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Les événements du 28 février 1947 à Taiwan, un lourd héritage

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Par   •  19 Décembre 2017  •  Dissertation  •  1 545 Mots (7 Pages)  •  496 Vues

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Les événements du 28 février 1947 : un lourd héritage

Introduction

        Appelée à demeurer une possession de l’Empire nippon, l’île revient sous souveraineté chinoise au lendemain de la seconde guerre mondiale. Mais, loin de se couler dans le statut d’une province chinoise à part entière, Taïwan est aussitôt brutalement recolonisée par les nationalistes chinois, qui ont pourtant eux-mêmes exigé sa décolonisation. Que s'est-il alors passé le 28 février 1947 et quoi ces événements constituent-ils aujourd'hui un lourd héritage pour la population taiwannaise ? Nous expliquerons dans un premier temps en quoi consistent les événements, puis nous aborderons comment ils sont commémorés et enfin nous verrons que la douleur liée à ces événements n'est toujours pas apaisée bien que soixante-dix ans se soient écoulés.

I. Contexte historique et déroulement de « l'incident »

1. Taiwan passe aux mains de la Chine

        1945 marque la fin de la seconde guerre mondiale. Taiwan, colonisée depuis 1895 par le Japon passe sous le contrôle de la Chine nationaliste, alors dirigée par Tchang Kaï-chek. Cependant, puisque Taiwan subit la politique colonialiste japonaise durant 50 années, son système social, administratif et culturel a naturellement évolué très différemment de celui de la Chine. De plus, la plupart des Taïwanais âgés de moins de 50 ans ne parlent pas et  ne comprennent pas le putonghua.

Le gouverneur de l'île, Chen Yi, aggrave la situation en menant une politique autoritaire. En effet, les Taiwannais sont privés du droit de participer à la vie politique de l'île. À cette tension s'ajoutent la corruption de la bureaucratie et une dépression économique.

        C'est dans ce contexte que se produit l'incident du 28 février 1947. Le terme « incident » est d'ailleurs un doux euphémisme pour désigner un véritable massacre.

2. Soulèvement les 27 et 28 février 1947

        L'incident commence en réalité le 27 février. Une vieille taiwannaise revendant des cigarettes de contrebande est rouée de coups par un employé du bureau du monopole du tabac et du vin. Un passant tente de s'interposer et trouve la mort dans l'altercation.

        Le lendemain les foules se rassemblent dans les rues de Taipei et d'autres grandes villes. Une révolte éclate contre le gouverneur Chen Yi et des soldats arrivent du continent pour mater la révolte.

3. Proclamation de la loi martiale le 10 mars 1947

        Le 10 mars 1947, la loi martiale est proclamée. L'armée tire sur la foule et arrête et exécute toute personne représentant une menace pour le gouvernement. Parmi elles, bon nombre sont des leaders  politiques et des intellectuels taiwannais.

        Bien que la révolte soit matée, la loi martiale est maintenue jusqu'en 1987, l'incident du 28 février 1947 ouvre alors la période de la « terreur blanche ».

II. Excuses du Kuomintang et commémoration

1. Le Kuomintang admet la violence de son armée et Lee Teng-hui présente ses excuses

        L’incident du 28 février reste pendant longtemps un sujet tabou à Taiwan. Ce n’est qu’en 1993 qu’un rapport est publié par un groupe de 5 historiens. C’est la première fois en 45 ans que le gouvernement du Kuomintang admet que son armée a tué entre 18000 et 28000 taïwanais « de souche » durant le massacre de 1947. 

        Le président qui exprime le premier des remords et qui alloue des compensations financières, c’est Lee Teng-hui en 1995. Il ordonne également la construction de monuments commémoratifs à la mémoire des personnes tuées ou disparues. Le texte gravé sur le monument en mémoire du massacre du 28 février 1947 érigé dans le centre-ville de Taipei est un appel « à ne faire qu'un, sans tenir compte des différents groupes d'appartenance de la population ».

        Enfin, en 1995, le 28 février devient un jour férié à Taiwan en hommage aux victimes.

2. « La vérité ne peut être oubliée », Ma Ying-Jeou

        L’ancien président Ma Ying-Jeou déclare lors des cérémonies marquant le 69e anniversaire du soulèvement que « la vérité ne peut être oubliée » et rappelle les excuses formulées par le Kuomintang à l'attention des victimes.

3. Établissement d'une commission « Vérité et réconciliation » par Tsai Ying-Wen

        Ce même jour, Tsai Ying-Wen, présidente de Taiwan depuis mai dernier, annonce l'établissement d'une commission « vérité et réconciliation » pour enquêter sur la répression. Il y a urgence, car l'événement date d'il y a 70 ans, pour rétablir la vérité, il faut aller vite, avant que ceux qui ont vécu le soulèvement n'aient tous disparus.

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