Les frontières externes et internes du monde chinois

Sujet : Les frontières externes et internes du monde chinois

I/ L’ouverture des frontières

A/ Ouverture nécessaire : la mondialisation

B/ Ouverture pacifique : les Routes de la soie

II/ Les tensions autour des frontières

A/ Se disputer des frontières : la mer de Chine

B/ Prendre le contrôle de frontières : le Tibet

III/ Les frontières fermées sur l’interieur

A/ La division des groupes sociaux : les fourmilières

B/ L’isolement de la population : internet

Références bibliographiques :

• Définition de la “Grande muraille du Net” (site cairn.info ; revue Hérodote ; 2007)
• Définition des "fourmilières" par Lian Si (site cairn.info ; revue Espaces et sociétés ; 2013)
• Définition des “Nouvelles Routes de la soie” (site universalis.fr)
• Hérodote.  2016. “Mers et océans” (revue de géographie et de géopolitique)
• L’Atlas. “Le Monde diplomatique” (Armand Colin)

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Le Monde diplomatique. “Chine, état critique : Au centre de la mondialisation”

Huawei est l’un des plus gros vendeurs numériques au monde. Mais alors qu’en 2018 il vend plus de smartphones qu'Apple, l’année dernière il n’est qu’à la 5e place du classement mondial. En effet, il est depuis 2019 sur liste noire des autorités aux Etats-Unis. Il est interdit aux sociétés américaines de collaborer avec le groupe chinois, accusé d'espionnage. Depuis plusieurs années, l'Amérique s'est lancée dans une guerre commerciale ouverte avec la Chine, qui ne fait pas mystère de sa volonté de ravir aux Etats-Unis la place de 1e puissance économique mondiale. En 2013, le nouveau président Xi Jinping annonce la création de nouvelles routes de la soie. Son idée est de renforcer les voies terrestres, maritimes et même numériques, qui unissent la Chine au reste du monde. On voit que la Chine s’impose sur la scène internationale et pour cela la notion de frontière est essentielle.

On peut différencier deux Chine. En 1949, le gouvernement de la République de Chine, contrôlé par le Kuomintang, s'installe sur Taïwan après avoir perdu la guerre civile contre les communistes qui, eux, prennent le contrôle du continent. Taiwan et la République Populaire de Chine revendiquent chacune la pleine et légitime souveraineté sur la totalité du territoire chinois. Il y a donc des tensions concernant la frontière entre les deux gouvernements. Mais on ne différencie généralement pas les deux lorsque l’on parle de “la Chine”.

La frontière est la limite du champ de compétence d'un pouvoir et, depuis l'invention de l'Etat-nation, celle-ci coïncide le plus souvent avec celle de l'extension de sa souveraineté. On appelle État-nation un État, c'est-à-dire une organisation politique d’un niveau supérieur basé sur un territoire défini et délimité, qui coïncide avec une nation définie en fonction d'une identité commune de la population qui lui confère sa légitimité. La frontière est donc le périmètre de l’exercice de cette souveraineté. De plus, elle peut être symbolique. On lui associe des images qui peuvent même être contradictoires, de mur protecteur et de limite restrictive, selon les lieux ou les situations. C’est effectivement le cas pour les frontières chinoises. Dans le cadre de la mondialisation par exemple, on observe un phénomène d'ouverture des économies nationales sur un marché mondial, de multiplication des flux de biens, de personnes, de capitaux et d’informations, qui entraîne une interdépendance croissante des pays, la Chine doit ouvrir ses frontières pour échanger avec les autres et ainsi se développer. Mais en même temps, pour préserver son marché intérieur de 1,4 milliard d'habitants des appétits étrangers, la frontière doit être une barrière tarifaire et surtout réglementaire. Exemple dans le numérique : « les autorités chinoises ont fermé la porte aux géants américains du digital, à part Apple, en leur imposant des règles. Il fallait pouvoir ouvrir les contenus de tous les échanges, de tous les e-mails. Google a refusé de se plier aux injonctions du gouvernement chinois et a été interdit. » Ainsi, le pays s’ouvre à une échelle internationale mais se ferme à une échelle nationale.

Le projet d’expansion de la Chine passe nécessairement par une ouverture des frontières afin de s’implanter sur la scène internationale (I). Mais les frontières sont souvent des objets de convoitise, et la Chine est un pays enclavé : elle a beaucoup de voisins. La frontière comme source de tensions apparaît indissociable de cette expansion, (II). Pour maximiser son développement, la Chine met en place des frontières intérieures. Ainsi, elle est une unité fermée sur l'intérieur mais ouverte sur l'extérieur, (III).

La mondialisation pousse la Chine à interagir avec l'extérieur. La frontière chinoise est la plus longue du monde, elle fait plus de 22 000 km. C’est littéralement une enveloppe frontalière : la Chine coexiste avec 14 voisins terrestres, elle est complètement enclavée. Mais cela signifie aussi qu’elle est un État-nation, les frontières culturelles se confondent aux frontières politiques, elles protègent un pays qui se veut uni. Cette enveloppe frontalière ne coupe pas complètement la Chine du reste du monde.

C'est bien la Chine en tant que pays qui échange avec les autres nations. La carte “Chine, état critique : Au centre de la mondialisation” illustre le phénomène de la mondialisation, cette machine économique et financière qui donne à la Chine une influence mondiale inédite. En effet, si ses échanges commerciaux se font majoritairement avec les pays asiatiques, les excédents se réalisent principalement avec les pays riches comme l’Europe et l’Amérique du Nord. On parle d'excédent commercial lorsqu'au niveau du solde de la balance commerciale les exportations sont supérieures aux importations. En Afrique, la Chine capte les matières premières tout en investissant dans les infrastructures comme les routes et les écoles. Mais Pékin veut aussi forger son aura culturelle et multiplie les Instituts Confucius qui sont des établissements culturels publics à but non lucratif, implantés depuis 2004 par la République populaire de Chine dans plusieurs villes du monde. Il faut aller au-delà des frontières, qui sont utilisées pour l’’échange : la Chine est la première puissance exportatrice, dépassant les États-Unis et l’Union Européenne. Son excédent est passé de 177 milliards en 2006 à 421 milliards en 2017. Cet excédent reflète avant tout l’expansion commerciale globale de la Chine, puisqu’il la met en premier rang des pays excédentaires, avant l’Allemagne et la Russie.

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