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Sieyès - « Qu’est-ce que le Tiers Etat ? »

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Par   •  4 Mars 2018  •  Commentaire de texte  •  1 856 Mots (8 Pages)  •  2 372 Vues

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Sieyès - « Qu’est-ce que le Tiers Etat ? »

« Le désir du privilège et le goût de l’égalité, passions dominantes et contradictoires des français de toute époque ». Cette célèbre citation de Charles de Gaulle, datant de 1938, reprend l’idée proposée par Sieyès dans son œuvre « Qu’est ce que le Tiers Etat ? », écrite en janvier 1789 à la veille de la révolution française.

Sieyès est un grand homme politique français (1748-1836). Il a une influence décisive lors de la révolution de 1789. « Qu’est-ce que le Tiers Etat ? » est un court écrit satirique qui s’en prend au régime et aux institutions mises en place à l’époque. Rappelons que la société était divisée en trois ordres ; la noblesse et le clergé, ordres privilégiés, ainsi que le Tiers Etat. Dans son ouvrage, l’auteur fait une critique des privilèges, qu’il trouve injustifiés.

En effet, au XVIIIe siècle, le climat social est très tendu. Tout d’abord, la querelle incessante entre le parlement et la couronne ne fait qu’accentuer la méfiance du peuple vis à vis du roi. En effet, le parlement, qui a pour fonction principale d’enregistrer les lois proposées par le roi, a souvent abusé de son droit de remontrance et a créé de réelles tensions au sein du royaume, comme lors de la séance de la flagellation du 3 mars 1766.

D’autre part, le système fiscal de l’époque est défaillant. L’Etat s’est endetté et doit faire face à une crise économique importante. L’année 1788 va également connaître une récolte des plus désastreuse, qui entrainera des famines de partout dans le pays. Le soutien de la guerre d’indépendance en Amérique coûte aussi très cher au royaume. Pour pallier à ces phénomènes et accroitre les revenus de l’Etat, Louis XVI veut mettre en place un impôt, qui serait payé par les trois ordres de la société, noblesse comprise. Cette décision créa alors des révoltes de la part des ordres privilégiés, et ne fit qu’augmenter la remise en question du roi. Les parlements profitèrent de la situation pour refuser d’enregistrer la nouvelle montée d’impôt, sous prétexte qu’ils ne seraient pas dans l’intérêt du peuple et que cette décision relève de la compétence exclusive des états généraux.

Enfin, le Tiers Etat a de plus en plus de mal à supporter les privilèges infondés et le manque de considération du clergé et de la noblesse. Leur opposition se fait de plus en plus ressentir au cours du XVIIIe siècle. Ainsi, dans son œuvre Sieyès est le porte-parole du Tiers Etat ; il exprime clairement sa vision et fait des revendications en leur nom.

Suite à tous ces évènements, Louis XVI convoquera les états généraux à Versailles le 1er mai 1789, ce qui entrainera la révolution quelques mois plus tard.

Il s’agit donc avec ce texte de comprendre quelle est la place du Tiers Etat dans la société française de 1789 ? Réussira-t-il à se défaire des privilèges de la noblesse et du clergé ?

Nous verrons donc quelle place le tiers état occupe dans la nation (I), et de quelle manière il essaye d’obtenir une égalité entre les ordres.

I – La place du Tiers Etat dans la nation

La société française du XVIIIe siècle se divise en trois ordres : le Tiers Etat, la noblesse et le clergé. C’est une société très inégalitaire, octroyant des privilèges aux classes les plus aisées. Nous verrons alors que le Tiers Etat est indispensable à l’économie et au fonctionnement du pays (A), et qu’il est le fondement de la nation (B)

A – Le tiers-état, moteur de l’économie

Tout d’abord, pour Sieyès, le Tiers Etat est indispensable à la survie de l’Etat français. On le comprend dès la première phrase : « Qu’est-ce que le Tiers Etat ? Tout. ». En effet, il représente d’abord 98% de la population française. Il regroupe la partie la plus active et travailleuse du pays. Il se divise en plusieurs catégories. D’abord, on y trouve la bourgeoisie, formée d’industriels, de commerçants, de banquiers, d’enseignants, ou encore de médecins. Cette classe dirige l’économie et fournit des cadres administratifs, elle est cependant écartée des hautes charges politiques. Ensuite, plus en bas de l’échelle on trouvait les ouvriers et les artisans, mais également les miséreux sans emploi. Enfin, la paysannerie était la classe qui regroupait le plus d’hommes (environ 20 millions), elle était indispensable à la survie du peuple français de part la nature de sa fonction.

En effet, on retrouve les membres du Tiers Etat dans les secteurs les plus importants de la société féodale, comme l’agriculture et l’artisanat, mais aussi dans l’économie. Ils occupaient donc toutes les fonctions vitales au fonctionnement du pays, même si beaucoup étaient usantes et offraient des conditions de vie médiocres (« il est l’homme fort et robuste dont un bras est encore enchaîné »).

D’autre part, la noblesse et le clergé sont deux ordres « privilégiés ». Si les privilèges fiscaux sont les plus connus (pas de taille pour la noblesse, aucun impôt pour le clergé), ce ne sont pas les seuls. En effet, ils bénéficient également de privilèges honorifiques ou juridiques, et leurs revenus venaient généralement des impôts payés par le Tiers Etat. Ainsi, pour Sieyès, le Tiers-Etat est donc « entravé et opprimé » au profit des ordres privilégiés. On le comprend également dans cette phrase : « Qu’est-ce que le Tiers Etat jusqu’à présent ? Rien. ». Pour lui, le Tiers Etat ne devrait pas avoir à payer autant d’impôts, alors qu’ils sont à l’origine même de l’économie et de la vie active du pays. Il met en avant le fait que les deux autres ordres ne seraient pas indispensables au fonctionnement de l’état, à contrario du tiers Etat (« Rien ne peut aller sans lui, tout irait infiniment mieux sans les autres… »).

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