Toute connaissance est-elle scientifique ?
Dissertation : Toute connaissance est-elle scientifique ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Alice Rubat • 17 Août 2022 • Dissertation • 3 291 Mots (14 Pages) • 481 Vues
Selon le sens commun, toute information et donnée cohérentes assimilées par le biais de l’expérience sensible et/ou apprises de manière rationnelle constitueraient une connaissance (qu’elle soit théorique ou pratique (savoir-faire)). Aussi, notre capacité à connaître, connaître étant de savoir les propriétés et l’essence d’un objet, d’une chose, de savoir des faits, des données, des techniques, des phénomènes… relèverait de la mémorisation d’informations, mais aussi de l’expérience sensible, et plus précisément de notre perception (au travers de nos cinq sens) et de l’interprétation de ces perceptions par notre entendement, soit notre capacité de réflexion. Ainsi, tout ce qui est su, appris et assimilé par le biais de l’expérience sensible et de l’intellect tomberait sous cette définition de la connaissance.
Cependant, il existe une multiplicité des formes de savoirs ; il nous semble qu’il existe effectivement une différence entre la connaissance du prénom de la voisine et la connaissance de la loi de la chute des corps. Ces deux informations prétendent toutes deux au titre de connaissance, mais ne semblent pas de même nature : l’une provient en effet de notre expérience quotidienne, tandis que l’autre constitue une loi issue d’un raisonnement scientifique. Or, notons que nous accordons aujourd’hui grand crédit à la science, d’où le slogan « prouvé/testé scientifiquement » présent dans de nombreux articles, ou sur de nombreux produits destinés à la vente. Ce slogan vise à légitimer le bien-fondé de l’information fournie, à la garantir comme « vraie ». L’action même de connaître semble en effet viser la vérité, puisqu’il ne semble n’y avoir aucun avantage à penser une chose vraie alors qu’elle ne l’est pas, et qu’il semblerait absurde de souhaiter que nos savoirs soient faux. Or, le champ disciplinaire qui semble le plus viser la vérité, le réel, par sa recherche constante de l’objectivité (« réalité qui s'impose à l'esprit indépendamment de toute interprétation », Larousse), n’est autre que la science, qui regroupe les sciences formelles (mathématiques, logique et informatique théorique), les sciences de la matière et des techniques (physique, chimie, technologie/informatique), les sciences du vivant (médecine et biologie), les sciences sociales (sociologie, psychologie, anthropologie)... Ces sciences suivent des méthodes précises de vérification des théories, notamment par la recherche de preuves dans l’expérience, à savoir notre réalité, afin de mieux rendre compte de cette réalité (artificielle (construite par les hommes comme la société) ou naturelle (le monde dans lequel nous vivons)).
Nous tendons à justifier le bien fondé de nos connaissances, à les démontrer comme vraies et indubitables, en les fondant sur une discipline qui prétend à la certitude, à la vérité, à l’objectivité (volonté de saisir le réel sans jugement de l’agent). Mais dans quelle mesure la scientificité d’un savoir, par sa prétention à la certitude, pourrait-elle constituée la condition pour qu’une connaissance soit considérée comme telle ?
Si le champ de la connaissance constitue « l’ensemble des domaines où s’exerce l’activité d’apprendre » (Larousse), alors la science ne peut constituer la source unique de la connaissance, puisque tout ce que nous apprenons n’appartient pas nécessairement aux différentes disciplines scientifiques telles que les mathématiques, la biologie ou encore la psychologie.
Tout d’abord, il convient de fonder notre capacité à connaitre. Selon l’opinion commune, nous pouvons connaitre au travers de nos cinq sens (goût, vue, odorat, toucher, ouïe) et de notre réflexion. La perception empirique nous permettrait d’appréhender notre réalité, c’est-à-dire les représentations que nous avons du réel, du monde qui nous entoure, tandis que notre réflexion nous permettrait de l’interpréter, de l’expliquer, de le décrire… puis de mémoriser les informations reçues de l’expérience ou d’un apprentissage scolaire (au travers des livres ou d’un enseignement). Par exemple, l’enfant connait ses parents du fait de l’expérience, de l’habitude ; il voit, entend, touche (et sent en étant nourrisson) ses parents chaque jour, et ainsi il comprend que ces deux personnes qui l’entoure au quotidien sont des figures familières qui lui sont bénéfique. Il a assimilé dans son esprit, par le biais de la répétition, une information issue de son expérience quotidienne. Une fois cette information assimilée, il apprend même, au travers du langage, le nom qu’il doit donner à ces deux personnes (à savoir les noms de maman et papa). Mais là encore, son ouïe (s’il ne souffre pas de surdité) lui est nécessaire pour apprendre le langage, et son esprit lui est indispensable pour le mémoriser. Ici, la connaissance est bien issue de l’expérience au travers de la perception sensorielle et de l’entendement.
Or, la science possède un champ limité (physique, biologie, chimie, mathématiques…) et ainsi tout ce qui est mémorisé ne relève pas de cette discipline. La science vise des connaissances objectives (pour être au plus proche de la réalité), mais toute connaissance objective ne relève pas de la science. En effet, certaines de nos connaissances relèvent de notre quotidien, ou de notre expérience particulière, mais constituent pour autant des connaissances objectives, au même titre que les connaissances issues des sciences. Notons que ces dernières visent à établir des lois et des savoirs (pratiques (comme la médecine) ou théoriques (comme la chute des corps) qui se veulent généraux voire universels, comme la loi binomiale en probabilité, ou encore la théorie de l’avantage des étudiants issus de milieu aisés sur les étudiants issus de classes sociales défavorisées (Pierre Bourdieu, Les Héritiers, Les étudiants et la culture, 1964) en sociologie. Cependant, certaines de nos connaissances, si on les considère toujours comme telles dès lors qu’elles sont issues de l’apprentissage en général, ne constituent pas des lois mais de simples faits. Par exemple, le fait de savoir que la boulangerie dans la rue d’en face ferme ses portes à 15h ne constitue pas une loi générale ou universelle mais un fait particulier objectif dans la mesure où ce fait rend compte de la réalité sans y apporter de jugement subjectif. Et ce fait ne relève ni des mathématiques, ni de la logique ou encore de l’anthropologie ; il ne relève pas des différents domaines scientifiques, mais simplement de l’expérience quotidienne.
Aussi, si toute information apprise par les sens et l’entendement constitue une connaissance, alors un savoir subjectif constitue également une connaissance.
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