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Les villes du moyen âge musulman (631-Xe siècle)

Dissertation : Les villes du moyen âge musulman (631-Xe siècle). Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  27 Mars 2023  •  Dissertation  •  3 740 Mots (15 Pages)  •  285 Vues

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"Les villes dans le monde musulman médiéval (661-Xe siècle)"

Dans son œuvre L’islam: des origines au début de l’empire ottoman, Claude Cahen dit: «La rançon de création de villes neuves est souvent la disparition de villes anciennes». En effet, par cette phrase, il traduit le phénomène qui a lieu en 762, lorsque le calife abbasside Al Mansûr (considéré comme le premier calife abbasside) fonde la ville de Bagdad, aux confins de l’Empire, en Irak, situé idéalement entre le Tigre et l’Euphrate. Ainsi, il en fait la capitale de l’Empire Abbasside, remplaçant Damas, centre névralgique de l’Empire Omeyyade et convie les élites arabes à ce déménagement, garants du soutien au pouvoir califal, afin de permettre le développement de la ville. Le changement de capitale marque la fin symbolique et factuelle d’un empire et le commencement d’un nouveau, mettant également l’accent sur le rôle prédominant des grandes villes, comme lieu de pouvoir politique, économique mais aussi culturel.

En effet, les villes, qui sont des agglomérations caractérisées par un nombre relativement important d’habitants qui ont des activités professionnelles diversifiées, s’illustrent sous le Moyen Age musulman comme des centre importants de pouvoir mais surtout de culture puisqu’elles sont le symbole d’un accès à l’éducation, en particulier en matière de religion. Ainsi, plus les villes sont importantes en terme numérique d’habitants, mais aussi en question de pouvoir politique ou économique, plus elles s’imposent dans l’Empire et deviennent des symboles de la projection du pouvoir, qui se matérialise souvent par la ré-investiture de villes majeures conquises. Dans un monde musulman qui ne cesse de se développer au cours des Empires Omeyyade puis Abbassides, les villes sont aussi des centres qui réunissent des lieux de cultes, les mosquées, de plus en plus nécessaires avec l’accroissement des convertis à l’islam, la religion des califes qui dirigent. Avec l’essor de ces cités, on remarque une arabisation qui est permise par le sentiment de communauté qui se forme autour de ces centres de culture prédominants. Pourtant, la ville n’a pas de spécificité légale en terme de droit arabe mais elle s’inscrit dans la culture, d’ailleurs le droit lui-même est connu majoritairement dans les villes et non dans les campagnes.

Entre 661, l’année où la grande Fitna prend fin, laissant la voie libre à la formation de l’Empire omeyyade qui se centre à Damas, et le Xe siècle, pendant lequel l’Empire Abbasside prend fin, et les portes de l’Ijtihâd se ferment définitivement, l’Empire musulman a connu des modifications territoriales importantes, se concentrant initialement autour de l’Arabie Saoudite actuelle, puis conquérant le Nord de l’Afrique, la Perse, la Mésopotamie, l’Égypte et même l’Andalousie mais toujours confronté à la résistance de l’Empire Byzantin.

On peut alors se demander dans quelle mesure les villes dans le monde musulman s’illustrent comme des lieux de pouvoir dans divers domaines et comment elles s’imposent aux arabes qui se plient face à leur ampleur?

Je m’attacherais, dans un premier temps, à étudier les capitales des Empires Omeyyade puis Abbasside et leur rôle dans l’affirmation du pouvoir califal. Nous étudierons ainsi dans un second temps la façon dont la culture légitime la place prédominante des villes dans le monde musulman médiéval tandis que dans un dernier moment, nous verrons en quoi les villes sont un lieu de déséquilibre social qui base son organisation sociale sur des inégalités problématiques.

Dans un premier temps, je t’attacherais à démontrer la place prédominante et largement influente des capitales dans les Empires Omeyyade et Abbasside puisqu’elles s’imposent comme de véritables hauts-lieux du pouvoir politique, économique et même culturel. La diversité des ethnies qui les composent et leur nombre important d’habitants nécessitent une organisation sociétale et géographique importantes qui renforcent l’ampleur de ces grandes villes.

En effet, on peut voir que la situation du califat dans une ville permet de lui attribuer une toute nouvelle légitimité comme c’est le cas par exemple avec Damas, capitale de l’Empire Omeyyade qui fut réinvestit car située en Syrie, pays dont Mu’awiya Ier, le calife , était gouverneur. Ainsi, cette ville avant d’être capitale était une ville relativement importante car située idéalement au centre d’une oasis, aux portes du désert et constituant un croisement commercial entre le Croissant fertile, le Levant et l’Arabie. Mais son titre de capitale lui valut un tout nouveau rayonnement dans l’Empire que l’on chercha à rendre arabe comme on peut le voir avec la construction de la grande mosquée des Omeyyades par Al Walid Ier (sixième calife omeyyade) à partir de 705. Effectivement, Damas étant originellement une ville byzantine, c’est un temple de Jupiter qui a été réaménagé pour en faire la célèbre mosquée califale. Ainsi, la ville qui avait déjà une forte influence régionale s’est développée et imposée à l’échelle d’un Empire. Cette idée de légitimation exacerbée par le statut de capitale se retrouve notamment dans le cas de Bagdad, puisque cette ville représente un exploit humain car elle a été construite à partir de presque rien. Les ouvriers ont constitué cette ville de toutes pièces sur un amas de villages idéalement situés, dont l’un d’eux s’appelaient Bagdad. Mais ainsi, en plus d’accomplir l’exploit de la création d’une capitale, en 4 ans, par 100 000 ouvriers, le calife Al Mansur, à l’origine de cette initiative, a dû user de son influence pour la rendre légitime en temps que telle. Ici, contrairement à Damas, ce n’est pas le titre de capitale qui a permis de légitimer la ville mais justement la ville qui a légitimé le titre de capitale. Ainsi, l’idée de Bagdad comme «caput Mundi», c’est-à-dire «tête du monde» (expression attribuée par les auteurs chrétiens), fût le résultat fructueux d’un long processus de légitimation, à commencer par les tentatives d’Al Mansur pour faire déplacer sa cour et les élites qui le soutenaient. La position stratégique de la ville, croisement des routes commerciales jouent en sa faveur et constituent un élément prédominant dans son enrichissement. Ainsi, les capitales sont avant tout des grandes villes qui doivent composer avec leur titre de capitale, parfois favorisant leur légitimité et parfois donnant au calife une mission qui relève presque de l’exploit.

Mais surtout, les capitales des deux Empires sont des lieux stratégiques, rigoureusement choisis, dans

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