Le jugement de Blaise de Monluc, homme de guerre, sur la paix de 1559
Commentaire de texte : Le jugement de Blaise de Monluc, homme de guerre, sur la paix de 1559. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Anna Liard • 26 Septembre 2020 • Commentaire de texte • 4 199 Mots (17 Pages) • 639 Vues
Les défrichements décrits par Suger (vers 1146)
Le texte étudié est un extrait de Liber de rebus in administratione sua gestis. Cet extrait est tiré d'un mémoire d'administration qui retrace 23 ans de gestion matérielle et administrative par l'abbé de Suger et écrit selon l'historienne Françoise Gasparri à la demande de ses moines vers 1146. L'abbé de Suger est un personnage majeur de la première moitié du XIIème siècle en France. D’ailleurs, Françoise Gasparri qualifie son action de multiforme dans son siècle du fait des différents domaines qu'il a touché. En effet, il devint avant sa mort le premier personnage après le roi. Il est donc intéressant de revenir rapidement sur son parcours. L'origine sociale de Suger donne lieu à certains débats. Ainsi, selon les médiévistes Régine Pernoud et Jacques Heers, il s’agissait un fils de serf. Un serf était une catégorie de travailleurs agricoles non-libres. Ils étaient liés par un contrat avec un seigneur ou un ecclésiastique pour qui il devait cultiver la réserve et en contrepartie il pouvait cultiver sa tenure servile pour nourrir sa famille. Suger selon Pernoud et Heers serait donc de basse condition. A l'inverse, pour Jean Dufour, historien, Suger serait issu d'une famille assez aisée possédant des terres à Chennevières-lès-Louvres, proche de Saint-Denis.Vers neufs ans, il est placé comme oblat (laïc que l'on donne à un monastère) à Saint Denis. Il étudie ensuite pendant dix ans pour devenir moine dans un premier temps. Il poursuit ensuite sa carrière ecclésiastique et devient abbé de l'abbaye de Saint-Denis en 1122. Il entame alors des réformes et une reconstruction de l'abbaye, celle-ci fut alors la première d'Europe à être de style gothique. Ami d'enfance de Louis VII, Suger devient conseiller du roi autour de 1130. Régent de 1147 à 1149 pendant que Louis VII est parti en croisade, il s'éteint en 1151. Il laisse ainsi une trace dans l'Histoire, surtout lorsqu'il commente son œuvre de ministre et d'abbé. En effet, il a notamment théorisé la pyramide féodale, en plaçant le roi tout en haut de la hiérarchie sociale, et a rédigé un récit « biographique » sur la vie de Louis VI, élément déclencheur de la production historiographique de l'abbaye à venir. Ainsi, Suger se pose en véritable bâtisseur, réformateur de la vie monastique, gestionnaire avisé qui s'applique à recouvrer les biens de l'église et qui cherche à rationaliser son exploitation et accroître la productivité des domaines. Enfin, la rédaction du texte prend place dans un contexte particulier qu'est celui du XIIème siècle. En effet, le contexte du XIIème siècle est qualifié de « renouveau culturel ». On se trouve dans une situation de forte croissance rurale, qui est la conséquence de l'amélioration globale des techniques culturelles, de la surexploitation des terres vacantes, et des terres nouvellement mises en culture. Cette amélioration agricole entraîne la mise en action d'un cercle vertueux mêlant croissance démographique, économique, climat favorable et renouveau politique avec notamment les réformes grégoriennes de l’église. En effet, la conquête de nouveaux sols est encouragée par les religieux et les seigneurs qui y voient l'occasion d'accroître l'étendue des terres arables (cultivable), et d'augmenter leurs revenus. Ainsi, dans le contexte des grands défrichements qui s'opèrent au XIIème siècle, Suger tente de valoriser les domaines de Rouvray et Vaucresson qui appartiennent à l'abbaye de Saint-Denis. Cette volonté se traduit par des défrichements ou des drainages comme en témoigne notre extrait. Ainsi, nous allons nous demander : “En quoi ce texte de Suger nous renseigne t-il sur les buts et les apports des défrichements en Île-de-France et sur la situation entre ecclésiastiques et laïcs?”
Nous verrons dans un premier temps la réorganisation de terres présentaient comme infructueuses du fait de leur mauvaise gestion ou du fait qu’elles étaient aux mains des voleurs. Dans une seconde partie, nous aborderons la puissance en devenir de l’Abbaye à travers son intérêt économique certains dans les défrichements. Enfin, dans une dernière partie il sera question d’étudier les rapports fluctuants entre ecclésiastiques et seigneurs laïcs que nous montre ce texte. Il intéressant de préciser que les diverses localités que nous allons aborder dans le document sont localisées dans la Beauce et au sud de Paris. Il est important de préciser que Suger dans notre extrait parle toujours à la première personne du pluriel, désignant par là l'institution de l'abbaye de Saint-Denis dont il est dirigeant.
La réorganisation de terres présentée comme irrécupérable
La reprise en main d’un lieu autrefois désert et dangereux
Au XIème siècle, les défrichements sur les seigneuries des seigneurs laïcs se font plutôt de façon clandestine. En effet, on peut tout d’abord remarquer que ce mouvement, d’abord mené par les paysans seuls, est ici dirigé par l’abbaye qui décide de défricher une certaine quantité de terre. En effet comme nous l’avons évoqué, les paysans doivent faire face à l’augmentation démographique. Les familles sont plus nombreuses. Ainsi, pour palier à ce phénomène les premiers défrichements sont plutôt le fait de l’initiative paysanne. Il est donc à distinguer les défrichements individuels, souvent clandestins, menés par ces paysans aussi pour tenter d’échapper aux charges seigneuriales et qui ont laissé peu de traces écrites, des défrichements collectifs et plus importants, menés sur de grandes surfaces forestières ou marécageuses, dirigées par la puissance aristocratique seigneuriale. Ainsi, en ce qui concerne Vaucresson, la terre que récupère Suger est laissée à l’abandon. En effet, au XII ème siècle les défrichements changent et ce sont les seigneurs et ecclésiastiques qui les prennent en charge. Ainsi dans notre texte Suger veut restaurer l'autorité épiscopal sur des terres laissées aux mains des voleurs. Nous apprenons en effet dès les premières lignes que la terre n’avait jamais été cultivée: “terre inculte” (L2). Suger nous fait aussi part du fait que cette terre était auparavant dangereuse en raison de la “proximité des bois” (L6). En effet les forêts étaient à cette époque infestés de voleurs et de vagabonds : “ Ce lieu, en effet, était comme une caverne de voleurs, car désert sur plus de deux lieues”, “repère de brigands et de vagabonds”(L4/L5). Ces voleurs constituent une véritable peur au Moyen-
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