La folie de Commode par Dion Cassius
Commentaire de texte : La folie de Commode par Dion Cassius. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Alexis Girard • 23 Janvier 2021 • Commentaire de texte • 1 667 Mots (7 Pages) • 866 Vues
Le réalisateur Anthony Mann retranscrit le mythe de l’empereur romain Commode, en 1964. Il signe ainsi l’un des derniers péplums du cinéma, genre si populaire des années 1950. Il faut attendre 2000 et l’arrivée en salle de Gladiator pour revoir le péplum renaître au cinéma, mais aussi la figure si dépréciative de Commode. Dans ces deux œuvres, le souverain est désigné par tous les maux possibles : mégalomanie, illégitimité, sanguinaire, et bien d’autres encore. Cette image de l’empereur n’est pas uniquement contemporaine. En effet, les auteurs de son époque ont livré de nombreux écrits de mêmes augures.
Cet extrait est issu d’un texte tiré du soixante-douzième volume de l’ouvrage Histoire romaine rédigé par Dion Cassius. Dion Cassius, est un homme politique et historien grec, né vers l’an 155 en Bithynie, durant l’époque impériale romaine. Il est membre de l’ordre sénatorial et gravit peu à peu le cursus honorum en exerçant toutes les magistratures jusqu’à parvenir au consulat de l’année 229. Son parcours politique reste secondaire à la vision contemporaine car ce sont ses capacités de raconter l’histoire et plus précisément celle explicitée dans son ouvrage Histoire romaine, qui le place en source primordiale de cette époque. Dion Cassius commence la rédaction de cette œuvre colossale, composée de quatre-vingts volumes, en 229. Il raconte l’histoire de Rome de sa fondation par Romulus en 753 jusqu’au règne d’Alexandre Sévère, en 229 donc.
Les Sévère sont la dynastie à la tête de l’empire romain depuis 193 et la prise de pouvoir du célèbre Septime Sévère. Celui-ci aborde la politique romaine d’une manière décevante selon une bonne partie des sénateurs, dont Dion Cassius lui-même. C’est d’ici que part le jugement de l’historien, qualifiant la politique de Septime Sévère mais aussi de ses successeurs comme d’un échec. L’empereur délier les anciens liens tissés entre le trône et le Sénat mais aussi avec le peuple. Dion Cassius considère donc la période des Sévère comme l’antithèse de celle des Antonins, ayant réussi à mettre en confiance une bonne partie des magistrats et des citoyens. Durant toute la partie consacrée aux Antonins, l’historien fait l’éloge de ces empereurs qualifiés de « bons empereurs ». Au contraire, la dynastie des Sévère est comparé à un « âge de rouille », en opposition avec l’âge d’or les précédents. Au-delà des considérations d’expansion territoriale, Dion Cassius met aussi en avant la politique des Antonins, admirant leurs capacités au respect du mos maiorum, la coutume des ancêtres, et aussi au bon comportement vis-à-vis des institutions romaines. Cependant, l’historien évoque dans son ouvrage un empereur dérogeant quelque peu à la règle bien fondée des Antonins.
En effet, dans le texte étudié ici, Dion Cassius relate son point de vue envers à propos du dernier empereur de cette dynastie, le fils et le successeur de Marc-Aurèle, à savoir Commode. Celui-ci dirigea l’empire de mars 180 à décembre 192. Durant ce règne, le père de Dion Cassius a été à la tête de la province de Silicie pour l’empereur. La mégalomanie de Commode, relayée par ses opposants, vient s’opposer au bon sens modéré de Marc Aurèle. Celui-ci, accompagné de Lucius Verus, avait consacré la majeure partie de son règne à restaurer les relations, quelque peu détériorées durant le règne d’Hadrien, entre l’empereur et les sénateurs. Le règne de Commode est donc vécu comme un véritable affront par les sénateurs qu’ils le trouvent indignent de cette dynastie. L’empereur devient ainsi l’un des plus détestés, aussi bien par le peuple que par les sénateurs. C’est en accord avec tous ces propos que Dion Cassius rédige cet extrait de son Histoire romaine.
Après avoir évoqué dès les premières lignes le rejet explicite des citoyens romains envers l’empereur, l’historien poursuit ses propos en énumérant, durant les deux paragraphes, les nombreux éléments essentiels de la civilisation romaine qu’il renomma en son honneur, ses surnoms victorieux et mythiques qu’il s’attribua et d’autres éléments mégalomaniaques. Dion Cassius explicite ensuite quelques-unes des nouvelles obligations, en s’étonnant de l’incohérence, auxquelles les sénateurs devaient respecter en marque d’infériorité à Commode. L’auteur finit en relatant la honte et la peur dans laquelle vivent les citoyens, en proie à la folie quasi capricieuse de leur souverain.
Ce texte illustre donc, dans un premier temps, la dérive du pouvoir impérial durant le règne de Commode. Ensuite, c’est le mos maiorum « victimisé » qui est décrit du point de vue d’un défenseur des coutumes, érigées pourtant en valeurs fondamentales de la civilisation romaine.
I- La dérive du pouvoir impérial romain causée par Commode
A- Sa mégalomanie démesurée
- « C’est ainsi qu’il recommanda d’appeler Rome elle-même Comodienne, les armées Commodiennes, Commodien le jour où ces décrets avaient été portés » (l.3-4) illustration de sa mégalomanie, il veut que Rome et tout ce qui s’y trouvent et tous ceux qui y habitent soit nommés comme lui.
- Il doit combler son estime de lui : « On lui éleva une statue d’or avec un taureau et une vache, le tout du poids de mille livres » (l.6-7) son égo doit être comblé malgré les prix effarant, mauvaise appréciation des citoyens pour leur argent.
- « invincible » (l.12) et «
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