Étude d’un portrait de famille : La famille Hirschsprung de Peder Severin Krøyer

Étude d’un portrait de famille : La famille Hirschsprung de Peder Severin Krøyer

I - Le contexte historique de l’oeuvre

Peder Severin Krøyer, né le 23 juillet 1851 à Stavanger en Norvège et décédé le 21 novembre 1909 à Skagen au Danemark, est un grand peintre danois impressionniste du XIXe siècle. Dès l’âge de 14 ans, il étudie à l’Académie royale danoise des beaux-arts, puis, en 1871, il débute en tant que peintre où il expose régulièrement à Charlottenborg. De 1877 à 1881, il entreprit un voyage d’étude en Europe où il étudia l’art, développa sa technique et rencontra de nombreux artistes. En effet, il visita l’Espagne, l’Italie, mais séjourna particulièrement en France à Paris, où il rencontra les meneurs de fil du mouvement impressionniste comme Claude Monet, Edouard Manet, Pierre-Auguste Renoir ou Alfred Sisley. En 1882, de retour au Danemark, Krøyer s’installe à Skagen et constitue un groupe d’artistes, les Skagensmalerne, comprenant Frits Thaulow, Michael Peter Ancher, Anna Ancher, Carl Locher, Viggo Johansen, Christian Krohg, Eilif Peterssen et Laurits Regner Tuxen. Cependant, la cécité l'a atteint graduellement au cours des dix dernières années de sa vie jusqu'à ce qu'il perde totalement la vue. Certains de ses derniers chefs-d'œuvre ont été peints alors qu’il était à moitié aveugle. Il est devenu célèbre pour ses paysages impressionnistes, ses portraits, ses scènes de vie ou encore ses promenades sur la plage. Son oeuvre la plus connue est sans doute la Soirée d’été sur la plage de Skagen, peinte en 1893.

Krøyer connait la famille des Hirschsprung par leur grand soutien pour son art. En effet, dès 1874, Heinrich Hirschsprung, collectionneur d’art et entrepreneur danois, achète une première peinture de Krøyer. Cet achat sera suivi d’une quantité d’autres au cours des années suivantes notamment ce portait de famille. Par ailleurs, son voyage en Europe a été soutenu financièrement par les Hirschsprung. Il leur rend visite jusqu’à sa mort en 1909, montrant ce lien véritable entre le peintre et cette famille.

Le tableau a étudier est une peinture à huile sur toile élaboré en 1881. Cette oeuvre de dimensions de 109,5 x 135 cm est actuellement conservée au musée Hirschsprung Collection au Danemark. Ce tableau a été commandé à la demande de Pauline Hirschsprung, l’épouse de Heinrich Hischsprung, avant que ses deux fils n’entrent en pensionnat en Suisse. Il s’agit ainsi d’un tableau privé qui n’était pas destiné au public. Il a appartenu à la famille jusqu’en 1911, date à laquelle Pauline Hirschsprung en a fait don à la collection Hirschsprung. Ce tableau a été créé au retour du voyage de Krøyer en Europe. L’artiste a mis beaucoup de temps de préparation pour concevoir le rendu final, comme le montrent les nombreux croquis et dessins-brouillons de chaque membre de la famille, ainsi que plusieurs études de composition. Ce tableau s’inscrit dans le mouvement de l’impressionnisme, mouvement pictural apparu en France dans les années 1860 ayant une esthétique se concentrant sur des couleurs vives, en opposition à l’art académique.

II - Analyse de l’oeuvre

Le tableau représente une famille bourgeoise profitant des douceurs de l’été, prenant le thé à l’extérieur d’une maison. En effet, la famille est vue dans un moment de détente sur la terrasse de leur résidence d'été "Vilhelmsdal" de Svanemøllen à l’extérieur de Copenhague, qu'ils avaient louée depuis quelques années. La végétation autour indique le cadre temporel de la peinture, c’est-a-dire en période estivale. Sont peints tous les membres de la famille, en éclipse autour de la table : en plus du père Heinrich et de la mère Pauline, il y a les quatre fils et la fille Ellen. De gauche à droite, nous pouvons voir Ivar, Aage, Oscar et Robert. Les vêtements de la famille permettent de reconnaître leur statut social. En effet, le père et le fils ainé portent un costume, sont chaussés de bottes de cuirs. De même, la mère porte des habits ornementés d’un foulard noué et un col en fraise. Par conséquent, ces détails vestimentaires les inscrivent dans la classe bourgeoise d’autant plus

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