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La France en 1958

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Par   •  22 Janvier 2019  •  Dissertation  •  3 805 Mots (16 Pages)  •  617 Vues

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La France en 1958

« La France ne peut être la France sans la grandeur » énonce Charles de Gaulle dans l’incipit de ses Mémoires de Guerre - l’Appel, en 1954, quelques années après la Seconde Guerre mondiale. Or la France, en 1958, est une Nation et une République affaiblie par la guerre d’Algérie, ébranlée dans ses fondements, en proie à de sérieux questionnements face à une crise politique et morale et à un déclin financier.

Nous pouvons donc nous demander en quoi la France de 1958 est le théâtre de bouleversements et de mutations importantes tels que des divisions politiques, des déchirements idéologiques, un affaiblissement diplomatique et une remise en question de l’Empire colonial, qui menacent l’Unité Nationale et remettent en cause la France comme Nation, c’est-à-dire comme groupe humain uni constituant une communauté politique établie sur un territoire défini et personnifiée par une autorité souveraine.   Nous pouvons ainsi  nous interroger sur la façon dont ces phénomènes ont entrainé la déchéance de la IVème République et de ce fait l’émergence de la Vème République, image d’une ère nouvelle.

Pour répondre à cela, nous verrons en premier lieu l’agonie de la IVème République en ce début d’année 1958, au travers des conséquences de la guerre d’Algérie et  de la paralysie de la vie politique française. En deuxième lieu, nous nous intéresserons à la transition de la IVème à la Vème République ; d’abord, en quoi la situation est propice à un changement de République, profitant à l’action des gaullistes avec la renaissance d’un activisme de l’Extrême Droite, puis comment elle s’enclenchera avec la crise du 13 mai 1958. Enfin, nous étudierons les fondations de la Vème  République mises en place par le général de Gaulle, par le biais de la formation d’un nouveau gouvernement et l’établissement d’une nouvelle Constitution.

I-   Le début de l’année 1958 : l’agonie de la IVème République, annonçant une rupture brutale imminente.

  1. La responsabilité de la guerre d’Algérie dans l’affaiblissement de la France

Pour commencer, les répercussions de l’aggravation de la guerre d’Algérie, qui dure depuis quatre ans, sont lourdes de conséquences dans tous les domaines, cette dernière étant la première responsable de l’affaiblissement de la France. Ainsi la guerre d’Algérie, déjà à l’origine de la détérioration de la position internationale de la France dans les années précédentes, continue d’affaiblir la Nation Française. D’une part, la guerre d’Algérie détériore la situation financière de la France : véritable gouffre financier, elle relance l’inflation par l’augmentation de la demande, par l’accroissement des coûts, et par la main d’œuvre qui se raréfie à cause du grand nombre de soldats mobilisés. Cela a inévitablement creusé le déficit budgétaire ; la balance commerciale est de nouveau en déficit et les réserves monétaires du pays s’amenuisent. La situation financière est de plus en plus critique en ce début d’année 1958 et marque une pause dans la période des Trente Glorieuses ; Jean Monnet, homme politique et conseiller économique est envoyé d’urgence aux Etats Unis pour y quémander des crédits. D’autre part, la guerre d’Algérie provoque en France une crise morale. En effet, elle suscite un profond malaise au sein de la jeunesse, des étudiants, des Eglises, des intellectuels et des syndicats, qui ont du mal à approuver l’engagement du pays dans un conflit allant à l’encontre des aspirations morales et nationales d’un peuple. De la même façon, ils admettent mal de voir l’armée avoir recours à la violence (armes, torture) pour parvenir à ses fins. Ainsi, en février 1958, des avions français bombardent un village Tunisien, Sakhiet-Sidi Youssef, dans le but de frapper un des camps que le Front de libération nationale (FLN,  parti politique algérien), possède à la frontière tunisienne. Faisant un total de 69 morts dont 21 enfants, le raid provoque une vague d’indignation en France et dans le monde. Ces évènements donnent ainsi lieu à la division de l’opinion publique française.  D’un côté, la paix est réclamée avec ardeur par des groupes très minoritaires n’hésitant pas à prendre le parti du FLN et à l’aider dans son combat. Mais face à cette volonté de paix négociée, le gouvernement répond par des censures de journaux et des poursuites judiciaires. Une seconde partie de l’opinion publique est hostile à toute négociation : soit par attachement au maintien de la souveraineté française, soit par crainte du sort réservé aux Français d’Algérie, ou encore par hostilité au FLN dont les méthodes de guerre ne sont pas moins cruelles que celles utilisées par l’armée Française.

  1. La paralysie de la vie politique française

Ainsi, pour continuer, si la guerre d’Algérie conduit la France à une détérioration financière et identitaire de la Nation, elle aboutit surtout à la paralysie de la vie politique française. L’instabilité ministérielle et l’inefficacité politique ne sont pas pour arranger les choses. En effet, pas moins de 24 gouvernements se sont succédés de 1947 à 1958 au cours de la IVème République. En ce début de 1958, il n’y a donc plus de majorité pour soutenir un gouvernement stable : la gauche socialiste est déconsidérée par l’échec de Guy Mollet  et la gauche communiste par le soutien apporté par le passé à l’Union Soviétique. Quant au centre et à la droite, ils ne peuvent pas non plus former une majorité durable, puisque divisés entre ceux souhaitant une paix négociée avec le FLN et ceux préférant la répression de cette rébellion. Pour ne pas se couper de la gauche qui entrainerait sans équivoque l’éclatement de leur parti, les socialistes préfèrent se tenir à l’écart de la vie politique française. L’abstention du principal parti majoritaire ne permet la mise en route que de ministères faibles, sans véritable autorité, au moment même où la France doit affronter des problèmes cruciaux : le radical Félix Gaillard constitue un gouvernement fragile à l’autorité de plus en plus faible, qui finit par chuter le 15 avril 1958. En Algérie, en particulier, l’armée se conduit en détentrice du pouvoir à la fois militaire et civil, faisant de l’Algérie une véritable « province militaire ». Désormais, le gouvernement n’a plus qu’une préoccupation : trouver une issue politique par la négociation à la crise algérienne. Néanmoins, il n’ose faire connaître ouvertement cet objectif et en entreprendre la démarche puisqu’il manque d’autorité pour l’imposer au parlement, aux colons d’Algérie et à l’armée. Par ailleurs, la crainte d’une négociation pousse les partisans de l’Algérie française à s’organiser. Ainsi naît « L’union pour le salut et le Renouveau de l’Algérie Française », avec entre autres le gaulliste Soustelle ou le radical André Morice. La guerre d’Algérie débouche donc sur une crise du régime et sur un réel éclatement des forces politiques.

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