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Figure de femmes juives et musulmanes dans l'Algérie coloniale de la fin du XIXè siècle

Fiche de lecture : Figure de femmes juives et musulmanes dans l'Algérie coloniale de la fin du XIXè siècle. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  9 Décembre 2021  •  Fiche de lecture  •  1 545 Mots (7 Pages)  •  368 Vues

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Fiche de lecture histoire

Introduction :

La construction des figures de la femme « juive » et de la femme « musulmane » en Algérie à la fin du 19e siècle est explorée dans l’article de Naomi Davidson à travers une lecture intersectionnelle des deux « femmes arabes ». L’article propose une analyse genrée d’une société coloniale dans le cadre des études qui considèrent les communautés juives et musulmane comme parties intégrantes de l’Algérie, selon une historiographie récente. Des écrits provenant des rabbins métropolitains et des instituteurs juifs démontrent comment et pourquoi ces leaders communautaires ont insisté sur l’importance de « civiliser » la femme « juive » d’Algérie. Opérer une distinction entre les comportements féminins juif et musulman et rendre visible cette différence sont une manière de s’inscrire dans une hiérarchie coloniale.

Naomi Davidson est née en 1976 et est maîtresse de conférence invitée l’Université de Chicago-Centre à Paris, avant d’avoir été Maîtresse de conférence à l’Université d’Ottawa. Elle travaille particulièrement sur la migration et les distinctions genrées et religieuses entre la France et le Maghreb aux XIXè et XXè siècle, et le temps de la décolonisation. Elle travaille aussi sur les communautés juives et musulmanes d’Algérie pendant et après l’indépendance. Ainsi, cet article s’inscrit parfaitement dans le champs de recherche de l’auteure.

Partie I :

Dans la première partie de ce texte, l’auteure décrit tout d’abord la hiérarchie coloniale de l’Algérie du XIXè siècle, que les colons dominent. Les communautés juives et musulmanes sont quant à elles perçues comme inférieures, partageant les mêmes conditions de vie et obéissant toutes deux aux lois religieuses du Coran ou de la loi mosaïque, incompatibles avec celles de l’Empire colonial français. L’auteur nous apprend par la suite qu’en 1865, un sénatus-consulte est mis en place par Napoléon III, et effectue une distinction entre le citoyen et le sujet national. En effet, le premier obéit au droit civil français pendant que le second dépend des lois religieuses. La distinction entre colons et indigènes est donc institué légalement par l’Empereur.

Puis, l’auteur aborde la première rupture légale entre les communautés juives et musulmanes. En effet, dans le but de réformer le système colonial français et pour répondre aux ambitions impériales, Napoléon III met en place le décret de Cémieux en 1870 permettant aux indigènes d’accéder à la citoyenneté en abandonnant les lois religieuses, ce qui a été massivement le cas des juifs, non des musulmans. Dès lors, il existe une distinction légale entre juifs algériens et colons citoyens français, et la majorité musulmane qui reste sujet national.

Mais l’auteur indique que cette naturalisation juive et ce changement de statut des communautés est inégalement accepté. En effet, beaucoup de colons français s’opposent à l’accès à la citoyenneté des juifs, à l’image du préfet d’Oran que l’auteure prend comme exemple. Elle explique cette opposition par le devoir religieux des chrétiens qui doivent assurer leur domination religieuse dont naturalisation juive est une menace. On assiste donc à une racialisation des religions. D’un autre côté, si, comme le montre l’auteure, les juifs ne subissent plus les mêmes discriminations que les musulmans, ce n’est pas pour autant qu’ils adhèrent unanimement à cette naturalisation. En effet, les rabbins algériens ne souhaitent pas perdre leur pouvoir juridique. Mais, les juifs métropolitains du Consistoire, qui est une institution crée en 1808 par Napoléon Ier pour administrer le culte israélite en France, sont eux très favorables à cette citoyenneté nouvelle. Ainsi, les relations intracommunautaires juive sont ambiguës et complexes alors que celles intercommunautaires sont régies par l’antisémitisme.

Parie II :

Après avoir décrit une première séparation légale entre les deux communautés et les difficultés d’acceptation, la seconde partie de ce texte se concentre sur les similarités des pratiques religieuses  juives et musulmanes algériennes.

L’auteure prend pour cela la voix d’Hubertine Auclert, journaliste, écrivaine et militante féministe française, qui décrit la pratique religieuse des deux communautés juives et musulmanes en Algérie, la choquant largement. Elle parle en effet du devoir de la France qui est de faire évoluer la population algérienne et affirme que la « femme arabe » est l’être le plus opprimé de la société coloniale. Concernant les pratiques, Hubertine Auclert perçoit le « mariage arabe » comme un viol d’enfant et condamne la polygamie. Cela permet à l’auteur de mettre en lumière la centralité des pratiques religieuses liées au corps de la femme dans la définition des positions hiérarchiques coloniales.

L’auteure montre ensuite la volonté affichée des rabbins métropolitains et des instituteurs de l’Alliance israélite universelle, qui est une société juive internationale culturelle, est de mettre en place une distinction entre la femme juive et la femme musulmane. Et ce avec un double objectif, permettre à la communauté juive entière de distinguer sa légitimité en tant que citoyens et de séparer les communautés musulmane et juive en Algérie .

La figure de la « femme juive » est ainsi instrumentalisée comme moyen de distinction mais aussi de légitimation de la culture et d’inscription des juifs plus haut dans la hiérarchie coloniale.

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