Une convention féodale en Catalogne

Une convention féodale en Catalogne

   Cette convention féodale en Catalogne est un document juridique présentant un acte juridique « conclu » entre « le comte Ramon » et le « vicomte Udalard » fixant les droits et les devoirs du seigneur, ici le comte Ramon et du vassal, ici Udalard Bernard.

   Cette convention féodale en Catalogne rédigée par le prêtre Bonfill a été commandé par Udalard comme nous le montre la présence de sa signature à la fin du document. Cet accord a été conclu le 4 des Calendes de février, la 3 éme année du règne du roi Philippe Ier c'est-à-dire le 29 février 1062.

   Ce document se divise en 4 parties : un préambule de la ligne 1 à la ligne 2 présentant les deux individus impliqués dans l'accord, un exposé de la ligne 2 à la ligne 10 présentant l'accord de façon générale, un dispositif de la ligne 11 à la ligne 49 présentant les droits et devoirs du seigneur et du vassal et une clause de fin présentant le remise du fief et les individus présents lors de la rédaction et signature du document.

   Ce document s'inscrit dans un contexte d'émiettement du pouvoir en Europe. Les seigneurs locaux détiennent donc de plus en plus de pouvoir et se relient entre eux grâce au système féodo-vassalique. Dans le comté de Barcelone le système féodo-vassalique est centré sur des liens de parenté et un lignage.

   Quel est le contenu et la nature de l'engagement féodo-vassalique et en quoi celui-ci préserve t-il les droits et des devoirs du seigneur et du vassal ?

   Dans un premier temps nous aborderons -insérer ton titre-. Dans un second temps nous étudierons le premier élément d'un engagement féodo-vassalique : la fidélité. Enfin, dans une dernière partie nous verrons le second élément d'un engagement féodo-vassalique : le fief.

I. La structure des pouvoirs de Catalogue

A. Le comte Ramon (Raymond Bérenger Ier) et le comté de Barcelone.

Le seigneur Ramon possède le titre de « comte » (l.1)  de Barcelone de 1035 à 1076. Il possédait le titre de marquis d'Espagne avant qu'il ne soit soit attribué au comte de Toulouse. Il reste cependant un individu puissant dans la région par la possession du « comté de Barcelone » (l.8), un vaste territoire autour des Pyrénées né de la réunion des comtés de Barcelone et de Gérone (l.9).

Le comté de Barcelone avait été formé par les Francs en 803. La réunion de Barcelone au comté de Gérone se fait en 876 par  Louis le Bègue qui nomme Guifred Comte de Barcelone et de Gérone. Par la suite les comtes de Barcelone profitent d'un affaiblissement du pouvoir Carolingien pour effectuer un regroupement de divers comtés. C'est avec Ramon que le comté de Barcelone a atteint son apogée en étendant son pouvoir.

Le comte Ramon est également « seigneur » (l.1), appellation autrefois réservée au seul roi. Il possède des « alleux et des honneurs », c'est-à-dire des terres qu'il possède pleinement et des droits publics (l.15-16). C’est donc, dans un contexte d'émiettement du pouvoir en Europe,  un prince territorial qui possède lui-même de nombreux vassaux.

B. Udalard Bernard, vassal du comte Ramon.

Le comte Ramon a plusieurs vassaux, dont Udalard, sur lequel ce texte est centré.

Udalard Bernard accepte « d'aider » (l.3) le comte, la comtesse et sa famille comme l'indique l'accord en échange « du vieux château, dit château vicomtal … l’autre château, dit château neuf » (l.4-5). Ces châteaux servant à la défense du comté contre les attaques extérieures.

Udalard possède lui-même des vassaux, « des châtelains » (l.36) qui sont à son service et qui l'aide à administrer le comté que le comte et la comtesse lui ont concédé. Cependant, Udalard « s'engage à recommander au comte et à la comtesse le châtelain qu'il installera » c'est-à-dire qu'il doit demander l'accord préalable de son seigneur pour installer un châtelain et qu'il n'est pas libre pleinement de posséder le château. De plus, le châtelain « jurera lui-même fidélité au comte et à la comtesse » (l.31) et non à Udalard seulement comme cela peut être le cas dans d'autres parties de la France.

C.Les liens familiaux.

Nous remarquons tout au long du texte que la famille est étroitement associée au pouvoir. Aussi le comte et la comtesse son avec chaque fois associés : « le comte et la comtesse » (l.1.2) ce qui montre que la comtesse est directement associée au comte et à l'exercice du pouvoir. Le comte associe également son fils au pouvoir : « cet accord Udalard le respectera de tout temps, envers les dits comte et comtesse ou celui de leur fils qui tiendra Barcelone à leurs morts » (l.29-30).

De plus Udalard et le comte Ramon ont un ancêtre commun : « Ramon Borrell » qui fut comte de Barcelone au IX ème et X éme siècle. Aussi, Udalard hérite du fief auparavant tenu par son père et encore avant par son grand père : « Le comte et la comtesse remettent le vieux château vicomtal à Udalard, lui cèdent en fief la vicomté de Barcelone et le fief dudit château de la même façon que l’aïeul et le bisaïeul dudit Udalard ont tenu ce fief du comte » (l.51-52).

Ainsi le comté de Barcelone et les vicomtés sont donc tenus par un même lignage ce qui créer une dynastie comtale. Les détenteurs du pouvoir en Catalogne pratiquent ainsi l'endogamie, c'est-à-dire le mariage avec des personnes du même milieu, et des alliances entre proches ou lointains cousins.

II- La fidélité.

A-L'’engagement féodal :

L'engagement féodo-vassalique est « un accord » (l.49) juridique consenti entre deux parties, le seigneur, ici le« comte Ramon » (l.1), et un vassal, ici « Udalard Bernard » (l.1).

L'anaphore du verbe « s'engage » montre bien que c'est un accord consenti et qu'Udalard s'engage de son plein gré et de manière libre sans pression du comte Ramon.

L'engagement féodo-vassalique est réciproque c'est-à-dire que chacun donne quelque chose à l'autre partie : le comte Ramon « concède » un fief (l.52) et Udalard « jure fidélité » envers le seigneur (l.22, l.13).

Cet engagement est symbolisé par deux cérémonies, l'hommage, et la recommandation lors de laquelle le vassal « jure fidélité et prête serment » (l.13, l.22), ces deux cérémonies créant des droits et des devoirs pour le seigneur et le vassal dont ce document est une preuve écrite.

B-Les droits et les devoirs du vassal :

1- Les droits du vassal, ici Udalard Bernard.

Les vassaux d'un seigneur possèdent plusieurs droits en échange de leur fidélité.

Comme le montre les citations « En la possession d'Udalard » (l.48), « remettent le vieux château vicomtal à Udalard » (l.51), « lui cèdent en fief » (l.52), Udalard déteint le droit  de posséder, tenir et conserver ce fief.

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