S'engager pour libérer la France

Sujet: S'engager pour libérer la France.

      «... l’appel du général de Gaulle depuis Londres le 18 juin. Pour moi la guerre n’est pas finie. C’est ma guerre à moi qui commence. Aider de grands élèves à rejoindre Londres, aider mon mari à s’évader [...], démarrer une opposition à Vichy et à l’occupation allemande.», écrit Lucie Aubrac, une résistante à l'Occupation Allemande durant la Seconde Guerre Mondiale, réfugiée à Lyon. Elle rédige ce témoignage en 2001,  dans La Lettre de la Fondation de la Résistance. Elle y aborde ses motivations pour l'engagement. Pour elle, la défaite française de Mai 1940 ne représente pas la fin de la guerre, mais justement son début. En effet, en 1940, elle représentait avec un certain nombre de résistants, les premiers mouvements contre le régime  mis en place par le général Pétain dans la France occupée.Pour ces résistants, l'avenir d'une France libre ne fait aucun doute. Or, un mouvement de résistance ne peut se faire sans une organisation, un recrutement afin d'ordonner une armée. C'est alors là que commence une chasse à l'homme. Le but de chaque résistant étant de rassembler le plus de partenaires que possible,  de convaincre le peuple, clandestinement, à s'engager pour libérer la France.

    Qu'est-ce que l'engagement ? L'engagement est l'opposition, la lutte et surtout la révolte. Il concerne les hommes et de femmes qui ont choisi de résister, pendant l’Occupation, au quotidien, localement ou sur le sol étranger, dans la perspective d’une Libération qui devient plus crédible à la fin 1942 et au début 1943.  Dans le cadre de l'oppression en France, s'engager est un acte fort, la bataille pour la démocratie, pour la liberté et l'unicité, alors que le régime en place prône l'oppression, le totalitarisme et la collaboration. Les hommes et les femmes qui décident de passer à l'acte sont animés par la même nécessité: faire leur devoir. Mais l'engagement peut prendre différentes formes, chaque résistant se voit attribué un front où lutter. En effet, si la lutte par les armes a été surtout  proéminente dans l'Empire coloniale français, comme le souligne le général De Gaulle de son discours, les actions faites de l'intérieur ont été tout aussi indispensables pour mener à la Libération. Sous la direction du général De Gaulle, ce mouvement se développe de 1940 et jusqu'à la Libération de 1945 et voit de plus en plus d’adhérents , que ce soit en France, dans l'Empire ou ailleurs.

       Quelles ont été les différents formes  d'engagement ? Quelles sont les motivations des personnes qui se sont engagés, et pour quelle finalités ?

   Trois temps se distinguent alors: s'engager, ce sont les débuts et les pionniers, entre  1940 et 1941. Puis, durant les années 1942-1943, il s'agit de s'engager pour s'organiser avant d'agir .Enfin, entre 1944 et 1945 s’engager devient  participer à la Libération de la France.

     22 juin 1940, le général Pétain signe l'armistice avec les représentants du Troisième Reich Allemand. Ce traité marque la capitulation de la France, deux ans après la déclaration de guerre envers l'Allemagne en 1939. Mais  les conditions, établies par le régime nazi, sont dures pour la France: les trois cinquième du territoire passe sous l'Occupation Allemande, qui récupère l'Alsace-Moselle, et surtout l'armée française, considéré avant la guerre comme l'une des plus puissantes du monde, est décimée à 100 000 hommes avec désarmement des troupes.Tout est mis en place pour affaiblir la France au niveau politique et économique. En juillet 1940, le régime politique en place siège à Vichy, située en «Zone libre». L'Assemblée Nationale vote les pleins pouvoirs au général Pétain, c'est ainsi que la mention « République française » disparaît, remplacée par l’appellation «État français» ou encore «Régime de Vichy». Le général Pétain, héro de la Première Guerre Mondiale, instaure un régime totalitaire, fondé sur la collaboration avec les nazis, où les libertés sont limitées, et où la censure et la répression se développent.

        Bien que le faible effectif qui constitue l'armée reste inactif face à la situation, plutôt raccroché à l'obéissance et l'ordre, les années 1940 et 1941 connaissent les premières révoltes individuelles. Des hommes et femmes, tous menés par l'espoir et l'optimisme , refusent l'Occupation et la collaboration et décident de résister. Ils sont alors les précurseurs du mouvement, les pionniers.

       Il est difficile de croire à une Libération française durant ces années, compte tenu de l'enchaînement des victoires et l'ampleur que prenait le régime nazi, resté invaincu jusqu'en 1942. Garder espoir est essentiel pour les personnes qui s'engagent, en ayant un objectif en vue, les résistants peuvent envisager une lutte contre le régime de plus en plus répresseurs et risquer leur vie pour la Liberté. Le 18 juin 1940, le lendemain de l'annonce de capitulation par Pétain, le général de Gaulle lance un appel à la résistance depuis Londres, qui deviendra par la suite le symbole de la Résistance. Dans ce discours, le général appelle au ralliement des français dans l'empire coloniale, celui-ci faisant partie de la France Libre. “ Quoiqu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.” Ces mots ont été l'élément déflagrateur de la première vague d'engagement en France. Menés par les appels de De Gaulle,les résistants y voient des messages d'espoir et d'optimisme, et ont l'impression de participer à un mouvement.

        Au delà de de l'espoir, les hommes et les femmes qui décident de résister considèrent le plus souvent leur choix comme une évidence. Les témoignages qu’ils ont pu laisser expriment un devoir, tout d’abord patriotique, inné depuis l'enfance. Les paroles de La Marseillaise et du Chant du départ apprises par toutes les générations depuis les années 1880 résonnant dans leurs têtes, l'attitude défaitiste de Pétain crée la confusion. En effet, dans les lettres qu'échange René Palvin, un des plus hauts responsables de la France libre, avec sa femme en  juillet 1940 pour lui expliquer les raisons de son engagement, il avance principalement des raisons morales , invoquant un refus de renoncer à la Liberté de son pays. Engagé dès 1940, il fait partie des pionniers de la Résistance française puisque les Forces Françaises Libres (FFL) ne recensent pas plus 7 000 membres à la fin juillet 1940.

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