CM 1 : Naissance et crise de la cité à l’époque archaïque (IXe – VIe s. av. J-C.) par Richard Bouchon

CM 1 : Naissance et crise de la cité à l’époque archaïque (IXe – VIe s. av. J-C.)

Préambule : les grandes phases de l’histoire grecque

Grèce égéenne -> cœur du monde grec antique surtout tourné vers la mer, espace occupé par les grecs de part et d’autre de la mer Egée (Grèce continentale et façade égéenne de l’Asie mineure)

L’histoire grecque est pluriséculaire, voir même plurimillénaire.

1. Epoque protohistorique

La définition datant du 19e siècle, qui définit que la préhistoire est la période précédant l’invention de l’écriture, qui marque le début de l’histoire, est plus ou moins fausse. La protohistoire qualifie la période durant laquelle l’écriture se développe, dans des sociétés utilisant majoritairement l’oral pour relater l’histoire.

On périodise la protohistoire selon des critères techniques (métallurgie, poterie) :

• Age du Bronze en Egée de 2700 à 1100 -> dates taillées à la hache, ne correspondant pas à évènements précis mais périodes d’évolution

• 2700 à 1900 : âge du Bronze ancien 

Civilisation cycladique, dans l’archipel des Cyclades (-> pas très bien connues, car pas d’écritures, simplement statues)

• 1900 à 1600 : âge du Bronze moyen

Civilisation crétoise ou minoenne -> plus développée du point de vue urbain -> organisée autour de palais (civilisation palatiale) avec agriculture tournée vers société pyramidale (ex : Cnossos) ; système d’écriture syllabique, le « linéaire A », venant probablement d’Asie mineure ; période de la Guerre de Troie correspondrait à l’apogée de cette civilisation

• 1550 à 1100 : âge du Bronze récent

Civilisation mycénienne, population parlant un dialecte proto-grec -> porte le nom de Mycènes, ville d’Agamemnon et point le plus important de cette civilisation palatiale découverte par Heinrich SCHLIEMANN (1822-‐1890, aussi découvert Troie) ;

Possédait un système d’écriture linéaire et syllabique, le « linéaire B » (retrouvé sur des tablettes d’argile utilisées pour la comptabilité des palais qui n’étaient pas faites pour durer mais ont cuit grâce à des incendies) -> décrypté après la SGM par John CHADWICK
Michael VENTRIES grâce aux systèmes de décryptages mathématiques, qui prouvent que c’était proche du grec (environ 80 signes syllabiques (phonogrammes)
+ 120 logogrammes)

• 1200 à 1100 : abandon/destruction des palais mycéniens (suite à troubles en Egypte, Grèce, Anatolie)

Transition vers l’usage du fer (bronze pose problème car c’est un alliage de cuivre et d’étain, qui est très difficile faire fondre et à trouver, sauf dans les îles britanniques, ce qui suppose un commerce difficile)

• Age du Fer à partir de 1100 en Orient et mer Égée et de 800 Europe centrale/occidentale (monde celtique), jusqu’à l’invention de l’écriture

Subdivision à partir des décors sur les vases en céramique

• 1100 à 900 : époque proto-géométrique

Aussi appelée les « âges obscurs » -> documentation archéologique plus rare car plus de système d’écriture, retour à une société orale, moins sédentaire et urbaine et plus dispersée (principaux sites urbains de Grèce abandonnés)

• 900 à 700 : époque géométrique

Apparition des premières représentations vivantes (êtres humains et animaux) géométriques ; vers 800, existence possible d’un poète (aède) nommé Homère

[pic 1]
De gauche à droite, vases protogéométrique et géométriques[pic 2]

1. Epoque historique

A partir du VIIIe siècle, les Grecs récupèrent un système d’écriture.

• Vers 770 à 500 : époque archaïque (en grec, signifie le début, commencement, ce qui est à la tête de)

Caractérisée par un essor démographique (plus de sépultures retrouvées) et une urbanisation -> nouveau modèle politique : la Cité (« polis ») ; développement d’édifices collectifs comme des temples ; « colonisation » sur le pourtour méditerranéen ; diffusion de l’écriture alphabétique -> représentations humaines dans l’art et premiers textes et lois publiés avec écriture

• 500 à 330 : époque classique

Période ayant fournie le plus de documents, apogée d’Athènes et institutions de la démocratie athénienne ; commence avec l’affrontement entre des cités grecques et les Perses et prend fin avec l’avènement (336) ou la mort (323) d’Alexandre le

Grand

• vers 330 à 31 : époque hellénistique

Diffusion de la civilisation grecque dans l’ancien empire perse conquis par

Alexandre, organisation des zones conquises en royaumes (royaumes hellénistiques) -> société hybride (Ptolémée, 1er roi grec en Egypte) entre Grèce, Afghanistan et Egypte ; dès 200 av. env., progressive conquête par Rome du monde hellénistique

• 31 av. J-C. à IVe siècle ap. J-C. : époque impériale romaine

De la défaite du dernier royaume hellénistique (Egypte des Ptolémées, avec Cléopâtre

VII et Antoine) face à Octave, futur Auguste et premier empereur de Rome,  

jusqu’à la christianisation de l’Empire romain

→ découpages arbitraires qui ont tendance à évoluer (souvent études à cheval entre deux périodes)

1. Naissance de la cité : cadre géographique et politique

/!\ « naissance » car cités ne naissent pas de rien

1. Sortir des « âges obscurs »

Début XIIe siècle av. J-C. -> disparition des palais mycéniens

De 1100 à 900 : « dark ages »    

=> démographie en déclin    

=> Civilisation matérielle en net recul : commerce lointain interrompu (avant, commerce avec Chypre, le Levant, l’Egypte…)

=> organisation collective -> disparition des « Etats », système politique de clans (modèle anthropologique des Big Men), sociétés guerrières, économie pastorale, villages

Société est-elle celle des poèmes d’Homère, l’Iliade et l’Odyssée ?

1. Processus de naissance de la cité

1. Naissance d’une nouvelle forme d’Etat

• Dans la mémoire des cités -> processus de synœcisme (SYNOIKISMOS) ou « regroupement des OIKOI »  (familles) -> exemple à Athènes de la fête des SYNOIKIA, qui commence l’année, fondée par le roi légendaire Thésée
• Sources archéologiques -> habitats se regroupent, la cellule familiale n’est plus la seule à avoir de l’importance ; séparation entre les vivants et les morts (nécropoles), développements des sanctuaires des confins (frontières) : temples pour délimiter les territoires, dans lesquels on se rend en procession depuis la ville jusqu’aux frontières -> Athènes au IXe siècle, Argos vers 750
• Emergence d’un groupe de propriétaires fonciers à prétention aristocratique -> entrave aux évolutions des institutions et domination sur une partie de la population
• Nouvelle façon de combattre aux VIIIe-VIIe siècles -> combat hoplitique, qui suppose une solidarité plus grande (système de « phalanges », avec rangées de soldats armés de grands boucliers -> moitié gauche de son corps + moitié droite du corps du voisin protégées)

1. Définition générale de la POLIS (= cité-Etat)

• un groupe humain régi par des institutions communes (cultes, lois) et partageant un imaginaire commun (légendes-mythes) (par ex : les athéniens, les argiens, les delphiens, etc.)

• un territoire : un centre urbain (= asty), accueillant les institutions communes ; une divinité poliade ; un rempart ; un territoire exploité (chôra) ; des confins formant une frontière (eschatiai) ;

• un état souverain ou aspirant à la souveraineté, la liberté et l’autonomie, se manifestant par la monnaie

• un groupe fermé de privilégiés : citoyens (= politai), ceux qui bénéficient de la citoyenneté (politeia)

Exemple d’Athènes (cité hors norme) : un territoire, l’Attique ; une agglomération principale, Athènes (à la fois ville, territoire et cité-Etat) ; plusieurs agglomérations secondaires, le Pyrée, Eleusis ; une centaine de villages

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