Révolution Iranienne
Chronologie : Révolution Iranienne. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar yankovichyo • 16 Septembre 2015 • Chronologie • 4 641 Mots (19 Pages) • 877 Vues
Table des matières
Introduction
1. Mohammed Mossadegh
1.1 Début en politique
1.2 Retour en politique
1.3 Coup d’État
2. Savak
2.1 Implantation
2.2 La révolution blanche
3. Khomeiny
3.1 Exile de Khomeiny
3.2 Expulsion de l’Irak
4. Conclusion
BIBLIOGRAPHIE
Introduction
En février 1979, le monde entier fut témoin de l’un des plus grands mouvements populistes que la terre n’ait jamais connus, la révolution iranienne. Première révolution religieuse de l’histoire moderne, elle secoua tout le Moyen-Orient et changea à tout jamais la région et la perception que nous en avons. Cette révolution s’incarna en une République islamique chiite et est le symbole même de l’émancipation de cette dernière dans un Moyen-Orient à majorité sunnite. À son apogée, la révolution islamique mit fin au règne de la dynastie Pahlavi (1925-1979) et porta l’ayatollah Khomeiny (1902-1989) au pouvoir. Son retour triomphal mettra un terme à un exil de plus de 14 ans et transformera à jamais le visage de l’Iran et du coup celui du Moyen-Orient. Cette révolution qui a su réunir le peuple iranien est caractérisée par une série d’événements qui remontent à plus de 50 ans avant son avènement. Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, l’Iran fut aux prises, comme la majeure partie des pays du Moyen-Orient, avec des intérêts étrangers envahissants. Outre le fait d’être submergée par les puissances occidentales, elle fut également confrontée à Rezâ Khân (1878-1944), un commandant des forces cosaques qui était avare de pouvoir[1]. Il a orchestré un coup d’État qui le propulsa au rang de ministre de la guerre et répéta ensuite l’exploit en renversant la dynastie Qâdjâr (1786-1925) puis s’empara du trône. Lors de son ascension au pouvoir, rares étaient ceux qui osaient critiquer le fait que le Rezâ Khân soit à la fois premier ministre, roi et magistrat[2]. Ceci dit, parmi cette opposition quasi inexistante du Majles (Parlement) se trouvait Mohammed Mossadegh (1882-1967). Futur Premier ministre du pays, il démontra beaucoup de réticence envers les politiques de la nouvelle dynastie ainsi qu’à la mainmise qu’exerçaient les Britanniques sur les ressources pétrolières du pays. Suite à l’abdication de Rezâ Shâh au début de la Seconde Guerre mondiale, son fils Mohammed Rezâ (1919-1980) lui succéda. Dépeint comme un Shâh excentrique n’ayant aucun respect vis-à-vis les valeurs du pays, tant au niveau de la religion qu’au niveau de ses coutumes[3], il renversera le gouvernement de Mossadegh avec le soutien des Américains et de ses services secrets. Ensuite, il instaura un régime monarchique répressif à l’aide de sa police secrète, la Savak, tristement célèbre. Cette dernière qui était le chien de garde du souverain, instaura un système des plus barbares et sema la terreur dans tout le pays. Elle sera également à l’origine de l’expulsion de Khomeiny qui durant son exil se dressa comme leader de l’opposition face au régime du Shâh. Cette opposition orchestrée hors du pays coïncidera éventuellement avec la fin du régime monarchique pour le remplacer par une République islamique appliquant le principe de la charia. Pour être en mesure de bien saisir l’avènement de cette révolte et d’en comprendre les fondements même, il est essentiel de passer en revue le rôle de quelques-uns des principaux acteurs de ce mouvement.
1. Mohammed Mossadegh
1.1 Début en politique
Le 21 février 1921, jugeant le gouvernement en place insatisfaisant, débarque à Téhéran la Brigade cosaque pour le renverser. À la tête de ce soulèvement se trouve le commandant Rezâ Khân. Membre des forces perses depuis qu’il est tout jeune, Rezâ Khân grimpera les rangs de cette dernière jusqu’à en être le commandant. Le coup d’État porta au titre de premier ministre Seyyed Ziya ed-Din Tabatabaï qui nomma ensuite Rezâ Khân comme ministre de la guerre[4]. Tout comme dans les forces perses, Rezâ Khân grimpera dans la hiérarchie politique, lentement mais sûrement. À peine trois mois après son investiture, Seyyed Ziya fût contraint de démissionner de son poste de premier ministre et sera forcé à l’exile. Fort de plusieurs campagnes victorieuses contre des groupes d’insurgés[5] et avec une popularité grandissante, Rezâ Khân fût à son tour nommé en 1923 au titre de premier ministre par Ahmad Shâh (1909-1925). Ensuite, en 1925 avec le soutien des Anglais et le consentement majoritaire du Majles, Rezâ Khân destitua Ahmad Shâh sous prétexte qu’il était la cause de la décadence qui régnait au sein du pays[6]. Ainsi, le 12 décembre 1925, Rezâ Khân fût nommé Shâh d’Iran et mit fin à la dynastie des Qâdjâr (1786-1925) et établira celle des Pahlavi (1925-1979).
Durant l’ascension au pouvoir de ce dernier, Mohammed Mossadegh entama lui aussi sa carrière politique au niveau national. De retour au pays, après avoir étudié le droit à l’Université de Neuchâtel en Suisse où il a été le premier Iranien à obtenir un Doctorat d’une université européenne, il occupera un poste de professeur. Cependant, il quitta cette fonction pour s'engager en politique où il sera nommé sous-secrétaire au ministère des Finances sous Qavam al-Saltaneh en 1917. À cette époque, Mossadegh véhiculait déjà des pensées nationalistes[7] et travailla d’arrache-pied dans ses nouvelles fonctions. Cependant, peu de temps après avoir été affecté à ce poste, il démissionnera de son cabinet et quitta le pays pour quelque temps[8], pour ensuite revenir et occuper différents postes[9] au sein du gouvernement. Éventuellement, il sera ministre des Finances. Durant ses fonctions de ministre, il s’érigea en un vrai patriote et commença une véritable guerre contre la corruption qui s’était propagée comme de la gangrène chez les bureaucrates de l’État. De plus, il affichait ouvertement son dédain pour la royauté qu’il jugeait exténuante pour la démocratie du pays. Bien qu’il critiquait les comportements de l’élite iranienne et ce, malgré le fait que lui-même était issu de la dynastie des Qâdjâr[10], il tentait toujours de s’en dissocier. De plus, ses politiques contestataires qu’il exerça en tant que gouverneur de l’Azerbaïdjan lui attireront les foudres de ses opposants et il sera rapidement perçu comme un rival. Selon Christopher de Bellaigue, ses actions lui voudront « […] la mort de son poste de gouverneur.[11] » Toutefois, ce sera son discours qu’il prononça au Majlis, contre l’ascension au trône de Rezâ Khân qui lui vaudra l'animosité du nouveau souverain et qui l’escortera hors politique, du moins, pour plusieurs années. Diriger par ses convictions, Mossadegh refusa même de porter allégeance au nouveau roi lors de sa réélection au Majlis de 1926, puisqu’il voyait en ce nouveau shâh un éloignement vis-à-vis la réforme constitutionnelle que le pays avait adoptée au début siècle[12]. C’est lors des élections de 1928 qu’il laissera en suspens sa vie politique. La corruption omniprésente entourant le suffrage aura eu raison de son siège. Les répliques incessantes de Mossadegh vis-à-vis le shâh l’auront finalement rattrapé, comme quoi, il vaut mieux de se taire et de se faire tout petit sous le régime dictatorial de Rezâ Shâh. Sous ce régime absolu, Mossadegh n’était plus le bienvenu, il se retira donc de la vie politique et du coup, s’évinça complètement de cette dernière, jusqu’à en être pratiquement oublié. Cela ne semblait pas être suffisant aux yeux du shâh qui préférait le voir derrière les barreaux : ce dernier l’emprisonna alors sans prétextes. Il fut éventuellement libéré à la demande du prince héritier, mais sera tout de même contraint à l’assignation à domicile.
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