce qui viendrait confirmer cette théorie. Pour Platon, cependant, les idées se situent au-delà du processus logique-dialectique, et elles sont difficiles à objectiver, n'étant accessibles que par le biais de intuition.
  • Alors, l’utilisation de nos sens semble rester incertaine, pourtant l’utilisation du regard dans le contexte de l’observation scientifique est primordiale. On peut croire que les principes universels doivent être appuyés sur un rapport à l' expérience. C’est alors qu’intervient la méthode expérimentale de Claude Bernard. Selon lui, tout raisonnement scientifique doit s’appuyer sur une succession de trois phases :

–L’observation d’un fait ;
– Une hypothèse pour expliquer ce fait ;
– Une expérience permettant de confirmer ou d’infirmer cette hypothèse.

L'observation n’est donc pas qu’un enregistrement passif. C’est distinguer, critiquer, comprendre déjà. Observer ne se résume donc pas à une simple vue empirique des choses et semble permettre d’accéder au réel. Henri Poincaré dit d’ailleurs que : “Les faits sont faits” et qu’il n’y a donc pas de doute possible avec la méthode scientifique.

  1. Mais une physique sans métaphysique est-elle possible? Une connaissance totalisante n’est-elle pas l’aveu d’une connaissance lacunaire?
  • En 1564, Galilée révolutionne le monde des idées. Grâce à lui, on découvre que quasiment tout est réductible aux nombres et aux mathématiques. La methasis universalis fait référence à une idée de méthode universelle, ou à une science universelle qui aurait pour but de découvrir et de formuler les principes fondamentaux de l'univers en utilisant les mathématiques comme langage ou outil de compréhension. Les maths deviendraient alors un langage universel. Au 19ème siècle, l’écrivain Emile Durkheim écrit un ouvrage intitulé Le Suicide, où il étudie ce phénomène d’un point de vue sociologique. L’homme est alors lui-même réduit à un nombre, à des statistiques et de simples calculs. Néanmoins, ces connaissances sont certainement l’aveu d’une connaissance lacunaire.
  • On peut alors évoquer le concept de finalité. Les sciences physiques, y compris la biologie, reposent sur l'idée que les phénomènes sont régi par des lois naturelles. Cependant, cette notion de causalité elle-même n'est pas toujours un fait empirique, mais peut être vue comme une supposition métaphysique : nous postulons que le monde suit un ordre causal, mais cette relation de cause à effet n'est pas directement observable, c'est une hypothèse sur la structure de la réalité. En ce sens, la physique biologique repose sur une idée métaphysique.
  • De plus, l’envie de tout calculer, de tout prouver scientifiquement semble contribuer à détruire tout mystère et toute croyance. La thèse positiviste est une conception philosophique et épistémologique qui met l'accent sur le savoir scientifique et le rejet de toute forme de spéculation métaphysique. Le positivisme est une approche du monde qui repose sur l'idée que la connaissance valide doit être fondée sur des faits et sur des lois générales qui peuvent être vérifiées par la méthode scientifique. Le positivisme est souvent associé à  Auguste Comte, qui est considéré comme le fondateur du mouvement, qui repose sur l’expérience et le rejet de la métaphysique, considérée comme inutile car elle ne peut être prouvée ni par l’expérience ni par la méthode scientifique. Il y a 3 états à cette méthode:
  • L'état théologique : Les phénomènes sont expliqués par des causes surnaturelles ou divines.
  • L'état métaphysique : Les phénomènes sont expliqués par des principes abstraits ou des essences.
  • L'état positif : La pensée humaine se base sur l'observation, l'expérimentation et l'établissement de lois scientifiques, excluant les spéculations théologiques et métaphysiques. Le stade "positif" est donc l'aboutissement, où la société et la science se consacrent aux faits et aux lois naturelles observables, loin de l'introspection spirituelle ou de la spéculation philosophique.

  1. Noblesse et fragilité de la connaissance scientifique
  • La connaissance scientifique est souvent sujette à des éloges, mais aussi à des critiques. La falsifiabilité est l’un des concepts les plus importants introduits par le philosophe des sciences Karl Popper, et elle constitue un critère fondamental pour distinguer ce qui relève de la science de ce qui relève de la pseudo-science. Selon Popper, une théorie scientifique doit être formulée de manière à être testable et, surtout, à pouvoir être prouvée fausse par l'expérience ou l'observation. En d'autres termes, une hypothèse est falsifiable si et seulement si il existe une expérience ou une observation qui pourrait potentiellement contredire cette hypothèse. Popper a introduit cette idée pour résoudre ce qu’il considérait comme un problème central dans la philosophie des sciences, à savoir : comment déduire si une théorie est vraiment scientifique. Il rejette l'idée qu'une théorie peut être validée simplement par l'accumulation de preuves confirmant la théorie. Au contraire, il considère que ce qui définit une bonne théorie scientifique n'est pas sa confirmation par des faits, mais sa capacité à résister à la falsification. Prenons l'exemple classique du "phlogistique", une théorie chimique du XVIIe siècle qui expliquait la combustion par la présence d'une substance hypothétique appelée le "phlogistique". La théorie du phlogistique était formulée de manière à ce que rien dans les expériences de combustion ne puisse la mettre en échec. Par contraste, une théorie comme celle de la gravité de Newton ou la théorie de la relativité d'Einstein est falsifiable : il existe des situations précises dans lesquelles ces théories pourraient être mises en défaut par l'observation (par exemple, des anomalies dans la trajectoire des planètes ou des effets de déviation de la lumière par la gravité, qui ont été observés et ont corroboré la relativité).  Bien que le concept de falsifiabilité ait été très influent, il a également été critiqué, et plusieurs objections ont été formulées à son égard: Les critiques de Popper soutiennent que le critère de falsifiabilité peut être trop restrictif et ne pas rendre justice à la manière dont la science fonctionne dans certains domaines.
  • De plus, l’heuristique est l’art d’inventer et de faire des découvertes à partir de connaissances incomplètes,

Moi en tant que sujet je ne peux pas porter de regard objectif sur moi

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