Dissertation : La Qualité De Français, Droit De L'homme ?

Selon l'Abbé Terrasson, « si l'amour de la patrie est une [...] application spéciale de l'amour pour le genre humain en général, il est admirable. Au contraire, s'il en est une exclusion, comme chez les peuples conquérants, il est terrible ».

Cette citation illustre parfaitement la situation qu'a vécu la France sous la révolution. Celle-ci apporta en effet de nouvelles idées, en rupture avec l'ancien régime, des idées qui permirent de redéfinir le citoyen français. Le Code civil de 1804 plaça l'individu au coeur du droit et de la déclaration des droits de l'homme (concept selon lequel tout être humain possède des droits universels, inaliénables, indépendemment de sa nationalité), faisant du citoyen un être libre, autonome, responsable et éclairé, conformément au courant de pensée des Lumières. La France devint ainsi le fervent défenseur de la liberté et de l'égalité, et se fit le missionnaire de ces idées dans le monde. L'Etat français contribua à l'épanouissement du cosmopolitisme (concept fondé sur l'universalisme et l'idée de citoyenneté du monde) en tournant son regard vers l'étranger. L'arrivée au pouvoir de Louis Napoléon Bonaparte sous le Consulat accentua toutefois le sentiment national et le patriotisme, apportant une conception plus individualiste du citoyen français. Là où les idées révolutionnaires s'attachaient au cosmopolitisme, le premier consul prônait en premier lieu l'intérêt de sa nation, qu'il considérait supérieure en tous points.

Ainsi, la qualité de français telle qu'elle fut envisagée sous la Révolution est-elle vraiment compatible avec le concept des droits de l'homme ? Afin d'étudier cette question, nous montrerons tout d'abord que le français apparut comme un véritable défenseur des droits de l'homme (I), avant d'aborder la montée et la persistance du patriotisme (II).

I – Le français, véritable défenseur des droits de l'homme et du citoyen

Une conception toute particulière du citoyen français apparait sous la révolution, celle d'un homme libre (A) voulant propager les idées révolutionnaires (B).

A) Un homme libre et éclairé

Le nouveau français est ainsi considéré comme un homme éclairé, adhérant à des règles morales et sociales, participant à la vie politique de son pays et se faisant le défenseur de la paix et de la liberté. Il s'agit d'un homme libre, représentant une catégorie juridique à part entière, et n'ayant rien à envier au français de l'ancien régime. Les législateurs de l'époque, inspirés de l'Encyclopédie et des philosophes des Lumières, considéraient le français comme le citoyen idéal, respectant la déclaration des droits de l'homme et en étant le digne représentant. Ce texte fondamental, parut en 1789, consacre des principes tels que la liberté, l'égalité ou encore la sûreté, et c'est précisément en vertu de ces principes que le nouveau français se comporte naturellement et de manière spontanée. La France en elle-même apparait à cette époque comme le berceau des Lumières et de la liberté, et il semble inconcevable qu'un français puisse abandonner sa qualité de français car cela reviendrait à renoncer à la liberté. D'après un adage de l'époque, « l'air de la France rend libre ». Cette simple expression atteste de cet incroyable sentiment de liberté que l'on considérait comme étant lié à la France et aux français.

B) Une croisade idéologique menée au nom de la France

Plus encore que cela, la France estime à l'époque qu'elle doit incarner et diffuser les idées de la révolution, au nom de la liberté. Il s'agit d'une véritable guerre idéologique en Europe, menée contre les tenants du royalisme et accompagnée de la part des français d'un important sentiment de supériorité. Jusqu'en 1800, les citoyens français se firent ainsi missionnaires des idées des Lumières dans le monde. La diffusion du Code civil de 1804 fut un tournant majeur qui contribua à forger

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