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Reconstruire l’Europe matériellement, financièrement et diplomatiquement. Vers un nouvel ordre européen ? (1918 - 1920)

Dissertation : Reconstruire l’Europe matériellement, financièrement et diplomatiquement. Vers un nouvel ordre européen ? (1918 - 1920). Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  20 Octobre 2016  •  Dissertation  •  2 810 Mots (12 Pages)  •  1 392 Vues

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RACHIDI Marwan                                       Université  Paris-Sorbonne                                           18/10/2016                                                

Reconstruire l’Europe matériellement, financièrement et diplomatiquement. Vers un nouvel ordre européen ?

L’armistice qui fut signée le 11 novembre 1918 mit fin à ce qu’on appela « la Grande Guerre », celle qui mobilisa plus de 64 millions d’hommes dans le monde entier. Cette « Grande Guerre » fut une véritable catastrophe démographique. En effet, la Première Guerre mondiale a provoqué d’importants bouleversements économiques et sociaux, en Europe principalement, mais  a aussi ravagé ses paysages. Le vieux continent a perdu sa prépondérance économique en matière de production et de commerce et l’inflation met à bas la stabilité monétaire. La richesse du continent est dilapidée dans l’affrontement et les destructions matérielles exigent des sommes considérables. Le traumatisme de la guerre se ressent dans une société devenue vulnérable et fragile, des millions d’hommes se sont battus avec des armes totalement destructrices ce qui causa près de dix millions de morts et six millions d’invalides et à cela s’y ajoute une forte diminution des naissances. L’Europe se retrouve donc en plein déclin, au profit des pays neufs tels que le Japon, et surtout les États-Unis qui ont profité de la guerre pour conquérir des marchés et devenir les créanciers de l’Europe. Nous parlons ici d’une Europe ruinée et totalement instable politiquement pour qui la création d’une paix durable semble alors essentielle pour la reconstruction d’une Europe meurtrie. La notion de reconstruction passe par le fait que plusieurs acteurs doivent se mettre en accord pour mettre en place une stabilité durable.
Après la guerre, l’Europe se trouve aussi profondément transformée par des traités de paix imposés par les vainqueurs – États-Unis, France, Royaume-Uni – et très vite contestés par les vaincus, notamment l’Allemagne. Mais pouvait-on, à l’expérience de la « boucherie », renouer avec les logiques d’avant 1914? La nouvelle place de l’Europe dans le concert international ne lui permettait pas de continuer à se déchirer au risque de se perdre.  Quelle Europe fallait-il donc construire ? Fallait-il mettre en place des institutions ? Toutes ces questions étaient alimentées par le contexte instable qui régnait sur le continent.

Problématique : De quelle manière tente-t-on de reconstruire un nouvel ordre européenaprès la guerre vis-à-vis des dégâts commis par celle-ci ?  


Dans cet exposé  nous envisagerons tout d’abord de dresser un bilan démographique, matériel et financier d’après-guerre sur l’Europe au lendemain de la guerre ainsi que les conséquences de ce bilan. Par la suite, nous parlerons des traités de paix ainsi que le nouveau visage que tente d’apporter la Société des Nations sur l’Europe. Enfin, nous nous intéresserons aux obstacles empêchant la construction d’une paix diplomatique et économique durable.

1. UN BILAN TRÈS LOURD POUR L’EUROPE

A. Un choc tant démographique et matériel que financier 

Un Choc démographique :

Ce sont les pertes humaines qui se font le plus cruellement sentir. La guerre a couté à l’Europe près de dix millions de morts et six millions d’invalides. On compte plus de quatre millions de veuves et huit millions d’orphelins.
Avec 1 300 000 tués ou disparus (soit 10% de la population active masculine), trois millions de blessés dont un million invalide, la France est le pays qui subit le plus de pertes proportionnellement à sa population. A ces pertes, il faut ajouter la surmortalité de guerre due aux mauvaises conditions d’hygiène, aux privations et à l’épidémie de la grippe espagnole de 1918.
La guerre a également créé un déficit de naissance du fait que les hommes en âge de procréer se trouvaient au front. C’est aussi parmi eux que l’on trouve l’essentiel des morts de la guerre et leur disparition s’accompagne pendant des années à des dizaines de milliers de naissances en moins.

Un choc matériel :

Tout comme les pertes humaines, les pertes matérielles sont considérables. En effet, les destructions affectent les pays qui ont servi de champ de bataille durant le conflit tels que la France du Nord-Est, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie du Nord-Est, la Serbie, la Roumanie et la Russie d’Europe.
Dans certaines régions, tout est en ruine : ponts, maisons, routes, usines et certains sols sont totalement incultivables. Il faut tout reconstruire car la guerre a laissé un paysage dévasté derrière elle.

Un choc financier :

La situation financière de l’Europe en 1918 est très grave. La richesse nationale des belligérants a été profondément entamée. Ils ont d’abord dû donner une partie de leurs réserves d’or pour l’achat de matériel militaire, faute d’avoir des produits à exporter. Mais ce moyen de financement s’avérait insuffisant.. Les Etats ont donc eu recours à l’emprunt :
- Emprunts intérieurs : les dettes publiques ont augmenté dans des proportions considérables. En France, la dette passe entre 1914 et 1919 de 33,5 à 219 milliards de franc-or, en Allemagne de 6 à 169 milliards et au Royaume-Uni de 17,6 à 196,6 milliards.
- Emprunts extérieurs : Les pays européens ont emprunté à de nombreux pays du monde, surtout aux Etats-Unis. La dette extérieure de la France s’élève à 33 milliards de franc-or, celle de l’Angleterre s’élève à  32 milliards et celle de l’Italie s’élève à 20 milliards.
C’est ainsi que l’Europe entre dans une période
d’inflation, aggravée après la guerre par les déséquilibres entre une production insuffisante et une demande de produit très forte : par exemple, en France, les produits ont quadruplé. Autre conséquence de l’inflation, les principales monnaies européennes cessent d’être convertibles en or et n’ont plus aucune valeur comparé au dollar : en décembre 1919, la livre sterling a perdu 10% de sa valeur, le franc français a perdu 50% et le mark a perdu 90%.

Tous ces bouleversements aboutissent à un renversement des positions d’avant-guerre des pays européens qui se retrouvent en plein déclin...


B. Le déclin de l’Europe

Avant la guerre, l’Europe ne pouvait déjà plus se passer d’importer des produits alimentaires. Cette dépendance envers les autres pays est accrue pendant le conflit du fait de la baisse des rendements agricoles. Par exemple, en France, la baisse la récolte de blé tombe de 89 à 63 millions de quintaux, soit une baisse d’environ 30%. En Allemagne, les récoltes de blé ont diminué de moitié.
L’élevage a souffert lui aussi. Le nombre de tête de bétail ayant baissé amène à l’accroissement de l’importation de viande venant du reste du monde.
Par ailleurs, l’Europe en guerre a dû acheter ce qui lui manquait pour combattre, c’est-à-dire acier, pétrole, armes principalement. En 1916, les Etats-Unis lui livrent chaque mois pour 300 millions de francs d’armes et de munitions. Pourtant, avant la guerre, l’Europe vendait au monde des produits industriels et était la plus grande puissance industrielle… Après la guerre, elle doit avoir recours à de nombreuses importations coûteuses.  

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