Quel rôle joue la culture dans la guerre Ukraine-Russie ?

  Le 27 juillet 2017, Vladimir Poutine déclare : « Quand je dis chez nous, ça signifie la Russie et l’Ukraine ».

Le président russe n’a jamais envisagé l’indépendance de l’Ukraine et, le 24/02/2022, il décide de mettre fin à cette incompatibilité.

Pourtant, l’Ukraine, ayant obtenu sa dépendance en 1991 dans le cadre de la dissolution de l’Union soviétique, a sa propre culture : une identité qui la distingue de la Russie.

Quel rôle joue la culture dans la guerre Ukraine/ Russie ?

Je commencerai par définir la culture en m’appuyant sur des exemples ukrainiens et russes, puis j’examinerai l’implication des artistes dans le conflit et je terminerai en montrant le rôle de la culture dans la paix.

  Selon l’UNESCO, la culture dans son sens le plus large peut être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels, matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société, un groupe social. Elle comprend les arts, les lettres et les sciences comme les modes de vie, les lois, les systèmes de valeurs, les droits fondamentaux, les traditions et les croyances.

C’est ce qu’un groupe d’individus peut avoir en commun, ce qui le soude : ce qui est appris, transmis, produit et inventé : c’est une identité.

Par exemple, une partie de l’identité ukrainienne (de sa culture donc) peut être la cathédrale Sainte Sophie de Kiev, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, ou encore une personnalité comme Maria Primatchenko, symbole artistique.

Cependant, l’Ukraine est marquée par la division aux niveaux linguistiques et politiques entre l’est et l’ouest du pays.

Rappelons que de grands artistes (auteurs, compositeurs) que l’on associe à la culture russe sont nés en actuelle Ukraine comme par exemple Mikhaïl Boulgakov (écrivain) en 1891 à Kiev.

Une partie de l’Ukraine a ainsi une histoire commune avec certaines nations voisines comme la Russie : du 9 au 13è siècle ap.JC un pays nommé la Rous de Kiev englobait les actuelles Ukraine, Biélorussie et une partie de la Russie.

  Effectivement, les artistes, dans leurs œuvres comme dans leurs lieux d’activités, leurs actions, leurs démissions ou leurs renvois sont très liés à la politique.

Nous avons actuellement plusieurs exemples comme le chef d’orchestre d’origine russe Tugan Sokiev, démissionnant de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse et de ses fonctions de directeur du Théâtre du Bolchoï à Moscou le 6 mars 2022.

Se voyant dans l’obligation de choisir entre la France et la Russie, il déclare : « Je n’ai jamais soutenu et je serai toujours contre tout conflit sous quelque forme que ce soit, on me demande de choisir une tradition culturelle plutôt qu’une autre ».

A l’Opéra de Lviv, à l’ouest de l’Ukraine, 515 salariés sur 550 continuent les représentations. Vasyl Vovkun, directeur de l’Opéra, rappelle que la guerre est aussi culturelle en prononçant ces paroles : « Notre arme à nous, c’est la culture, le plus important est de ne pas se taire ».

  La culture, hormis le fait qu’elle soit une cible, apporte aussi l’espoir, l’union et la paix.

Nous avons déjà observé le rôle d’union que crée Maria Primatchenko, artiste ukrainienne du 20e siècle : 25 de ses toiles exposées au musée d’Ivankiv ayant brulé, des artistes californiens ont reproduit une de ses œuvres dans un musée de San Francisco.

Autre exemple avec Kirill Serebrenikov, metteur en scène et cinéaste russe exilé à Berlin. Il est reconnu pour ses prises de décisions à l’encontre du régime de Poutine. En conséquent, il est le seul réalisateur russe en sélection officielle du Festival de Cannes 2022. Lors d’une interview réalisée par Ivy Jackson, le réalisateur résume son opinion suite à la sortie de son film La femme de Tchaïkovsky en affirmant : « Le festival n’est pas complètement éloigné de ce qui se passe aujourd’hui en Europe, nous nous battons pour la culture russe, la vraie culture russe et pas celle de la propagande, pas celle de l’État, parle toujours de la vie humaine, de sa fragilité et donc de son opposition à la guerre ».

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