« A la lumière de vos expériences et de vos lectures, pensez-vous encore possible de préserver le secret aujourd'hui ? »
Dissertation : « A la lumière de vos expériences et de vos lectures, pensez-vous encore possible de préserver le secret aujourd'hui ? ». Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Tanguy82 • 16 Octobre 2021 • Dissertation • 1 209 Mots (5 Pages) • 505 Vues
« A la lumière de vos expériences et de vos lectures, pensez-vous encore possible
de préserver le secret aujourd'hui ? »
Dans sa célèbre phrase « Tout esprit profond a besoin d’un masque », Nietzsche fait du
masque le protecteur de notre intimité, de nos secrets. Le secret semble donc être menacé au point
de devoir être préservé ; qu’on doive lui permettre de continuer à exister. Pourtant, le secret est
omniprésent : c’est une information que l’on cache délibérément, créant une asymétrie de puissance
entre le détenteur du secret, qui domine celui qui aspire à le connaître. Si le secret semble aussi
présent, il est juste de se demander ce qui pourrait le menacer actuellement. Il est vrai que l’on parle
désormais de « tyrannie de la transparence ». Cette propriété à ne rien camoufler, à « laisser
paraître » semble en effet séduire, grâce au lien confus que l’on fait entre transparence, justice et
vérité. « Le dosage entre secret et transparence est un enjeu de pouvoir » disait Eric Duhamel. Et
cette recherche d’un équilibre n’est pas nouvelle, mais plutôt compromise aujourd’hui, comme le
suggère le mot « encore ». En effet on peut observer une volonté générale de transparence partout :
création d’openspaces, confessions en ligne, cuisine sous les yeux des clients… Même
l’architecture de verre des entreprises nous renvoie au sens premier de la transparence (montrer à
travers). Ainsi la transparence se positionne comme ennemie toute-puissante du secret. Une
incapacité à protéger ce dernier pourrait alors entraîner sa mort.
Peut-on stopper, ou du moins ralentir cette tyrannie de la transparence, compte tenu de notre
monde actuel ? Et quelles sont les actions qui nous permettraient de conserver ce « masque »
protégeant nos secrets ?
Certes l’essor de la transparence semble prendre le pas sur le secret, pourtant nous verrons
comment sauver le secret reste possible.
Aujourd’hui, le secret semble faire peur. Cette opacité est suspecte par ce qu’elle peut
cacher : fraudes, complots, népotismes… Afin de lutter contre cette interprétation moderne du sens
de secret, on utilise la transparence.
D’un point de vue politique et économique, elle fait l’objet de mesures comme la création
récente de la HATVP, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Cet organisme a
notamment fait parler de lui après l’affaire Cahuzac en 2013, où le scandale politico-financier avait
entraîné des mesures inédites : les candidats politiques, députés, sénateurs et autres hauts
fonctionnaires doivent désormais faire part, publiquement, de leur patrimoine afin d’éviter de
nouveaux tollés. Plus récemment encore, une levée du secret bancaire a été débattue à la
commission parlementaire des Finance, concernant des fonds transférés à l’étranger, toujours dans
l’optique d’éloigner l’hypothèse de fraudes. On observe donc une grande volonté de transparence
fiscale, qui semble se développer de plus en plus. Par les mesures politiques prises, le gouvernement
choisit de jouer la carte de la transparence, essentielle pour que la population accorde sa confiance.
Cette confiance est due à l’association confuse de la transparence et des progrès, de la vérité,
de tous les bienfaits. L’empreinte de l’ère numérique en est grandement responsable. Les affaires
Wikileaks et Cambridge Analytica ont provoqué une prise de conscience populaire, dévoilant les
envers du décor. Ainsi les données des utilisateurs, leurs données personnelles, les traces laissées
sur le Web peuvent avoir des répercussions économiques et politiques importantes, au point de
favoriser l’élection d’un tel, de développer le nouveau logiciel d’un autre… « Quand on allume la
lumière, les rats s’enfuient » a d’ailleurs dit Julian Assange. Cette opinion tranchée a rapidement
était appropriée par tous, relayée par les médias et quiconque s’y oppose est traité de manipulateur
et d’ennemi de la vérité. Mais cette élévation de la transparence au rang de principe à atteindre n’est
pas nouvelle. Dès lors que Machiavel formula le concept de raison d’État,
...