La cité grecque au Vie siècle, un cadre identitaire ?
Dissertation : La cité grecque au Vie siècle, un cadre identitaire ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar David Pimond • 15 Décembre 2020 • Dissertation • 3 240 Mots (13 Pages) • 474 Vues
DM d'histoire ancienne :
La cité grecque au Vie siècle, un cadre identitaire ?
Aristote affirmait dans Le Politique que « l'homme est un animal politique », il soutenait par l'attribut donné à l'homme, « un animal politique », que le citoyen grec devait pour être considéré comme un homme, participer à la vie politique de la cité. En effet, cette citation sous-tend le fait que la cité est adaptée à l'homme, c'est le meilleur cadre qu'un homme puisse souhaiter pour s'accomplir en tant que citoyen mais aussi pour exprimer sa nature pleinement humaine. La polis permet au citoyen de s'accomplir en tant qu'homme. Elle est cadre qui donne une identité à l'individu, au travers de son statut de citoyen. Or le VIème siècle avant J. C est un tournant décisif dans le cadre identitaire qu'une cité grecque pose. Il y a une nécessité pour la société du VIème siècle de changer ce cadre pour, dans un premier temps, mettre fin à une potentielle stasis (implosion interne de la cité) et dans un second temps pour mettre fin aux régimes tyranniques qui se succèdent. C'est pourquoi, nous pouvons nous demander en quoi le VIème siècle avant J.C est une période où la cité grecque a permis au citoyen d'avoir un nouveau cadre identitaire défini, afin de ne pas voir le retour de la tyrannie. Nous verrons que la cité grecque est généralement très hiérarchisée et que loin de l'image d'égalité sociale telle que nous pouvons l'avoir en tête à cette époque, elle favorise les riches familles propriétaires d'un grand oïkos et ainsi est discriminante. Or, cette identité sociale donnée par la cité a nécessité que des hommes politiques lui offrent un nouveau souffle à cause de deux menaces majeures : la stasis et la tyrannie. Enfin, nous nous demanderons si ce modèle identitaire attaché à des cités grecques peut être exporté ou bien s'il n'est propre qu'à la civilisation grecque.
La polis du monde grec telle que nous l'avons à l'esprit à l'heure actuelle n'est pas du tout l'image du VIème siècle, mais celle donnée par Athènes au Vème lors de son apogée : égalitaire et berceau de la démocratie ne sont pas des qualificatifs qui s'appliquent au siècle antérieur. En effet, la polis du VIème est hiérarchisée et discriminante. Tout d'abord, elle classe les citoyens et les non-citoyens. Par un souci de documentation précise, nous prendrons le cas d'Athènes étant donné que nous savons de source sûre de ce qu'il en était. Le citoyen est un homme naît d'un père athénien et libre (au VIème siècle, mais avec la croissance démographique, il faudra au Vème siècle être né d'un père et d'une mère athénienne). Il est lui-même libre et doit avoir effectué son éphebie (éducation aux armes, à la chasse et à la vie adulte par un pair durant deux années). Par conséquent, les enfants et les femmes sont exclus de la citoyenne, tout comme les métèques et les esclaves. Cette restriction du nombre de citoyens avait pour but de faire en sorte que tous les citoyens se connaissent entre-eux et, ainsi qu'ils développent des liens personnels, car une cité unie est une cité qui prospère. De plus, en période de guerre, l'union conduit à la victoire. La cité définit donc différents statuts en fonction de la naissance, elle est donc au VIème discriminante car aucune évolution n'est possible du moment où l'enfant est né, il est destiné soit à être un citoyen ou bien un non-citoyen. Mais cette discrimination de naissance s'accompagne d'une discrimination d'ordre pécuniaire et de renommée.
Ainsi, la cité grecque du VIème siècle avant J.C est largement gouvernée politiquement par quelques grandes familles aristocratiques. La cité est l'essaim qui regroupe différents oïkoi. Un oïkos est à la fois une maisonnée, c'est-à-dire que cela comprend à la fois la famille telle que nous la concevons au XXIème siècle (les parents ainsi que les enfants) jusqu'aux esclaves. Par ailleurs sur un plan beaucoup plus matériel c'est un ensemble de terres et de biens que la famille possède. On peut rattacher l'oikos au patrimoine d'une famille. Pour être citoyen, il faut avoir un kléros, autrement dit une terre dont la production puisse faire vivre la famille et qu'il y est même un surplus pour les semences à venir et la vente. Or ce patrimoine doit être conservé dans la famille pour que les citoyens puissent avoir assez de terres pour rester citoyen. C'est pourquoi les mariages se font au sein même de la famille entre cousins pour éviter la perte du kléros. Ainsi, lors des assemblées publiques un citoyen n'est pas reconnu par son prénom, mais par son lignage. On y associe un nom de famille qui fait référence à un illustre homme qui a réellement existé ou bien à un ancêtre imaginaire qui crée l'union de toute une famille grâce au lignage familial. Clisthène était ainsi nommé : Clisthène d'Athènes de la famille des Alcméonides. Par conséquent, la cité donne un cadre d'identification qui n'est pas individualiste tel que nous l'avons aujourd'hui, mais qui place le citoyen sous un lignage familial. Or, cela crée une disparité entre les citoyens car seules quelques grandes familles jouissent de la renommée de leurs ancêtres.
Par ailleurs, entre le VIIème et le VIème une nouvelle classe émerge. On nomme ce phénomène la révolution hoplitique, c'est-à-dire l'émergence d'une petite bourgeoisie qui revendique une plus grande considération sur la scène politique. Cette nouvelle bourgeoisie se compose de commerçants et d'artisans. En effet corrélativement au commerce qui se développe ces hommes voient leurs revenus augmenter considérablement. Or, pour combattre à la guerre en tant qu'hoplite, autrement dit en tant que soldat à pied armé d'un équipement hoplitique, il faut être capable de pouvoir financer son équipement ce qui a un coût assez élevé. Mais grâce à l'érection de cette nouvelle bourgeoisie, certains artisans ou commerçants sont en mesure de se fiancer leur panoplie d'hoplite. Or, avant cette révolution, le privilège de faire la guerre ne revenait qu'aux aristocrates, seuls à pouvoir se payer l'équipement hoplitique. Ils perdent donc ce privilège, au profit de la bourgeoisie qui accède aux armes donc, obtient un poids sur la vie politique de la cité plus important qu'auparavant. La révolution hoplitique permet donc un éclatement de l'ancien système de hiérarchisation sociale qui permettait seulement aux aristocrates de faire la guerre, sous prétexte qu'ils étaient de grands propriétaires agraires.
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